Le sommeil du bébé entre 0 et 3 mois

sommeil bébé

 

Rosa Jové est pédopsychiatre et propose dans son livre des informations scientifiques et rigoureuses au sujet du sommeil des bébés. Ce livre vise surtout à faire comprendre que la plupart des “problèmes” de sommeil des bébés sont dûs à l’organisation de notre société actuelle qui nous empêche de concilier la nature du sommeil des petits, nos conventions/normes sociales et nos obligations professionnelles d’adultes.

Ainsi, Rosa Jové s’applique à démontrer que les bébés n’ont pas besoin de méthodes pour apprendre à dormir et que le fait de laisser un bébé pleurer pour lui apprendre à dormir est non seulement inutile mais aussi nocif.

Ce livre est donc plus informatif que pratique mais permet de comprendre les mécanismes du sommeil des enfants et de savoir à quel moment s’inquiéter d’un éventuel problème et ce que nous pouvons faire avec bienveillance.

Le sommeil satisfait ou accompagne la plupart des besoins que nous éprouverons à chaque moment de notre nouvelle vie. Et logiquement, au fur et à mesure de l’évolution de nos besoins, le sommeil évolue lui aussi. – Rosa  Jové

La pédopsychiatre explique que le sommeil s’aligne sur nos besoins à chaque instant de notre vie et essayer de modifier cet état de fait peut avoir des effets délétères.

enfant dormir sans larme

Quels sont alors les besoins de sommeil des bébés entre 0 et 3 mois ?

Les nouveaux nés ont besoin de s’alimenter fréquemment pour éviter les hypoglycémies mais aussi pour se développer. Dans ces conditions, les enfants ne peuvent pas dormir en continu. Des petites siestes leur conviennent mieux, réparties sur les 24 heures de la journée et entrecoupées de réveils fréquents pour manger.

Rosa Jové partant du principe que le sommeil et les besoins de l’enfant vont de pair, elle détaille les besoins de cette tranche d’âge des bébés :

Une alimentation fréquente

Il est important pour le bébé de s’alimenter fréquemment afin d’assurer sa croissance et d’éviter les baisses de sucres dans le sang (hypoglycémies).

Les prises alimentaires fréquentes contribuent également à favoriser la production de lait chez sa mère, sans compter que l’estomac du bébé est petit.

L’attention toujours en éveil de la personne qui s’occupe de lui

Nous continuons de faire comme nos ancêtres pour survivre : nous essayons de nous assurer la protection de ceux qui s’occupent de nous tant que nous n’avons pas atteint notre maturité.

Les humains appartiennent en effet à une espèce altricielle : quand nous naissons, nous ne pouvons pas nous débrouiller tous seuls; nous avons besoin des soins de quelqu’un. Il est donc essentiel pour le bébé, dès sa naissance, d’inventer des moyens et des mécanismes pour garder ses géniteurs à proximité… et l’un de ces moyens est d’entrecouper les périodes de sommeil avec de brefs moments de veille.

Sachant qu’un bébé peut se réveiller souvent, on ne le laissera jamais seul très longtemps.

La possibilité de développer son esprit, de comprendre et d’apprendre

L’humain naît avec un cerveau immature et, en parallèle, un appétit pour comprendre et apprendre qui va justement permettre au cerveau de maturer. Le cerveau immature du bébé a besoin de stimuli venant de l’extérieur pour se développer.

Comment le bébé pourrait-il recevoir ces stimuli s’il passe la plus grande partie de son temps à dormir ? Comment le cerveau pourrait-il consolider ces apprentissages s’il passe la plus grande partie de son temps éveillé ? On le comprend : le sommeil et la veille sont les deux faces d’une même pièce.

Le bébé met à profit les moments où il est éveillé mais aussi les moments où il dort (en particulier le sommeil en phase paradoxale pendant laquelle le cerveau est au maximum de son activité).

Le bébé se réveille pour être stimulé, pour faire connaissance avec son environnement (ce qui contribue à développer son esprit) mais, comme il se fatigue vite, il se rendort… pour se réveiller à nouveau dès qu’il est reposé.

La possibilité de mûrir

A la différence d’un poulain qui vient au monde déjà formé et prêt à trotter près de sa mère, le bébé humain naît immature et a besoin des soins d’autrui pour survivre, croître physiquement et mentalement.

La nature du sommeil des nourrissons correspond à la meilleure manière de satisfaire les besoins de croissance des petits d’hommes.

Une bonne pratique de la succion

Rosa Jové écrit qu’un bébé a besoin de sucer plusieurs heures par jour parce que, avec les pleurs, c’est l’un des seuls moyens dont il dispose pour s’exprimer et se consoler.

La succion est aussi une manière de découvrir le monde : c’est par la bouche que les enfants découvrent des sensations, des matières, des goûts…

La nature du sommeil des bébés de 0 à 3 mois

Deux phases qui s’alternent

Le sommeil des bébés entre 0 et 3 mois ne comporte que deux phases d’une durée de cinquante à soixante minutes : sommeil actif et sommeil lent.

Cette dimension biphasique explique que le bébé se réveille fréquemment.

Sans différence entre le jour et la nuit

Rosa Jové qualifie le sommeil des bébés de “ultradien” : les besoins doivent en effet être satisfaits la nuit au même titre que la journée.

Se répartit en plusieurs séquences

Le sommeil des bébés de 0 à 3 mois de répartit en plusieurs moments tout au long de la journée (à la différence de l’adulte dont le sommeil est généralement monoséquentiel : la nuit).

Pourcentage de sommeil paradoxal plus élevé que chez l’adulte

Le sommeil paradoxal aide à réorganiser le cerveau (la mémoire et les processus d’apprentissage). Comme le sommeil des bébés peut débuter directement en phase paradoxale, les cycles courts de sommeil permettent d’atteindre les objectifs de maturation du cerveau efficacement.

Je sais combien il est fatigant pour les parents de s’occuper d’un jeune enfant pendant la nuit, mais s’ils comprennent combien ce type de sommeil est important pour lui, ils le feront d’autant plus volontiers.

Il y aura toujours des professionnels pour tenter (souvent en vain car notre bagage génétique est le plus fort) de faire dormir l’enfant plus longtemps, en lui offrant une alimentation plus riche, ou en fixant des horaires rigoureux à ses repas.Tout ce qu’ils risquent d’obtenir, en fin de compte, c’est la fin de la lactation et, dans certains cas, des troubles intestinaux, toutes choses peu souhaitables pour un nouveau-né. – Rosa Jové

Le sommeil des bébés après 3 mois

Sauf en cas de troubles du sommeil, de traumatisme ou de reflux gastriques, les réactions varient uniquement en fonction du degré de maturité de l’enfant.

Vers l’âge de 4 mois, le sommeil des bébés évolue vers le modèle du sommeil des adultes :

  • le bébé commence à dormir davantage la nuit que le jour,
  • il lui faut passer par une étape de sommeil non paradoxal lors de l’endormissement (avant 4 mois, un bébé ne se réveille pas au moindre bruit quand il vient de s’endormir car il est directement en sommeil paradoxal; après 4 mois, il est fréquent que le moindre changement autour de lui le réveille juste après qu’il se soit assoupi)
  • le bébé se réveille brièvement entre la phase de sommeil profonde calme et le nouveau cycle de sommeil (un cycle durant entre une heure et une heure et demie).

Entre 7 et 10 mois, toutes les phases du sommeil sont en place mais leur périodicité et leur durée diffèrent encore de celles des adultes.

C’est seulement vers l’âge de 5 ou 6 ans que les enfants accèdent à un sommeil proche de celui de l’adulte, à savoir une seule période, nocturne, sans sieste et d’une durée de huit à dix heures environ.

Les enfants comme les adultes connaissent des réveils nocturnes, le seule différence étant que ces derniers maîtrisent la technique du retour au sommeil. Nos enfants ne savent pas encore comment se rendormir seuls, mais ils y parviendront un jour. – Rosa Jové

Les bénéfices d’une approche informatives sur les besoins et la nature du sommeil des enfants

Cette approche informative sur les besoins et la nature du sommeil des bébés permet de comprendre qu’un bébé ne fera jamais rien pour embêter volontairement ses parents (un bébé qui pleure dans son lit ne fait pas un caprice). Aucun enfant ne se réveille ou ne dort pas à l’horaire voulu pour le plaisir : le sommeil obéit à des lois biologiques et évolutives.

Tous les humains sont programmés pour se réveiller environ neuf fois par nuit (entre chaque cycle de sommeil). La seule différence entre les enfants et les adultes est que ces derniers ont appris à maîtriser la technique pour se rendormir… les premiers pas encore. Etre correctement informés sur le sommeil des enfants et ses caractéristiques évitent des malentendus.

Par ailleurs, notre société peine à offrir aux parents un rythme de travail qui leur permette de concilier vie familiale, sociale et professionnelle. C’est cette organisation, conjuguée à une désinformation sur les “mauvaises habitudes” que prendraient des bébés dont la dépendance semble faire peur aux adultes, qui pousse nombre de parents à se tourner vers des méthodes de dressage du sommeil (le fameux 5-10-15 de Ferber) ou à laisser pleurer les bébés.

Les troubles du sommeil existent bel et bien mais, avant de s’alarmer, il est bon de disposer d’une information fiable sur ce qui est normal à cet âge.

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Source : Dormir sans larmes : les découvertes de la science du sommeil de 0 à 6 ans du Dr Rosa Jové (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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