Le terrible two (ou crise des deux ans) expliqué
La phase dite du “terrible two” correspond à la crise des deux ans et est caractérisée par une forte opposition. Jesper Juul, thérapeute familial danois, remarque que cette phase dite d’opposition des jeunes enfants autour de 2 ans devrait en réalité être qualifiée d’âge de l’autonomie.
La crise des deux ans à la lumière du processus de développement de l’enfant
L’expression terrible two est passée dans le langage courant pour décrire l’étape de développement où un enfant commence à comprendre qu’il ne peut pas nécessairement obtenir satisfaction alors même que ses compétences motrices se développent. Avant cet âge, le besoin de lien de l’enfant couplé à son manque d’autonomie faisaient en sorte que l’enfant était plus docile. Quand ses compétences motrices et langagière se développent, un enfant a moins envie de subir les situations et son envie d’expérimentation s’élargit. Toutefois, la réalité contrarie la satisfaction des besoins et envies des enfants. Les règles de sécurité et la réalité de la vie en collectivité (famille, garderie notamment) imposent des limites que le jeune enfant accepte avec moins de facilité.
Bien sûr, il veut encore le lien rassurant, mais il veut avec la même passion faire à sa tête. Il veut développer son autonomie. Il découvre donc que ces deux besoins peuvent, parfois, s’opposer et créer une forme de double contrainte relationnelle. Parfois, la tension intérieure entre ces deux besoins fait tellement « mal » sur le plan psychocorporel qu’il se met en situation de crise : il se jette à terre et trépigne pour avoir ce qu’il veut. – Joël Monzée
Un cerveau encore immature
L’inhibition, l’attention et la planification sont en cours de maturation dans le cerveau jusque vers l’âge de 7 ans. Tous les parents ont été confrontés à un moment ou un autre à un enfant en proie à de véritables crises émotionnelles qui l’ont amené à hurler, à se rouler par terre, à jeter ses jouets, à taper, griffer ou encore à mordre. Cela s’explique par le fait que les jeunes enfants subissent leurs émotions sans filtre. Il leur est impossible de s’apaiser seuls ou de prendre du recul sur ce qu’ils sont en train de vivre. La capacité d’inhibition des jeunes enfants est également en cours de maturation et leur impulsivité est normale. Ils éprouvent des difficultés à ne pas dire tout haut ce qu’ils pensent et à maintenir leur attention sur des tâches qui durent.
Comprendre les étapes du développement des enfants aide à cheminer vers des relations plus apaisées, sans être pour autant un remède anti-crise car les crises des enfants de 2 ans sont une manifestation d’une étape de développement par laquelle passent tous les enfants.
Le terrible two correspond à l’âge de l’autonomie.
Cela n’est pas aidant d’étiqueter le comportement de l’enfant de “terrible”. Les adultes ont tendance à considérer la période des 2 ans comme éprouvante en raison d’une mécompréhension de mécanismes biologiques derrière les débordements émotionnels des enfants.
Deux années durant, ils ont dû se tenir en permanence à la disposition de leur enfant, s’occuper de tout, et voilà que celui-ci voudrait se charger lui-même de certaines de ces tâches et soulager ses parents. Ces derniers devraient donc se réjouir de ce présent et remercier l’enfant en lui donnant la possibilité d’expérimenter son autonomie – tout en lui faisant naturellement savoir qu’il pourra toujours s’adresser à eux s’il a besoin d’aide. – Jesper Juul
Jesper Juul prend l’exemple de l’opposition au sujet des vêtements : pour lui, il est inutile de passer des contrats avec les enfants ou de leur promettre des récompenses pour qu’ils s’habillent sans conflit. Les parents pourraient par exemple annoncer aux enfants qu’ils ne veulent plus de ces luttes matinales et que l’enfant peut décider lui-même de ce qu’il veut porter. Juul regrette que certains parents estiment les jeunes enfants incapables de s’habiller en fonction de la météo ou de manière coordonnée. Certains parent ont peur que l’enfant tombe malade ou bien qu’il soit habillé comme un “clown”. Non seulement il est tout à fait possible d’informer l’enfant qu’une robe d’été en hiver n’est pas une bonne idée (sans en faire une lutte de pouvoir) mais il est tout à fait possible de glisser un caleçon et un gilet dans le sac ou le cartable. L’enfant pourra toujours s’habiller plus chaudement au cours de la journée quand il en éprouvera le besoin (sans qu’un adulte lui fasse la morale ou l’humilie en lui disant “Je te l’avais bien dit”). L’enfant apprendra qu’en effet, une robe d’été en hiver n’est pas la tenue la plus adaptée en hiver. Par ailleurs, il est également possible de faire un tri été/ hiver et de ne laisser dans le placard que les vêtements de saison.
>>> Télécharger l’affiche sur le terrible two au format PDF pour l’imprimer.