Le mouvement de l’enfant et son rôle dans l’éducation selon Maria Montessori
Le développement de l’intelligence par le mouvement
Dans son livre “Education pour un monde nouveau”, Maria Montessori écrit que le mouvement est la dernière chose qui complète le mouvement de la pensée et c’est par l’action que l’esprit arrive à s’élever.
C’est une grande erreur que de séparer complètement la vie physique de la vie mentale; aussi les jeux doivent-ils être inclus dans le curriculum de façon que l’enfant développe son corps en même temps que son esprit.
Le mouvement devrait être au service de la vie toute entière, et pas seulement réservé à l’exercice physique pour être en “bonne santé”. Cela reviendrait à séparer ce que la nature a uni. Le mouvement a donc une place essentielle dans l’éducation des enfants, mais aussi tout au long de la vie.
Il est essentiel que pour notre nouvelle éducation le développement mental soit relié au mouvement et en dépende. Sans le mouvement, il n’y a ni progrès, ni santé mentale.
L’intelligence se développe par le mouvement. Maria Montessori écrit que la nature nous a dotés de muscles pour faire toutes sortes de mouvement mais que la coordination de nos muscles doit être créée et perfectionnée par la vie psychique, par la volonté.
Un lien entre la pensée Montessori et le concept de motricité libre
En ce sens, le concept de motricité libre est proche de la pensée de Maria Montessori. Voici quelques uns des intérêts de la motricité libre :
- chaque bébé apprend à son rythme,
- il apprend qu’il est capable de trouver seul une solution à ses problèmes de déplacement,
- il construit ses compétences sans brûler d’étape.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de vouloir asseoir un bébé sur une chaise haute s’il ne tient pas la position assise seul et il est souhaitable de réduire autant que possible le temps passé dans les transats ou cosy. Il n’est pas non plus recommandé de maintenir un bébé dans une position qu’il ne maintient pas seul (en le calant par des coussins par exemple) car, s’il tombe, il ne saura pas se relever seul. De même, il est inutile de tenir un enfant qui ne sait pas encore marcher par la main. Maria Montessori écrit : “nous ne devons pas aider l’enfant à marcher”. Ce serait un obstacle sur le chemin de son développement optimal et naturel.
En motricité libre, l’environnement le plus adapté aux compétences de l’enfant est un grand tapis (sans barreau). Un tapis à même le sol, un miroir et quelques jouets dispersés autour de bébé à attraper constituent les meilleurs atouts pour son développement moteur :-).
Les stades de développement moteur selon Maria Montessori
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La préhension
Maria Montessori écrit :
Aussitôt que la main saisit quelque chose, il y a appel de la conscience vers la main et la préhension se développe; ce qui était instinctif au départ devient un mouvement conscient.
A 6 mois, le mouvement est déjà intentionnel.
A 10 mois, la préhension est accompagnée du désir. Autour de cet âge, l’enfant commence à exercer sa main en changeant les objets de place autour de lui, en ouvrant et fermant les portes, en tirant les tiroirs, en mettant des bouchons aux bouteilles… Grâce à ces exercices, il acquiert de l’habileté.
L’étude du développement psychique de l’enfant devrait être intimement liée à l’étude du développement de sa main. Il est certain que l’intelligence de l’enfant atteindra un niveau de développement sans le concours de la main, mais, avec ce concours, elle atteindra un plus haut niveau encore et l’enfant qui s’est servi de ses mains a toujours une personnalité plus forte. – Maria Montessori
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La coordination pieds/ mains
Dès 18 mois, l’enfant a acquis beaucoup de force dans ses mains et ses pieds.
Son besoin irrésistible quand il fait quelque chose est de faire l’effort maximum.
L’enfant aime marcher en portant des objets lourds et grands car sa main doit s’exercer à porter un poids. Un enfant de cet âge cherchera à marcher lentement avec un grand pot d’eau par exemple ou à porter des objets beaucoup trop lourds pour lui sans aucune raison apparente.
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La gravité
Maintenant qu’il sait bien marcher, l’enfant veut défier les lois de la gravité : il faut qu’il grimpe en s’accrochant à quelque chose pour le hisser.
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L’imitation
L’enfant est dorénavant libre de ses mouvements : il aimera alors faire ce que font les adultes autour de lui (monter et descendre les escaliers, transporter des serviettes de la buanderie eu salon…) A ce stade, l’enfant a besoin de :
– marcher
A l’âge de 2 ans, l’enfant est un grand marcheur : il marche moins vite que les adultes mais il veut marcher. J’aime cette tournure de Maria Montessori : “l’enfant se promène autant avec ses yeux qu’avec ses pieds et ce sont les choses intéressantes de la promenade qui le poussent à aller loin.” Pour elle, l’éducation doit porter sa réflexion sur l’enfant qui marche comme un explorateur. L’attitude la plus aidante est de laisser les enfants se promener guidés par ce qui les attire en les initiant aux couleurs et aux formes des feuilles, aux habitudes des insectes, des animaux et des oiseaux.
L’enfant a ses propres lois de croissance et si nous voulons l’aider à grandir, nous devons le suivre au lieu de nous imposer à lui.
– s’entrainer pour exercer son habileté
Il faut que l’enfant mène son activité jusqu’au bout. L’enfant a un besoin vital d’achèvement de l’action.
Les adultes ne devraient donc pas intervenir pour arrêter une activité enfantine, aussi absurde soit-elle, tant qu’elle ne met pas trop en danger la vie ou les membres ! – Maria Montessori
Et à l’école : quelle place pour le mouvement selon Montessori ?
Pour Maria Montessori, pas d’enfance sans mouvement. Il serait utopique de croire que les enfants peuvent rester des heures sans bouger, sans exercer leurs capacités motrices : c’est guidé par la nature qu’ils utilisent leurs muscles, leurs mains, leurs pieds pour explorer le monde. Les enfants ne peuvent pas grandir dans l’immobilité et il n’est pas nécessaire de se tenir dans une position spéciale pour profiter de l’éducation ou pour apprendre.
Maria Montessori fonde ses écoles sur la liberté de se mouvoir.
La discipline doit, elle aussi, être active. N’est pas discipliné un individu rendu artificiellement silencieux et immobile comme un paralytique. C’est un individu anéanti, non discipliné. Nous appelons discipliné un individu qui est maître de lui et qui peut par conséquent disposer de lui-même ou suivre une règle de vie.
La liberté de l’enfant aura comme limite l’intérêt collectif ou sa propre sécurité.
Pour Maria Montessori, la plus grande punition d’un enfant est son découragement : quand il s’apprête à affronter un obstacle seul grâce à sa propre volonté et ses propres forces, à se sentir victorieux et qu’il reçoit une aide ou une entrave inappropriée, inutile.
Cette conception implique de la part des adultes la création d’une ambiance adaptée où l’enfant puisse se dépenser en vue d’une série de buts qui ont du sens, de l’intérêt pour lui, canalisant son irréfrénable activité vers le perfectionnement de ses gestes. C’est sur ce principe que sont fondées les écoles Montessori.
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Je me suis inspirée de 2 ouvrages de Maria Montessori pour écrire cet article.
Education pour un monde nouveau (éditions Desclée de Brouwer)
Pédagogie scientifique – tome 1 (éditions Desclée de Brouwer)