3 exercices pour apprendre le goût de la solidarité au sein d’un groupe
Comme exprimé dans la vidéo Mieux armer les enfants contre le harcèlement scolaire d’Emmanuelle Piquet, la vulnérabilité et la passivité de l’enfant agressé entretiennent et même parfois amplifient le phénomène de harcèlement scolaire. Les adultes ont alors un rôle important à jouer : non pas forcément celui d’intervenant pour gérer le conflit mais surtout celui d’insuffler l’énergie de résister. L’enfant agressé a besoin de soutien et de reconnaissance, mais aussi de prendre conscience qu’il a un rôle à jouer dans la résolution du conflit.
Dans le livre Sanctionner sans punir, Elisabeth Maheu propose 5 exercices pour apprendre le goût de la solidarité au sein d’un groupe. Je vous en livre 3 dans cet article :
1. L’exclu
Objectif : prendre conscience de ce que ressent une personne victime de moquerie et d’isolement
Pour qui ? Plutôt un groupe d’adolescents (à encadrer par un adulte qui pourra mettre fin à l’exercice si le respect de chacun n’est plus assuré)
Déroulement : les participant sont répartis en groupe de 4 à 5 personnes. On leur propose un thème de travail précis à effectuer en groupe. Un membre de chaque groupe est ensuite invitée à sortir. Pendant leur absence, les membres du groupe restant reçoivent les consignes suivantes :
- adresser la parole une seule fois au maximum au membre revenu
- finir par l’ignorer complètement
- ne plus le regarder
- ne plus lui parler
- ne plus écouter ce qu’il dit
L’expérience est suivie d’un échange verbal autour du ressenti des uns et des autres (membre ignoré et oppresseurs ) : comment cela s’est-il passé pour les exclus ? et pour les autres ? qu’ont-ils ressenti ? que peuvent-ils en déduire ?
2. C’est le premier pas qui coûte
Objectif : mettre à jour et briser le mécanisme d’imitation du groupe harceleur
Comment ? Par le réveil de la créativité
Déroulement : 10 à 15 personnes forment un cercle et marchent au pas. Elles tapent dans leurs mains pour scander le rythme à deux temps de cette marche.
Une autre personne toute seule doit trouver un ou des moyens non violents de briser la cohésion du groupe. On peut imaginer qu’elle essaie de changer le rythme (courir au lieu de marcher, tourner à contre sens, taper dans les mains à contre courant ou plus fort…) ou qu’elle déconcentre les autres (en faisant des grimaces, les faisant rire, leur parlant…).
Le jeu prend fin quand le “perturbateur” a réussi à casser la cohésion du groupe.
3. Hyde Park Corner
Objectif : dépasser la peur de se sentir isolé par-rapport au groupe en adoptant une position différente du groupe
Pourquoi ? Quand un membre se désolidarise du groupe (pour dénoncer un acte intolérable par exemple), il prend le risque de passer pour une “balance” et de devenir une victime à son tour. Ces peurs sont des obstacles puissants pour dénoncer des phénomènes de harcèlement ou de racket (et pas seulement chez les enfants !).
Déroulement : un tabouret se trouve au milieu d’un cercle de personnes. Chaque membre de ce cercle est invité à monter sur le tabouret à tour de rôle pour raconter quelque chose de personnel (comme la plus grande peur ou la plus grande joie de sa vie).
Après sa prise de parole, la personne rejoint le cercle et est invitée à raconter ce qu’elle a ressenti :
- en se déplaçant vers le tabouret
- en parlant sur le tabouret
- en rejoignant le cercle.
Les participants vont alors réaliser qu’il est possible de bouger de sa position malgré la peur.