La peur : une émotion normale chez les jeunes enfants (et qui a le droit d’exister)

Les peurs font partie du développement de l’enfant et tous les enfants vivent des peurs à un moment donné de leur vie. Une approche empathique est utile pour accompagner les peurs des enfants. Les phrases du type “C’est pas grave”, “C’est pour tout le monde pareil”, “Mais ça va bientôt s’arrêter” ou encore “Il n’y a pas de raison d’avoir peur” sont des réponses obstacles.

Accueillir les émotions, c’est commencer par dire OUI à soi et à l’enfant : OUI, c’est vrai que cela peut faire peur. Refléter les émotions de l’enfant peut passer par des phrases du type :

• Je vois que ça te fait peur…
• Tu y penses souvent, c’est ça ?
• C’est vrai que cela peut faire peur de ne pas savoir combien de temps cela va durer.
• C’est normal d’avoir peur dans cette situation. La peur est nécessaire face au danger. C’est la peur qui nous pousse à nous protéger, par exemple à bien penser à nous laver les mains ou à bien rester à l’intérieur.

Dans ce cas-là, l’enfant se sent pleinement compris, entendu et vit une vraie détente dans son coeur comme dans son corps.

Une fois que l’émotion de peur a été accueillie, entendue, reflétée, écoutée, respectée, alors des idées peuvent être mobilisées pour la surmonter (sans forcer ni brusquer les enfants). En voici 4 exemples pour les jeunes enfants (3/6ans).

4 pistes pour accompagner avec bienveillance les peurs des jeunes enfants (3/6 ans)

Inviter l’enfant à mettre sa peur dans un objet

L’enfant peut imaginer mettre sa peur dans un ballon de baudruche. Il y mettra ses sensations corporelles comme la boule au ventre ou les tremblements puis son émotion bien nommé (la peur à quelle intensité de 1 à 10) et enfin ses pensées qui alimentent l’émotion comme “Je vais tomber/ On va se moquer de moi/ Je ne vais pas y arriver”  puis laisser le ballon s’envoler dans les airs (et la peur avec).

Inviter l’enfant à se créer une cabane ou une cachette

Les enfants ont besoin de faire l’expérience d’une contenance physique. Cela peut passer par la construction de cabane, le fait de trouver refuge dans un grand carton, de la mise à disposition d’un coin calme et à l’abri des regards. Les enfants apeurés vont trouver de la sécurité dans cet espace clos, protégé et chaleureux qui n’appartient qu’à eux. Ils pourront y rassembler des choses qui leur font du bien (des doudous, des coussins, des livres…).

Proposer des jeux (libre et d’imitation)

Si on enlève le jeu libre et auto dirigé aux enfants en cette période, on les prive de la possibilité de comprendre que le monde n’est pas si effrayant que ça, de libérer leurs émotions et de guérir leurs blessures émotionnelles. Ces jeux viennent contrer la perte du sens et du contrôle de leur vie. Or le fait de ne pas se sentir maître de sa vie est propice à l’émergence de l’anxiété et de la dépression. Ainsi, c’est à travers le jeu que les enfants apprennent qu’ils sont capables de contrôler leur vie, qu’ils expérimentent ce contrôle.

En parallèle, les jeux d’imitation peuvent aider les enfants à maîtriser ce qui pourrait se passer et qui lui fait peur. Par exemple, il est possible de jouer avec l’enfant à l’école : l’enfant qui a peur des contrôles va jouer l’enseignant et faire passer des contrôles à ses parents et/ou ses doudous.

Expliquer la suite des événements pour anticiper

Les enfants n’ont pas la même notion du temps que les adultes et l’imprévisibilité associé au manque de contrôle peut engendrer de la peur. Mettre des mots sur la situation et le déroulement des événements les aide à mieux anticiper et à avoir moins peur (et coupe court à l’imagination qui peut mener à l’anxiété avec l’élaboration de scénario improbables).

Plus les détails sur la chronologie seront donnés, plus le sens de contrôle augmente pour l’enfant car il a pu s’y préparer et aura eu l’occasion de poser des questions sur les éventuelles zones d’ombre.

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Source : Aider son enfant à dépasser ses peurs de Florence Millot (éditions Hatier). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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