4 situations que le jeu parents/ enfants peut aider à dénouer
Dans son livre Qui veut jouer avec moi ?, Lawrence Cohen propose de jouer, jouer et encore jouer pour mieux communiquer avec nos enfants. Il est naturel que les enfants en manque d’attention fassent des pieds et des mains pour en obtenir. Plutôt que se plaindre d’un enfant qui ferait des bêtises seulement pour attirer l’attention, le jeu est un moyen efficace de leur en accorder.
Parce que le jeu permet à l’enfant de se remettre d’une contrariété en la rejouant, parce que le jeu permet d’exprimer les zones douloureuses de l’enfant (celles où il s’était lui aussi senti stupide, humilié, incapable), parce que le jeu remplit le réservoir d’attachement, les enfants ont besoin que les adultes prennent part à leurs jeux.
Quelles situations le jeu parents/ enfants peut-il aider à dénouer ?
1. Quand les enfants ont du mal à établir des liens avec leurs camarades ou avec les grandes personnes
Les enfants qui sont brutaux avec leurs camarades ou au contraire qui se replient seuls dans leurs coins peuvent être aidés par le jeu.
Pour les enfants qui s’expriment avec agressivité (physique ou verbale), les jeux peuvent impliquer des contacts physiques intenses (comme des batailles de polochons) mais, au moindre signe d’agressivité, le jeu sera interrompu par l’adulte. Cette interruption dure le temps que l’enfant retrouve son calme puis reprennent.
Le Dr Cohen propose aussi de détourner les jeux de guerre. Il a inventé le jeu du “pistolet d’amour” : c’est un pistolet spécial car les personnes touchées par ses tirs sont obligées d’aimer celui qui a tiré et de lui faire des câlins. Cela fonctionne aussi avec les coups de pied d’amour : “Maintenant, il va falloir que je te fasse un câlin !”. Si l’enfant répond que c’était un coup de pied ou un pistolet de méchant, il est possible de lui répondre que l’arme a dû s’enrayer ou qu’un magicien lui a jeté un sort d’amour.
Il a aussi conseillé à une mère dont l’enfant arrachait les têtes de ses personnages en plastique et les lançait en bas de l’escalier d’y jouer avec lui. Selon Lawrence Cohen, “il n’y a qu’une façon de mettre un terme à un jeu violent : s’y livrer, un temps, avec l’enfant, pour lui ouvrir un nouveau champ de possibles, lui permettre d’expérimenter d’autres moyens de gérer ses pulsions agressives.”
Dans le cas d’un enfant qui s’isole, qui refuse de parler à ses parents, Lawrence Cohen propose de communiquer à l’aide de petits papiers glissés sous la porte de chambre.
Quand un enfant exprime son agressivité verbalement (par des gros mots par exemple), cela peut signifier que l’enfant a besoin d’affection, de contact, qu’il ne sait pas comment dire avec d’autres mots à la personne qu’il l’aime ou qu’il ne veut pas laisser partir cette personne. Plutôt que réprimer les gros mots, Lawrence Cohen propose de jouer : si votre enfant vous traite de méchant”, “d’imbécile”, pourquoi ne pas lui répondre “chut ! ne répète à personne mon surnom secret!”. Comme l’enfant répétera à qui veut l’entendre ce fameux surnom, vous pourrez répliquer “Ah ! Tu m’as cru ? En réalité, mon vrai surnom, c’est tête de corn flakes !”. Le Dr Cohen insiste sur le caractère idiot du surnom : l’objectif consiste à soulager la tension liée aux insultes par le rire et de faire basculer un rapport de force émergent en jeu.
2. Quand les enfants semblent incapables de jouer librement ou spontanément
Un enfant qui va bien donne libre cours à sa joie et à sa créativité par le biais du jeu. Le jeu libre est un moyen pour les enfants de s’approprier le monde, de l’investir et de “récupérer”.
Un enfant en manque de confiance en ses capacités, qui se sent incompétent, qui a été humilié (par exemple parce qu’il se retrouve en marge dans la cour de récréation du fait de ses faiblesses en foot) peut retrouver son assurance par le biais du jeu avec un adulte.
Lawrence Cohen écrit que l’enfant qui se retrouve toujours à l’arrière parce qu’il ne rattrape pas la balle aussi bien que les autres a besoin qu’un adulte l’y entraîne. Par le jeu et le rire, l’enfant se libère de la crainte de ne pas être à la hauteur.
Celui qui tape sur les nerfs de ses camarades parce qu’il est mauvais perdant a besoin de temps de jeu orienté sur l’esprit sportif et lui redonnant un sentiment d’appartenance. Le jeu de “gagner et perdre” à l’aide d’une pièce de monnaie peut aider en ce sens : il suffit de lancer la pièce de monnaie en pariant pile ou face. Si l’enfant gagne, le parent est encouragé à jouer la comédie pour basculer dans la tragédie. Si l’enfant perd, le parent est invité à en faire des tonnes, à danser la danse de la victoire. L’important est que les notions de victoire et de défaite soient abordées d’une manière ludique.
3. Lors d’un grand changement dans leur vie
L’entrée en maternelle, des disputes entre parents, l’arrivée d’un nouveau-né, un déménagement peuvent chambouler les enfants.
Le Dr Cohen propose un jeu pour charger les aînés en amour lors de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur qui “accapare” le temps des parents.
Installez les aînés sur vos genoux et annoncez leur que vous allez les remplir d’amour de papa et/ou de maman. Commencez par tapoter les orteils, remontez tous le long du corps et finissez par un bisou sur le sommet de la tête. Vous pourrez même ajouter “l’œuf d’amour.” Faites semblant de casser un oeuf sur la tête de votre(s) enfant(s) puis suivez le mouvement de l’oeuf qui coule avec vos doigts.
En cas de séparation des parents ou d’un déménagement, il peut être utile de rejouer la situation avec des poupées, des Playmobils, des Legos ou tout autre jouet d’imitation. Sans forcer l’enfant à jouer une scène en particulier, vous pouvez à l’occasion d’un jeu introduire ces événements et laisser l’enfant décider de la suite : va-t-il les ignorer ? les amplifier ? Lawrence Cohen cite l’exemple d’une mère et sa fille qui jouaient aux poupées suite à une journée tendue chargée de cris : elles s’amusaient à les coucher et la mère dit dire à l’une d’elles “Lajournée fut rude, il y a eu beaucoup de cris dans cette maison”, la petite fille a enchainé en grondant une de ses poupées : “Méchante, tu as désobéi aujourd’hui, tu dormiras par terre !”. La maman est intervenue en disant :”Tu sais, je crois qu’elle n’a pas fait exprès, elle a sûrement plutôt besoin d’un câlin pour être consolée de sa dure journée.”
4. Quand les enfants sont (ou se mettent) en danger
Des expériences ludiques permettent de stocker et canaliser l’agressivité pour les enfants qui se mettent en danger. Ainsi, A.S. Neill, fondateur de l’école de Summerhill, réveillait, déguisé en bandit, les enfants fugueurs en pleine nuit et leur demandait de l’accompagner dans sa sortie nocturne ! Un peu d’humour permet aux enfants de se pencher sur leurs problèmes et d’avoir de nouvelles idées.
Quand deux enfants se tapent dessus, il est aussi possible de leur dire :”Prenez-vous en plutôt à quelqu’un de votre taille !” et de s’enfuir en feignant théâtralement la panique , orientant la bagarre dans un sens différent.
Des jeux qui donnent de l’assurance et de la confiance en soi permettent à l’enfant de ne pas se laisser marcher sur les pieds, voire harceler. Lors de jeux de bagarre entre enfants et parents au cours desquels les parents opposent une résistance aux enfants pour justement construire la confiance en ses capacités physiques, le Dr Cohen propose d’inciter l’enfant à se recharger dans la pièce qui donne de la force et même de s’enduire d’une lotion qui multiplie la puissance de l’enfant.
Qu’est-ce que propose la parentalité ludique ?
La parentalité ludique propose une voie entre la punition et l’abandon : est-ce que j’oblige l’enfant à me parler ou je tourne les talons et le laisse seul ? Le jeu laisse à l’enfant l’opportunité de renouer le contact à sa manière et aux parents de se brancher sur sa longueur d’onde.
Pour conclure, le jeu et la parentalité ludique permettent :
- de développer le pouvoir de l’enfant sous tous ses aspects sains,
- d’accroître son assurance,
- de consolider la relation parents/ enfants,
- d’inviter au rapprochement,
- d’accepter les émotions fortes,
- de repenser la discipline,
- de dénouer les conflits.
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