Aborder les disputes entre frère et soeurs avec la parentalité ludique : 5 jeux pour les fratries
Lawrence Cohen propose dans son livre « Qui veut jouer avec moi ? » un regard neuf sur la discipline avec la parentalité ludique. La discipline telle que le conçoit la parentalité ludique est une occasion de renforcer les liens entre parents et enfants, au lieu d’élever des murs de plus entre eux.
A mon sens, les parents renoncent à l’humour et au jeu dans les situations critiques, de craintes d’encourager une mauvaise attitude. Je dois rester sévère et glacial pour qu’il comprenne qu’il a mal agi. Mais l’humour ne constitue pas une récompense. Il restaure en revanche l’élément manquant : le lien dont la rupture a justement causé le problème.
Au lieu de punir un enfant, au risque de créer une plus grande rupture encore, il est préférable de réfléchir à un moyen de restaurer l’attachement. – Lawrence Cohen
Voici 5 jeux inspirés par la parentalité ludique qui peuvent aider à diminuer les tensions lors des disputes entre frères et soeurs.
1.En avant la musique !
Ce petit jeu nécessite une boîte avec des petits instruments de musique (tambourin, maracas, flûte…) ou des objets qui font du bruit (faits maison si besoin).
Lorsqu’une dispute commence à couver entre les enfants, il peut être utile de prendre le contre pied : on peut leur dire d’un ton joyeux et malicieux qu’on espère vraiment qu’ils ne vont pas se mettre à faire encore plus de bruit et qu’ils ne vont pas se mettre à jouer de la musique parce qu’on a grand besoin de calme présentement.
L’idée est de s’appuyer sur cette tendance bien connue : les enfants font systématiquement le contraire de ce qu’on leur dit ! Les enfants seront alors tout concentrés à coopérer et à jouer de la musique plutôt qu’à se disputer.
Pour plus de connexion et d’effet, on peut leur reprendre (en mimant l’exaspération) les instruments des mains et les remettre dans la boîte en disant à haute voix : “J’espère vraiment que vous ne les ressortirez pas !”. L’exagération est la clé pour que l’aspect ludique prenne le dessus.
2.Des défis loufoques
On pourra prétendre aux enfants qu’on est champion du monde dans un certain type de challenge (par exemple, le lancer de chaussettes dans la panière de linge sale, le soufflage dans une paille avec les narines pour faire de grosses bulles… l’important est que l’activité soit amusante).
On annoncera donc qu’on est capable de battre facilement et tout seul plusieurs enfants qui se mettent ensemble. Rien de tel pour inciter les enfants à relever le défi qui leur est implicitement lancé !
Les enfants seront alors détournés de leur dispute et amenés à jouer ensemble contre l’adulte. Pour bénéficier des avantages de la parentalité ludique, l’adulte se battra de bonne guerre, sera sur le point de gagner… pour finalement perdre ! L’adulte sur-jouera alors la déception et la surprise face à cet assaut de force et d’intelligence que les enfants ont su déployer.
L’idée est ici à la fois de redonner du pouvoir personnel aux enfants et de les inviter à faire ensemble pour dépasser les conflits.
3. Reporter sans frontière
Quand les enfants se disputent, on peut intervenir à la manière d’un reporter qui vient les interviewer. Cela pourrait ressembler à quelque chose comme : “Mesdames et messieurs, en direct du front, je vois deux enfants en pleine bataille. Je vais leur proposer mon aide.” puis en s’adressant aux enfants :”Bonjour, pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui se passe ? Nos téléspectateurs ont le droit d’être informés.”
Bien sûr, il ne s’agit pas de se moquer des enfants et cette idée est hors sujet quand le conflit entre les enfants a atteint les violences physiques. Mieux vaux “sentir” la température avant de se lancer dans une telle approche.
Une autre variante de cette approche pourrait être de jouer au commentateur sportif : chaque action est commentée à la manière d’un match de foot avec exagération et suspens (“oh, j’y crois pas, il a osé faire ceci; comment va-t-elle réagir ? Personne ne le sait encore, attendons de voir…”).
4.Le tribunal pas pénal
Quand les enfants sont en train de disputer, on peut essayer de se prétendre juge et de convoquer les enfants au tribunal.
Pour rester dans l’esprit de la parentalité ludique, on peut se déguiser avec un chapeau ou une perruque qui rappellerait un juge un peu fou. On interviendra auprès des enfants en s’annonçant comme le juge XX (un nom rigolo à trouver). On convoquera alors le tribunal en grande pompe (par exemple les doudous seront les jurys, les Lego/Playmobil/ poupées le public) et on continuera dans la lancée des actions rigolotes (prendre une paire de chaussettes pour faire le marteau du président, prendre une baguette magique ou un bâton comme stylo…).
Chaque enfant sera invité à plaider sa cause, on prendra des notes en acquiésant (“hum, je vois”). Après cela, on annoncera une sentence farfelue (par exemple, si les enfants se disputent pour avoir un jouet en particulier, on pourra convenir que ce jouet appartient à celui ou celle qui arrive à sauter trois fois sur un pied en se tenant l’oreille droite avec la main gauche en disant correctement “Un bon chasseur est un chasseur sachant chasser sans son chien”).
En général, les enfants auront tellement ri avant la fin du jeu que la tension aura baissé de manière à ce que la raison reprenne le dessus.
5.Parler à une image
Lawrence Cohen propose de s’adresser à une image/un tableau accroché au mur plutôt qu’aux enfants quand ceux-ci se disputent fort.
On pourra alors se plaindre auprès de l’image : “Oh, si seulement tu pouvais te boucher les oreilles et te couvrir les yeux; comme ça, tu ne serais pas obligée de voir ce qui se passe en ce moment même dans le salon. Tu sais quoi, je vais les couvrir pour toi. Mais je crains bien de ne pas pouvoir faire grand chose pour tes oreilles, il y a tellement de vacarme dans cette maison ! C’est vraiment dommage que tu sois juste une photo/ une peinture et que tu ne puisses pas prendre tes jambes à ton cou. Mais moi, je peux ahaha !”
Les enfants seront normalement tellement surpris qu’ils en oublieront leur dispute.. et peut-être se mettront-ils également à parler avec l’image !
Bien sûr, le recours à la parentalité ludique n’est pas toujours possible : le recours au jeu est à ajuster selon notre propre niveau de fatigue et le degré d’agressivité des enfants. En revanche, la parentalité ludique procure des outils efficaces pour communiquer avec les enfants et canaliser l’agressivité. Les quelques idées ci-dessus ne sont que des propositions et d’autres jeux ne demandent qu’à être inventés ou personnalisés !
Le rire est une décharge émotionnelle qui donne autant de résultat sur l’équilibre des êtres humains qu’une bonne crise de larmes. – Catherine Dumonteil Kremer
Le jeu et les rires partagés sont des valeurs sûres pour :
- se connecter et créer du lien
- remplir le réservoir affectif des adultes et des enfants
- rediriger un comportement inapproprié
- relâcher la tension dans la relation
- donner de l’attention
- se détendre
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Pour aller plus loin : Qui veut jouer avec moi ? Jouer pour mieux communiquer avec nos enfants de Lawrence Cohen (Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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