8 choses sexistes que nous devrions arrêter de dire aux garçons
Je vous propose de découvrir 8 choses sexistes qui sont souvent dites aux garçons et qui participent à la perpétuation des stéréotypes de genre et du sexisme. Déconstruire ces remarques sexistes participent à une éducation antisexiste.
1.Tu…. comme une fille (tu cours comme une fille, tu pleures comme une fille, tu boudes comme une fille, tu fais des maths comme une fille, tu joues au foot comme une fille…)
Tenir ce discours sexiste aux garçons suggèrent que les filles sont faibles, mauvaises en sport et en matières scientifiques,sont plus émotionnelles que les garçons et que le pouvoir (physique et mental) est un trait masculin.
La publicité Always « Like a girl » est un bel exemple de lutte contre les stéréotypes de genre. On demande à des adolescents et des adultes ce que cela signifie de courir ou de se battre ou de lancer une balle comme une fille. Ils miment alors des gestes maladroits, des femmes qui remettent leurs cheveux en place quand elles courent. Puis on pose les mêmes questions à des enfants… « Courir comme une fille, c’est courir le plus vite possible ! » nous dit tout simplement une jeune fille de 10 ans.
Quand est-ce que « faire comme une fille » est devenu sujet à moquerie ?
2.Les garçons ne changeront jamais, ils resteront toujours des garçons.
Expliquer les gestes brutaux (bagarres, insultes, voire même simples taquineries envers les filles) par le fait que les garçons sont des garçons et que, par nature, ils ne peuvent pas faire autrement que s’exprimer par des gestes brutaux/ agressifs légitime la violence et enseigne aux garçons qu’ils n’ont rien à craindre à se comporter de manière inappropriée.
Par ailleurs, c’est faire insulte à l’intelligence et à la capacité d’empathie des garçons que de faire preuve de fatalisme quant à l’enseignement de compétences relationnelles et émotionnelles à ces derniers. Les garçons sont tout à fait capables de respecter le corps et les affaires des autres quand on leur en donne les moyens.
Lawrence Cohen, psychologue américain, part du principe que la volonté d’agression de la plupart des garçons violents n’est qu’un piètre substitut au contact qui leur fait défaut. Le sentiment d’impuissance chez les garçons se cacherait souvent sous l’apparence de la force, parce qu’ils estiment tenus de passer pour costauds, forts et virils quoi qu’ils ressentent.
3.Les garçons ne pleurent pas.
Les garçons ont des émotions comme tous les êtres humains et le fait de connaître et exprimer ses émotions est aussi important pour les deux sexes. Cela fait partie des choses sexistes que nous disons aux garçons quand nous leur interdisons de pleurer ou que nous considérons leurs larmes comme un signe de faiblesse.
Les émotions ont un pouvoir guérissant pour surmonter une épreuve et les garçons ont autant à gagner que les filles à cultiver leur intelligence émotionnelle. Pleurer et oser être vulnérable sont des atouts pour une bonne santé mentale.
Quand un adulte punit un enfant qui éprouve des émotions fortes et désagréables et qui les extériorise, cet enfant aura du mal à se remettre de la contrariété qui en est à l’origine, faute d’avoir la possibilité de l’évacuer. Partager la souffrance par du contact physique et pleurer permet d’évacuer la tension émotionnelle. Or ceci est plus souvent refusé aux garçons qu’aux filles.
On se moque des garçons qui pleurent et on s’étonne ensuite qu’ils frappent ou détruisent plutôt que verser une larme. – Lawrence Cohen
4.Le rose, c’est pour les filles.
Les couleurs ne sont pas assignées à un genre. Ce type de remarque chez les enfants (et son corollaire : le bleu, c’est pour les garçons) enracine les prémisses d’une inégalité de traitement entre filles et garçons (en plus de faire les affaires de géants du marketing : le vélo rose de la grande soeur ne peut pas être prêté au petit frère sous prétexte que c’est un vélo de fille… il faut par conséquent racheter un vélo bleu de garçon).
Par ailleurs, ce fait est historiquement incorrect. Jo B. Paoletti, historienne américaine, a montré que les couleurs des vêtements n’ont commencé à devenir l’attribut d’un genre (rose pour les filles et bleu pour les garçons) qu’à partir des années 1940 aux Etats-Unis. Auparavant, les vêtements unisexes étaient la norme. Garçons et filles portaient en effet des vêtements blancs par question de praticité, le blanc pouvant être bouilli et blanchi. La raison de ce changement de norme ? L’apparition des échographies qui a encouragé les parents à acheter un trousseau en fonction du sexe avant la naissance… coïncidant avec l’apparition de la société de consommation.
Plus on individualise les vêtements, mieux on vend. – Jo B. Paoletti.
5.Les robes/ les cheveux longs, c’est pour les filles.
Je n’ai pas de honte à m’habiller comme une femme, car il n’y a pas de honte à être une femme. – Iggy Pop
Attribuer une apparence physique à un genre, c’est encourager la conformité plutôt que l’épanouissement personnel. Il est évidemment possible d’encourager les garçons à devenir eux-mêmes sans pour autant rabaisser les filles.
J’ai envie de vous renvoyer aux petits dépliants réalisés par Maman Rodarde dans lesquels elle démonte les stéréotypes sexistes avec des exemples. J’adore !
6. Choses sexistes courantes dites aux garçons : Les câlins, jouer à la poupée, lire ou écrire de la poésie, jouer d’un instrument, chanter, danser, ce sont des trucs de fille.
Pour commencer, il est bon de rétablir des liens émotionnels. L’empathie, l’intelligence émotionnelle ou la gentillesse s’apprennent dans le cadre de relations intimes et non dans les livres ou des leçons de morale. Elles s’apprennent aussi par le jeu. Le malheur – pour ne pas dire le drame -, c’est que tout ce qui pourrait aider les garçons à se rapprocher de leur entourage passe pour des « trucs de fille » – les câlins, jouer à la poupée, lire ou écrire de la poésie, jouer d’un instrument, chanter, danser. Certains garçons s’y intéressent mais en général moins que les filles, plus valorisées dans ces domaines. Les garçons qui se livrent malgré tout à des activités dites « de fille » risquent d’en payer le prix fort : ils finissent souvent par y renoncer ou se faire traiter de « chochottes ».
Ironie du sort : il est facile d’inciter un garçon à jouer à la poupée. De nombreuses études ont montré que visionner des films où l’on voit des hommes pouponner donne envie aux écoliers en maternelle de suivre leur exemple. Seulement, notre société ne le souhaite pas forcément. Nous aimerions qu’en grandissant, les garçons deviennent des pères aimants, mais nous ne voulons pas assumer le risque qu’ils deviennent efféminés. – Lawrence Cohen
Je vous renvoie d’ailleurs à cette vidéo dans laquelle le conférencier dénonce que, dans nos sociétés, nous préférions avoir des garçons morts (poussés au suicide par les moqueries) que des garçons qui aiment jouer aux poupées ou qui aiment le rose… On le comprend, les choses sexistes que nous disons aux garçons peuvent avoir des conséquences dramatiques à la fois sur les filles (rabaissement, soumission, baisse de l’estime de soi, victime d’agressions sexuelles) et sur les garçons.
7.Quand une fille dit non, c’est qu’elle veut dire oui.
Il est important d’éduquer les garçons (et les filles) au consentement. Cette éducation au respect du corps et des besoins de l’autre peut commencer dès le plus jeune âge.
Par exemple, en tant que parents, nous pouvons demander la permission avant de toucher les enfants, ou au minimum les prévenir de ce que nous allons faire comme des gestes de toilette ou de soin. Nous pouvons insister sur le fait que quand quelqu’un dit stop, on doit respecter ce stop par exemple quand on se fait des chatouilles. Nous pouvons respecter le fait qu’un enfant n’ait pas envie de faire un bisou ou un câlin pour dire bonjour et expliquer qu’il existe mille autre manières de dire bonjour : un sourire, une poignée de main, un dessin, un mot ….
L’éducation au consentement passe par ailleurs par le fait de ne pas laisser les garçons embêter les filles sous prétexte qu’ils les aiment bien (et de ne pas dire à une fille que, si un garçon l’embête, c’est qu’il l’aime bien et que c’est trop mignon). Embêter quelqu’un (fille ou garçon) alors que ce dernier ou cette dernière a exprimé son désaccord ne relève plus du jeu mais est un comportement inapproprié.
8.Qu’est-ce qu’il/elle a fait pour que tu le/la tapes ?
Demander à un garçon qui vient de taper ce que sa victime a fait pour le provoquer revient à légitimer la violence comme moyen de régler les désaccords. Poser la question à une victime “Qu’est-ce que tu as fait pour qu’il te tape ?” enseigne à la fois à la victime et à l’agresseur qu’une personne peut en forcer une autre à faire de mauvais choix. On retrouve plus tard ce même type de sous entendus quand on demande aux victimes de viol ce qu’elles portaient ce soir-là, si elles avaient bu ou pourquoi elles se retrouvaient seules en compagnie d’un homme.
Il vaudrait mieux demander à chaque enfant de raconter ce qui s’est passé depuis le début afin d’avoir une vision globale de l’incident.
Par ailleurs, il est toujours possible d’enseigner aux enfants qu’ils ont toujours le choix de ne pas utiliser la violence. Cela présuppose de cultiver les compétences émotionnelles des filles et des garçons et de leur enseigner des méthodes de communication non violente, à travers du vocabulaire émotionnel, des stratégies de résolution de conflit ou des techniques de retour au calme.
En ce sens, l’éducation bienveillante et consciente participe à l’éducation de filles et de garçons libérés des rôles qui leur sont attribués socialement par leur genre pour un plein épanouissement de leur propre personnalité et un projet de société moins violente.