Quand les enfants à haut potentiel souffrent à l’école
A la maison, les réactions émotionnelles des enfants à haut potentiel peuvent être déconcertantes. Ces enfants ont très tôt compris qu’ils allaient, à l’extérieur du foyer, devoir faire face à des malentendus, des incompréhensions, voire des moqueries et qu’ils ne tarderaient pas à passer pour des enfants différents, bizarres, incompréhensibles, voire problématiques.
Arielle Adda, psychologue spécialisée dans le haut potentiel, conseille aux parents d’enfants à haut potentiel de ne pas négliger les réactions émotionnelles qui semblent au premier abord disproportionnées des enfants dits précoces ou surdoués.
Ainsi, si un enfant à haut potentiel souffre à l’école et ne veut plus y aller parce qu’il s’y ennuie à mourir (alors même qu’il en attendait tant), s’il préfère rester à la maison où tout est plus intéressant, certaines personnes extérieurs auront tendance à dire qu’il veut simplement rester à la maison à cause d’un manque de maturité provoquant un refus manifeste de grandir et de se séparer de papa/ maman. Ce rejet de l’école peut également être l’occasion pour certains professionnels mal formés au haut potentiel de souligner que cet enfant a par ailleurs des difficultés d’adaptation au groupe, qu’il n’est pas intéressé par l’enseignement, qu’il est lent, qu’il se décourage trop vite, qu’il ne fait pas d’effort pour s’intégrer.
Pourtant, il se peut que l’enfant doué sache faire ce qu’on lui demande mais qu’il ne comprenne pas très bien ce qu’il fait à l’école et pourquoi il doit y aller jour après jour. Il aimerait simplement partir parce que ces interminables journées de contraintes deviennent de plus en plus pesantes. Certains enfants, en réelle souffrance, pourront aller jusqu’à dire qu’ils préféreraient mourir que de continuer à aller à l’école, lieu d’une route morne et ennuyeuse (et parfois même lieu de persécution et harcèlement).
Arielle Adda conseille à la fois de prendre ce rejet de l’école au sérieux sans sur dramatiser cette annonce : les enfants n’abandonnent pas si vite leur intense curiosité d’esprit ni leur vitalité. Ils veulent simplement échapper à un ennui profond qui durera peut-être toutes les longues années de scolarité.
En discuter avec l’enfant en reconnaissant ce qu’il vit grâce à l’écoute active et empathique (sa réelle souffrance, son ennui, sa frustration, sa déception…) sans lui promettre que tout ira mieux l’année suivante (ce qui ne sera probablement pas le cas) permet déjà de l’apaiser. Des solutions sont alors envisageables : saut de classe, changement d’école, instruction en famille, dialogue avec l’enseignant, suivi thérapeutique… Proposer un cadre enrichissant et stimulant à la maison permet également aux enfants à haut potentiel de s’épanouir.
Aider les enfants à haut potentiel à s’épanouir à la maison quand ils ne trouvent pas leur compte à l’école
Arielle Adda propose quatre pistes pour aider les enfants à haut potentiel à s’épanouir à la maison quand ils souffrent par ailleurs à l’école :
Les enfants doués se nourrissent d’art
Arielle Adda écrit que les enfants doués possèdent une vive sensibilité (le haut potentiel allant souvent de pair avec l’hypersensibilité), qu’on leur reproche assez souvent et qui semblerait les caractériser. Certains adultes assimile cette sensibilité à un manque de maturité, sans songer que cette sensibilité tellement développée permet de saisir des faits que d’autres ne voient pas.
Favoriser la créativité artistique assure aux enfants doués un bonheur sans cesse renouvelé, même s’ils sont tout de même obligés de faire des efforts (efforts auxquels ils ne sont pas toujours habitués : c’est le “piège de la facilité” qui peut se tendre à certains enfants à haut potentiel intellectuel)
Adda estime qu’il est toujours bon de familiariser les enfants, en particulier les enfants doués, avec les œuvres d’art : encore plus que les autres, les enfants à haut potentiel y trouveront un écho à ce désir d’absolu qu’ils ressentent tout au fond d’eux, sans savoir très bien comment l’exprimer.
Les enfants doués se nourrissent de savoir
Arielle Adda rappelle que l’enfant doué sait que l’univers contient tant de merveilles qui restent à découvrir : il admire profondément les raffinements de la nature ; il se passionne volontiers pour quelques domaines de prédilection – les planètes, les pierres, les volcans, certains animaux, qui n’ont ensuite plus de secrets pour lui.
Le savoir au sens le plus large attire les enfants doués : ils trépignent quand ils sont cantonnés, trop longtemps à leur goût, au seuil des chemins de la connaissance, alors qu’ils savent que de multiples et magnifiques découvertes les attendent. – Arielle Adda
Ainsi, il est utile de combler les demandes de savoir et d’ordre des enfants à haut potentiel. De même, ces enfants adorent lire et dévorent des récits. Ils en considèrent même les héros et héroïnes comme des ami.e.s, des modèles, des guides et ne se lassent jamais des découvertes que permet une lecture assidue. C’est aussi la porte ouverte à tous leurs rêves et une compagnie qui ne les trahira jamais.
Les livres vivants, tels que définis par Charlotte Mason, sont particulièrement adaptés aux envies et besoins de ces enfants.
Les enfants doués se nourrissent de mathématiques
Pour certains enfants très doués, les mathématiques sont comme un jeu sans fin.
Arielle Adda écrit que, pour les enfants qui s’y sentent à leur aise, les joies procurées par les mathématiques sont infinies : chaque découverte les comble. Cet univers d’une logique absolue les ravit, ils y évoluent tout naturellement.
Les enfants doués se nourrissent d’échanges fructueux et stimulants
Adda estime que la meilleure thérapie pour les enfants à haut potentiel est le fait de partager des moments privilégiés avec des semblables (enfants, adolescents, adultes à haut potentiel ou passionnés par les mêmes choses qu’eux) : ils vont échanger leurs questionnements, leurs rêves, et découvrir qu’ils ne sont pas les seuls à se poser ces questions, à rire des mêmes choses.
Enfin, les enfants (et adolescents) à haut potentiel ont énormément besoin de l’empathie et de la proximité physique de leurs parents. Les câlins les rassurent. L’humour partagé est également vecteur de bien-être et renforce la qualité du lien parents/ enfants.
On voit bien qu’il n’est pas très compliqué de trouver autour de soi des sources de joie pour les enfants doués : une simple encyclopédie les occupera un bon moment, ils possèdent une insatiable curiosité d’esprit, qu’on peut alimenter autant qu’on le désire, en accompagnant ces découvertes de quelques câlins, toujours appréciés et même nécessaires pour ces enfants dont l’envergure intellectuelle leur permet d’entrevoir les merveilles de l’univers, certes, mais aussi ses dangers. – Arielle Adda
Enfin, une éducation empathique et bienveillante est particulièrement indiquée pour le enfants à haut potentiel qui ont à la fois besoin d’être encouragés, compris et entourés d’un cadre qui les rassure, qui apaise leur anxiété.
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Source : Psychologie des enfants très doués de Arielle Adda (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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