Le mensonge est une forme de communication : que nous disent les enfants qui mentent ?

enfants qui mentent ?

La question la plus importante que nous pouvons nous poser quand un enfant ou un adolescent ment est : “Que cherche-t-il à me communiquer ? Qu’est-ce qui est à la racine du mensonge ? “.

Plusieurs hypothèses sont possibles en fonction de la situation et il est possible d’en poser plusieurs à valider :

  • peut-être l’enfant a-t-il peur ? peur de qui ? de quoi ? d’être puni ? de décevoir ses parents ?
  • peut-être l’enfant a-t-il honte ? honte vis-à-vis de qui ?
  • peut-être l’enfant a-t-il besoin d’attachement mais ne sait pas comment le dire car il craint le rejet ou bien n’a pas les mots pour exprimer son besoin ?
  • peut-être l’enfant/ ado veut-il éviter le conflit ou les conséquences fâcheuses de ses actes ?
  • peut-être l’enfant veut-il se protéger ? de qui, de quoi ? peut-être veut-il protéger quelqu’un (un ami, un frère ou une soeur…) ?
  • pour les jeunes enfants, peut-être ne font-ils pas la différence entre leur monde imaginaire et la réalité ?
  • pour les adolescents, le mensonge est-il une démonstration d’indépendance ? de pouvoir personnel ? de fidélité au groupe d’amis ?
  • quand il m’arrivait à moi de mentir quand j’étais enfant ou adolescent, quelles en étaient les raisons ?

Quand on raisonne en termes de besoins, d’émotions et de réservoir affectif, on comprend que les mensonges des enfants ont une “fonction positive” (dans le sens où ils servent un besoin de l’enfant) et nous pouvons nous mettre à la recherche de la motivation qui a poussé l’enfant à prendre le risque de mentir (parce que mentir est bel et bien un risque : risque d’une punition, risque d’une rupture du lien de confiance…).

Souvent, les enfants mentent parce qu’ils ont peur de la réaction des adultes (humiliation, punition, violence physique, retrait de privilèges..), parce qu’ils craignent un discours moralisateur ou qu’ils ont “appris” à mentir en observant les adultes autour de lui (un adulte qui ment en prétendant qu’il a oublié de faire quelque chose alors qu’il n’en avait juste pas envie enseigne déjà le mensonge car les enfants sont de grands imitateurs). On comprend alors que la discipline répressive, dure et punitive peut engendrer du mensonge parce qu’elle génère de la peur et de la honte chez l’enfant qui va chercher à se protéger plutôt qu’à chercher du réconfort auprès des adultes en cas de problème ou bien à trouver des solutions pour réparer la situation.

>> Lire aussi : Comment développer le sens de la responsabilité individuelle chez les enfants ?

Par ailleurs, l’âge est à prendre en compte : les jeunes enfants ne mentent pas dans le sens où nous l’entendons. Ils peuvent en effet ne pas dire la vérité mais c’est simplement parce qu’ils n’ont pas les mots pour la dire, parce que leur mémoire ne leur permet pas de se souvenir des événements ou encore parce qu’ils ont du mal à différencier le réel et l’imaginaire.

Quand on comprend la fonction du mensonge, il est alors possible de faire face aux mensonges avec bienveillance et créer de la connexion émotionnelle plutôt que de la punition. Dans un premier temps, l’empathie et la bienveillance permettent d’accueillir ce qui s’est passé pour démêler le vrai du faux dans un cadre de sécurité émotionnelle; dans un deuxième temps, il sera possible de penser à des solutions ou des réparations.

Quand les enfants font des erreurs, nous pouvons choisir de raisonner en termes d’enseignement de compétences socioémotionnelle plutôt qu’en termes de punition. Les enfants n’auront alors plus peur de nous mais sauront que les adultes qui les entourent constituent un espace sûr pour se confier et trouver de l’aide. Par ailleurs, avec le temps, ils sauront faire preuve de responsabilité et assumer en autonomie les conséquences de leurs actes plutôt que mentir, se défausser ou accuser les autres.

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