[Communication NonViolente] 7 étapes pour accueillir les conflits comme des opportunités de mieux se connaître (soi-même et l’autre) et de consolider le lien
Dans son livre Manuel de Communication NonViolente : guide d’exercices individuels et collectifs, Lucy Leu propose une approche en 7 étapes, basées sur le processus de la Communication NonViolente, pour aborder les conflits (en couple, en famille, au travail, entre amis…). Dans cette approche, les conflits sont accueillis comme des opportunités de mieux se connaître (soi-même et l’autre), d’approfondir la relation et de consolider le lien.
1.Ralentir, ralentir encore
Il est important de faire une pause quand une relation s’envenime afin de prendre un temps d’introspection qui permet d’accéder aux émotions cachées et aux besoins humains fondamentaux qui motivent les pensées et les actions.
Ce temps d’introspection peut s’appuyer sur les quatre temps de la Communciation NonViolente. Il s’agit alors de traduire ce qui se passe en nous à partir du processus OSBD :
- O : observation neutre, objective, comme une caméra qui filmerait la scène (plutôt que pensées, jugements, interprétation)
- S : sentiment, émotion éprouvée et ressentie comme personnelle (plutôt que messages accusant l’autre et le rendant responsable de nos ressentis internes)
- B : besoins fondamentaux insatisfaits (plutôt que stratégies ou moyens exigés pour satisfaire ce besoin)
- D : demande dans un langage positif d’action et réalisable dans un laps de temps donné (plutôt qu’un voeu formulé en langage négatif – ce qu’on ne veut pas -, en langage non concret, ou une exigence non négociable).
Ce langage interne n’a pas pour but d’être utilisé à l’extérieur et exprimé comme tel. La Communication NonViolente est un décodeur interne avant d’être une manière de parler aux autres. Elle n’est pas conçue comme une manière rigide de parler et de s’exprimer dans une interaction avec autrui. Le processus OSBD est plutôt une langue destinée à nous permettre de nous “rééduquer”. Les quatre étapes OSBD sont à envisager comme un outil de déconditionnement qui permet de démêler les jugements des observations, les pensées des émotions, les accusations des besoins et les exigences des demandes. Cette langue est donc intérieure et permet d’être au clair avec ce qui se passe en nous.
2.S’appuyer sur les sentiments et besoins du moment présent
Réussir à clarifier ce qui se passe en nous passe par le centrage sur les sensations ressenties ici et maintenant. Par exemple, nous pouvons nous mettre à l’écoute de notre corps : une contraction du plexus solaire, la respiration qui s’accélère ou qui devient difficile une envie d’attaquer ou de fuir…
Le mot “émotion” vient du latin “emovere” qui signifie mouvement. Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement. Il est intéressant de connaître la dimension liée au mouvement des émotions pour comprendre que le message que cette émotion veut nous communiquer à travers le corps.
La colère est un mouvement qui repousse et a pour fonction de poser des limites personnelles.
La joie est un mouvement vers l’avant qui nous fait avancer vers nos objectifs et vers les autres.
La tristesse est un mouvement vers le bas qui nous aide à lâcher nos attachements (à un être proche comme lors d’une séparation ou d’un deuil, un projet comme lors d’un échec ou encore d’une illusion). C’est pour cette raison qu’on se sent mieux après avoir pleuré.
La peur est un mouvement de recul qui nous permet de fuir le danger perçu dans un objectif de survie.
Je vous propose une illustration de ces mécanismes émotionnels et corporels qui peuvent soutenir le processus OSBD :
3.Se concentrer sur l’empathie et la connexion
Quand on est au clair sur nos motivations personnelles, nous pouvons exprimer nos émotions et besoins qui traduisent ces motivations et valeurs personnelles.
Dans le dialogue amorcé, il est alors possible de faire preuve d’empathie pour l’autre personne en se concentrant sur les bonnes raisons qu’elle a d’agir et parler ainsi : à quoi l’autre aspire-t-il ? Ces raisons sont liées à des besoins. Marshall Rosenberg estime que tout jugement ou toute critique est l’expression tragique d’un besoin non satisfait.
Le processus OSBD proposé par la Communication NonViolente aide également à rester en lien avec les motivations de l’autre sans l’attaquer ni se sentir personnellement attaquer.
Nous pouvons donc nous appuyer sur les étapes formelles pour maintenir la connexion en cas de conflits : Quand tu entends ceci/ vois cela, tu te sens… parce que tu aurais aimé…. Est-ce que c’est quelque chose comme ça ?
A chaque fois que nous faisons le choix d’utiliser les quatre étapes OSBD pour nous-mêmes ou pour les autres avec nos propres mots, nous sommes plus libres à la fin qu’au début. Le processus OSBD sert à écouter et reconnaître ce qui est vivant en soi et chez les autres. A cet effet, les listes des sentiments et des besoins sont des outils de reconnaissance, d’identification (certes parfois incomplets, à enrichir et modifier si nécessaires) qui donnent des bases de réflexion commune et compréhensible par tous et toutes.
4.Demander de l’aide
Demander de l’aide peut prendre plusieurs formes :
- demander à l’autre si c’est bien ce qu’il pense et ressent quand nous essayons d’entrer en empathie avec lui (“est-ce que c’est bien cela que tu ressens ? est-ce que cela ressemble à cela ? est-ce que c’est quelque chose comme ça ?”)
- solliciter de l’aide pour formuler des observations et demandes (“j’ai du mal à être clair et à démêler mes ressentis de mes jugements. serais-tu prête à m’aider à formuler mes observations ?”)
Si l’autre refuse, il est possible de revenir au point précédent en raisonnant en termes de motivations et de besoins pour l’autre.
5.Continuer à donner de l’empathie jusqu’à ce que tout le monde indique que ses sentiments et besoins ont été compris
Le processus d’accueil des conflits à l’aide de la Communication NonViolente peut être long et nécessite un engagement volontaire.
6.A ce moment-là seulement, explorer les solutions
Parfois, le simple fait de faire preuve d’empathie (pour soi et pour l’autre) et d’avoir eu l’occasion d’exprimer franchement ses besoins et émotions suffit à ramener le calme.
Les solutions sont les réponses aux questions suivantes :
Comment voyons-nous les choses se passer différemment dans l’avenir ?
Y aura-t-il des changements de comportement de ma part ou de la part de quelqu’un d’autre ?
Les solutions seront efficaces si elles sont suffisamment claires et spécifiques : formulée dans un langage positif d’action (ce qui va être fait plutôt que ce qui ne va pas être fait) et avec une référence à un temps donné. En effet, dire ce que nous ne voulons pas ne rend pas clair ce que nous voulons. De plus, les requêtes du type :”Je veux qu’elle se sente…”, “Je veux qu’elle soit…”, “Je veux qu’elle m’écoute” sont inefficaces car ces verbes (se sentir, être, écouter) ne sont pas des verbes d’action.
7.Célébrer le fait que la paix ait été faite
Célébrer la paix est un rituel de gratitude qui permet de clore l’échange. Il s’agit de reconnaître l’intention mutuelle de connexion, le courage et la patience nécessaire pour y parvenir, la persévérance et la bienveillance mises en œuvre.
Cela peut également être l’occasion de se rappeler pourquoi nous choisissons d’accueillir les conflits de cette manière si exigeante afin de donner un sens tout personnel à ces efforts.
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Source : Manuel de Communication NonViolente : guide d’exercices individuels et collectifs de Lucy Leu (éditions la Découverte). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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