Les humains sont-ils naturellement altruistes ?
Une question que se posent de nombreuses personnes au sujet d’une éventuelle nature humaine est celle de l’altruisme : les humains sont-ils naturellement altruistes ? Il se trouve qu’il n’est pas possible de parler d’une nature humaine : par nature, les humains sont des êtres de culture. Ainsi, la capacité à coopérer et à faire preuve d’altruisme est à la fois innée et acquise.
Une tendance humaine innée à faire preuve d’altruisme…
Michael Tomasello est un psychologue cognitiviste américain et a écrit le livre Pourquoi nous coopérons. Il y explique que les jeunes enfants ont des prédispositions à la coopération et que ces prédispositions sont façonnées par la socialisation.
Tomasello a montré qu’autour de leurs premiers anniversaires (quand ils commencent à marcher, à parler et à devenir des êtres de culture), les enfants humains sont déjà coopératifs et serviables dans de nombreuses situations (mais pas dans toutes). Or ils n’ont pas appris cette tendance à coopérer des adultes : elle leur vient naturellement.
A travers plusieurs études et recherches de ce type sur des enfants de 14 à 24 mois, Tomasello a montré que le comportement précoce d’aide chez les enfants humains n’est pas le résultat de la culture et/ou des pratiques parentales de socialisation car ce comportement est très précoce, qu’il se produit même en l’absence d’encouragement et qu’il se retrouve dans la plupart des cultures humaines.
… petit à petit influencée par la socialisation
En grandissant, les enfants humains commencent à internaliser plusieurs normes sociales spécifiques de leur culture telles que la manière dont on fait les choses, dont on doit faire les choses pour devenir un membre du groupe. Certes, les enfants possèdent des prédispositions à l’altruisme mais ces prédispositions sont façonnées par le processus de socialisation (à partir de 3 ans).
Tout cela reflète non seulement la sensibilité spéciale des humains aux différentes sortes de pressions sociales, mais également un genre d’identité de groupe et de rationalité sociale qui sont inhérentes aux activités impliquant une intentionnalité partagée, une « intentionnalité-nous » (a shared, « we » intentionality). – Michael Tomasello
L’altruisme des humains
Michael Tomasello différencie trois types principaux d’altruisme humain, définis en fonction de la « marchandise » impliquée :
- des biens : être altruiste à l’égard de biens tels que de la nourriture, c’est être généreux, s’engager dans le partage;
- des services : être altruiste à l’égard de services, par exemple aider un individu à atteindre un objet hors de sa portée, c’est être serviable;
- de l’information : partager de l’information (y compris des commérages) et des attitudes de manière altruiste avec les autres, c’est être informatif.
Prendre en compte l’appartenance au groupe pour savoir si les humains sont naturellement altruistes
De récents modèles évolutionnaires ont montré que la meilleure façon de motiver les gens pour qu’ils collaborent et réfléchissent en groupe est d’identifier un ennemi commun et de l’accuser du fait que « lui » menace « nous » .
Ils réfléchissent également ensemble pour accomplir toutes sortes d’actes odieux. Mais de tels actes ne sont généralement pas infligés à ceux qui font partie « du groupe ». – Tomasello
Tomasello constate que l’exceptionnelle capacité de coopération des humains semble avoir principalement évolué pour permettre des interactions au sein d’un groupe local. En matière de coopération, un tel esprit de groupe est, peut-être ironiquement, une cause majeure des conflits et des souffrances présents aujourd’hui dans le monde.
La solution serait alors de trouver de nouvelles façons de définir ce groupe.
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Source : Pourquoi nous coopérons de Michael Tomasello (éditions Presses Universitaires de Rennes). Disponible en médiathèque, en libriairie ou sur les sites de ecommerce.
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