Tant pis pour l’amour : une bande dessinée pour comprendre la manipulation et identifier les violences psychologiques dans un couple
Présentation de l’éditeur
Quand Sophie rencontre Marcus, elle tombe amoureuse en 48h. Elle qui était si cynique en amour, cette fois, elle y croit. Sauf qu’il se révèle vite étrange. Sophie a alors besoin de comprendre ce qui ne va pas.
Confronté à ses mensonges et ses incohérences, il a des réactions violentes, des excuses pour tout et arrive à se sortir de chaque impasse. Mais jusqu’à quand ?
Sophie aime un manipulateur narcissique.
Ce que j’ai aimé
Dans cette bande dessinée de 300 pages, Sophie Lambda, autrice et illustratrice, combine humour et réalisme, vécu et théorie pour éclairer le mécanisme de la violence psychologique dans un couple. Elle témoigne de sa propre histoire d’amour avec un manipulateur et plonge dans les profondeurs de son âme : sa souffrance, ses doutes quant à sa santé mentale, l’amour persistant malgré la maltraitance émotionnelle, la difficulté à rompre et à se remettre, un équilibre très fragile à retrouver, le besoin d’aide extérieure.
J’ai beaucoup apprécié cet ouvrage parce que Sophie Lambda a réussi à rendre compte du long processus qui mène de l’amour parfait (ou semblant parfait) à l’effondrement émotionnel. La manipulation psychologique est décrite dans toute sa complexité :
- l’emprise mentale à travers des petites attentions, des compliments, des preuves d’amour, l’impression jamais éprouvée avant d’être unique;
- puis des incohérences et petits mensonges qui font douter mais vite balayés “par amour”;
- enfin des critiques plus en plus fréquentes et des reproches injustifiés, des crises de jalousie, de la culpabilisation en retournant les causes des disputes sur l’autre, du chantage affectif (allant jusqu’au chantage au suicide notamment)…
Sophie décrit son histoire personnelle à la fois pour sa propre guérison mais aussi pour alerter sur le mécanisme de cette violence invisible et insidieuse mais tellement destructrice. J’ai vraiment aimé les éléments théoriques insérés dans l’histoire et illustrés de manière à les rendre très accessibles. Ainsi, Sophie Lambda liste les critères pour identifier un manipulateur et décrit les étapes de l’emprise mentale (idéalisation, dévalorisation, isolement, rejet). Sophie Lambda avertit également sur ce qu’elle appelle les “surprises de merde” post-rupture : le “hoovering”(techniques pour reprendre le contrôle sur la victime qui s’échappe de l’emprise), la langue de vipère pour décrédibiliser la victime et les “singes volants” (des personnes fidèles au manipulateur qui agissent pour son compte en le faisant passer pour une victime et au détriment de la “vraie” victime).
Sophie Lambda propose également une introspection pour comprendre comment elle a pu se laisser prendre au piège et cet aspect paraît indispensable car s’en passer, c’est prendre le risque de retomber dans les filets d’un manipulateur.
Des ressources pour lutter contre les violences faites aux femmes sont disponibles à la fin de l’ouvrage (notamment le violentimètre et des numéros de téléphone utiles). La bibliographie permet également d’aller plus loin en matière de théorie.
Les dessins rendent parfaitement bien compte des émotions vécues, dans toute leur laideur quand le basculement dans la folie est proche (aussi bien du côté du manipulateur que de la victime).
J’estime que cet ouvrage s’adresse à un public large : des adolescents (filles et garçons) pour les sensibiliser à ce type de violence, les adultes à la fois pour eux-mêmes (hommes et femmes) et dans une optique de prévention destinée à leurs enfants, les associations qui interviennent auprès des jeunes et des femmes violentées ou encore les thérapeutes.
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Tant pis pour l’amour. Ou comment j’ai survécu à un manipulateur
de Sophie Lambda (éditions Delcourt Une case en moins ) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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