Le burn out maternel commence là où le stress s’arrête

burn out maternel

Dans son livre La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel, Violaine Guéritault écrit que le burn out maternel (ou épuisement maternel) s’arrête là où le stress commence.

Cette phase d’épuisement est atteinte par le corps suite à une exposition à un état de stress continu, qui perdure dans le temps et qui finit par user toutes nos réserves d’énergie. Nous nous sentons alors submergées, dépassées par les événements et la capacité de notre corps à répondre efficacement à cette menace est très sérieusement compromise. Nous sommes à bout de nos forces physiques et émotionnelles. – Violaine Guéritault

Les trois stades du burn out maternel

1.Épuisement physique et émotionnel

La mère en proie au burn out maternel a épuisé l’ensemble de ses ressources intérieures mobilisées de façon prolongée pour faire face à une situation stressante. Elle n’a plus rien à donner en termes d’énergie physique, émotionnelle et psychologique.

2.Distanciation/ détachement

La mère en proie au burn out maternel doit continuer à gérer la situation malgré son incapacité : elle va alors se distancier physiquement et émotionnellement du facteur de stress qui l’épuise (les enfants et les tâches domestiques en l’occurrence).

La mère se détache pour moins souffrir et moins mobiliser ses ressources d’énergie (et ainsi préserver les quelques ressources qui lui restent). La distanciation/ détachement est réellement un mécanisme de survie.

3.Reniement des accomplissements passés, présents et futurs + déclin de productivité et d’efficacité

Privée de forces et d’énergie, la mère en burn out perd confiance en elle et en ce qu’elle fait. L’angoisse et le doute sont omniprésents et elle s’auto critique sévèrement.

Les mères sont d’excellentes candidates au burn out

Les facteurs de stress des mères

Violaine Guéritault rappelle que les facteurs de stress présents dans la vie familiale et domestique remplissent les conditions nécessaires pour devenir potentiellement nocifs, du fait de leur rythme soutenu et de leur durée (des années).

Le burn out n’est pas très loin quand une mère pense quotidiennement ou presque : “Je n’en peux plus, je suis à bout, je rêve de tout plaquer…” .

Les facteurs de stress sont réels dans la vie des parents : manque de sommeil, pleurs et cris, responsabilités ménagères/ financières/ affectives, demandes et sollicitations multiples et simultanées, problèmes scolaires éventuels, maladies saisonnières ou chroniques (voire handicap), crises émotionnelles intenses des jeunes enfants, complexité de certaines décisions parentales (voire désaccords complets sur la manière d’élever les enfants)…

Quand la fatigue continuelle et le stress liés à l’éducation des enfants sont associés à l’absence de reconnaissance et de soutien émotionnel (de la part du conjoint, des autres membres de la famille, des amis et plus généralement de l’entourage et de la société), la mère perd ses forces et son énergie.

Violaine Guéritault regrette également que le mythe de la mère parfaite soit encore si prégnant, dans le sens où dire que la maternité est difficile n’est pas souvent mis en avant, ou alors sur le mode de l’humour (ou alors vite remis en perspective par un : “Mais quand même, c’est du bonheur !”). Ce mythe sur la maternité non seulement met la pression aux mères mais les empêchent également de se confier en tout confiance et en toute vulnérabilité sur leurs doutes et leur souffrance.

Violaine Guéritault alarme sur les risques de dépression qui est l’une des conséquences les plus fréquentes du burn out maternel.

Le stress et l’épuisement sont à leur comble, l’image de soi et l’état d’esprit sont négatifs, et surtout il y a cette conviction, lorsque la mère se projette dans l’avenir, qu’elle ne verra pas le bout du stress. – Violaine Guéritault

Les symptômes du burn out

Les symptômes du burn out sont classés en trois catégories :

  • les symptômes physiologiques
    • épuisement physique
    • troubles du sommeil
    • douleurs diffuses (maux de tête, nausée, douleurs gastriques, douleurs de dos)
    • syndrome de fatigue chronique (vertiges, troubles de la mémoire)
  • les symptômes cognitifs
    • état de malaise
    • tendance à accuser les autres ou le système pour ses propres problèmes
    • isolement et détachement émotionnel
    • hypersensibilité
    • sentiment d’impuissance
    • pessimisme
    • ennui
    • état dépressif
    • indécision
    • troubles de la concentration
    • inflexibilité
    • intolérance
    • cynisme
    • mauvaise image de soi
    • sentiment de ne pas être en contrôle de sa propre vie
  • les symptômes comportementaux
    • réduction de la productivité
    • irritabilité (cris, punitions et, au sommet, fessées et maltraitance physique et/ou verbale)
    • frustration
    • propension à la colère (qui risque de se transformer en violence)
    • impulsivité
    • repli sur soi
    • consommation accrue de substances toxiques (drogue, alcool)
    • lâcher prise pouvant conduire à la mise en danger de l’enfant (ex : refuser de se “battre” pour attacher la ceinture de sécurité de l’enfant et laisser l’enfant voyager en voiture sans ceinture)

Comprendre le burn out maternel pour prévenir et guérir

burn-out maternel

Un premier pas important est de prendre connaissance du mécanisme de burn out maternel pour savoir reconnaître ses étapes, ses symptômes et ses conséquences.

Les mères qui ignorent l’existence du phénomène de burn out maternel sont isolées dans leurs émotions, leurs frustrations et leur stress. Elles sont convaincues d’être les seules à vivre de tels dilemmes. Elles se sentent au bout du rouleau mais ont l’impression que la plupart des mères qui les entourent s’en sortent mieux qu’elles, ce qui renforce d’autant leur sentiment d’incompétence. – Violaine Guéritault

Violaine Guéritault nous invite à contribuer à changer les mentalités parce que, regrette-t-elle, notre culture et notre entourage attendent des mères qu’elles offrent toujours le meilleur d’elles-mêmes, avec le sourire en prime et un minimum de soutien. Peu de ressources sont mises à la disposition des mères pour les soutenir et les aider.

Je suis convaincue que les choses peuvent changer mais, pour ce faire, il est important d’encourager une prise de conscience dans notre entourage sur les réalités de notre vécu de mère. Pour cela, il faut instaurer un dialogue, expliquer, débattre, insister sur ce que nous savons être juste. – Violaine Guéritault

Nous pouvons, en tant que mères, partager ouvertement ce que nous ressentons avec des personnes autre que les mères, à commencer par nos conjoints. Cela peut passer par le fait de parler en couple des difficultés rencontrées dans le rôle de mère, des frustrations, du soutien émotionnel et pratique voulu.

Vous pouvez aussi étendre ce dialogue aux membres de votre famille, à vos collègues et d’autres connaissances. Faire bouger les choses, ébranler les certitudes et remettre en question le statu quo ne peut se faire que si l’on croit fermement dans le bien-fondé du changement recherché. – Violaine Guéritault

J’ai consacré un article complet à la prévention et à la guérison du burn out maternel que je vous invite à lire pour aller plus loin : Burnout parental : que faire pour ne pas craquer ?

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Source : La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel de Violaine Guéritault (éditions Odile Jacob poches). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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