Ce que nous disent les études en neurosciences affectives et sociales au sujet du cerveau des enfants
Pourquoi faire référence aux données des neurosciences affectives et sociales ? Parce qu’elles nous aident à mieux comprendre l’enfant.
Une grande partie du cerveau est dévolue aux relations sociales et affectives, ce qui prouve leur importance capitale pour le développement des êtres humains.L’enfant est un être profondément sociable. Il a besoin de nouer des relations avec des adultes qui le comprennent, le réconfortent et le soutiennent. – Catherine Gueguen
Le cerveau des enfants est immature.
Les implications sur les réactions des jeunes enfants
Le petit enfant est dominé par son cerveau archaïque (siège des réactions spontanées, sans passage par le raisonnement et la maîtrise des impulsions). Les circuits neuronaux qui relient le cerveau supérieur (siège de la réflexion) aux cerveaux archaïque et émotionnel ne sont pas fonctionnels.
Comme le petit enfant est dominé par son cerveau archaïque, il réagit instinctivement pour sa survie. En cas de colère, de peur, de surprise, il est poussé à attaquer, à fuir ou à se figer.
Comme les circuits qui lient le cerveau émotionnel au cerveau supérieur ne sont pas encore construits, le petit enfant est dominé par son cerveau émotionnel : il vit ses émotions avec une extrême intensité. Ses peurs, ses chagrins, ses colères sont de vrais raz de marée, des “orages émotionnels“. En effet, le petit enfant, de la naissance à 5 ans, ne peut pas contrôler ses émotions d’un point de vue biochimique et neurologique. Son cerveau supérieur, qui permet de prendre du recul, d’analyser la situation, n’est pas encore mature.
Cela signifie entre autre que l’enfant ne peut pas se calmer seul. Catherine Gueguen écrit : “Quand il est laissé seul face à ses émotions de tristesse, de colère, de peur, son amygdale cérébrale active la sécrétion de molécules de stress du cortisol, de l’adrénaline, qui en quantité importante peuvent être toxiques pour le cerveau et l’organisme.
Les bébés naissent avec un cerveau très immature, ce qui explique :
- certaines des réactions des jeunes enfants (avant 5 ans) : ils ne peuvent absolument pas se contrôler et encore moins se comporter comme des adultes,
- qu’on ne peut pas leur demander de faire ce que leur cerveau n’est pas capable de comprendre.
Les implications sur nos postures éducatives
Mettre des mots sur les émotions des enfants, dès le plus jeune âge, est bénéfique pour la maturation du cerveau des enfants. Cela apaise l’amygdale, équilibre le système nerveux.
Le cerveau des enfants est fragile et malléable.
Les implications sur les réactions des jeunes enfants
Du fait du caractère malléable du cerveau des enfants, les relations qu’ils vivent avec leur entourage modifient le développement global de leur cerveau et agissent sur son développement intellectuel et émotionnel. Ainsi, plus un adulte est bienveillant et empathique avec un enfant, plus ce dernier devient lui-même empathique et bienveillant.
Par ailleurs, l’enfant imite via les neurones miroirs. Les adultes de son entourage sont donc des modèles pour l’enfant : leur influence est majeure ! Ce que fait un adulte, l’enfant le reproduit (les actes comptant plus que ce que l’adulte dit !).
Le stress est nocif pour le cerveau fragile des enfants. Quand le stress est important en quantité et prolongé dans le temps, le cortisol (une des hormones du stress) peut détruire des neurones qui jouent un rôle dans la mémoire, la gestion des émotions, la résilience et les capacités relationnelles.Ce stress peut prendre plusieurs formes dans la relation adultes/ enfants :
- dureté des mots (humiliations, cris, menaces…),
- gestes brusques (bousculade, gestes forcés…),
- gestes violents (fessée, gifle, tirage d’oreilles).
Les implications sur nos postures éducatives
Les relations que les enfants vivent avec leur entourage modifient le développement global de son cerveau et agissent sur la mémoire et sur les émotions.
Les attitudes favorisant la maturation du cerveau des enfants et leur inclinaison à l’empathie
Catherine Gueguen écrit que, pour aller bien, un enfant a besoin de :
- amour inconditionnel de la part de ses parents (cette affection pouvant prendre plusieurs, surtout dans les moments difficiles, conflictuels : présence, attention, regard, ton de voix, paroles, gestes);
- recevoir de l’empathie (via l’accueil de toutes ses émotions, agréables ou désagréables comme la colère, la tristesse ou la peur, dont le fonctionnement et l’origine peuvent être expliqués);
- pouvoir exprimer librement ce qu’il ressent (en ayant connaissance du vocabulaire adéquat et en ayant la liberté, les opportunités de le mettre en mot);
- ne pas vivre dans la crainte d’être puni quand il fait des erreurs, mais au contraire de savoir qu’il peut dire ce qu’il ressent ou ce qu’il a fait sans être critiqué mais en recevant de l’aide pour résoudre son problème;
- se sentir encouragé, soutenu dans ce qu’il entreprend;
- d’adultes qui le guident avec bienveillance, qui lui montrent le chemin, lui donnent des repères tout en lui laissant la liberté de faire les choix qui lui conviennent et en ayant le droit de se tromper, de changer d’avis;
- être entouré d’adultes authentiques et émotionnellement sains qui savent exprimer leur désaccord sans violence, qui peuvent le guider et l’accompagner sans entretenir des rapports de force ou de domination.
Quand le parent ou l’adulte n’y arrive pas…
Quand un adulte a connu une éducation dure, avec des humiliations, la censure émotionnelle et/ou des violences éducatives plus ou moins intenses, devenir empathique et bien traitant avec son enfant peut prendre (beaucoup) de temps.
Pour avancer sur ce chemin sans se culpabiliser et sans perdre courage, il existe plusieurs pistes :
- parler pour ne pas rester seul et avoir l’impression d’être le seul parent imparfait,
- prendre part à des groupes de paroles (par exemple, les PEPS cafés sont gratuits) et/ ou des ateliers de communication parents/ enfants (par exemple, Fabe et Mazlish, les ateliers Gordon, les ateliers d’éducation consciente et créative de Catherine Dumonteil Kremer, les ateliers Filliozat ou encore de discipline positive…),
- se former en Communication Non Violente (CNV) : la pratique de la CNV est une très grande aide car elle modifie en profondeur notre façon d’être et permet d’adopter une attitude empathique avec soi-même et avec les autres,
- se faire aider (via des services publics gratuits tels que l’intervention d’une TISF à domicile, une consultation à la PMI, la fréquentation d’une maison verte, un recours à un lieu d’accueil enfants-parents (LAEP), l’appel au numéro vert Allô parents-bébé 0800 003 456; via de l’aide familiale pour avoir du temps pour soi ou encore en embauchant une aide ménagère/ une jeune fille au pair/ un.e baby sitter de temps en temps si cela est possible…),
- effectuer un travail sur soi à travers un suivi thérapeutique (il existe des consultations gratuites pour adultes dans les centres médico psychologiques dans les villes françaises – CMP).
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Source : Vivre heureux avec son enfant : un nouveau regard sur l’éducation au quotidien grâce aux neurosciences affectives de Catherine Gueguen (éditions Pocket). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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