Changez l’école (par Ken Robinson) : 4 objectifs fondamentaux que l’école devrait remplir 

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Dans son dernier livre Changez l’école, Ken Robinson propose quatre objectifs fondamentaux que l’école devrait remplir.

1.Economique

L’éducation devrait permettre aux élèves de devenir économiquement responsables et indépendants. 

Pour Ken Robinson, il serait naïf de nier l’importance économique que revêt l’éducation pour les individus, les sociétés et les pays. Il écrit que, si les gouvernements investissent de telles sommes dans l’enseignement, c’est qu’ils ont bien conscience qu’une population éduquée contribue à la prospérité économique. Il continue en écrivant que tous les parents de la planète espèrent que l’éducation permettra à leurs enfants d’avoir leur indépendance économique.

Vu que le monde du travail connaît de profonds bouleversements, de quelle éducation les enfants ont-ils besoin pour y parvenir ?

On ne peut prédire quels types de métiers les élèves d’aujourd’hui exerceront dans cinq, dix ou quinze ans, à supposer qu’ils aient un travail. – Ken Robinson

Ken Robinson regrette que, en théorie, les systèmes éducatifs publics traditionnels prétendent favoriser des compétences clés comme la créativité, la communication, l’instruction civique ou encore des compétences interculturelles, mais que, en pratique, les fonctionnements proches du taylorisme éducatif ne leur laissent guère de place (sauf dans quelques classes d’enseignants passionnés ayant malheureusement tendance à faire exception).

Ainsi, Ken Robinson propose plusieurs axes de réflexion :

  • sensibiliser les jeunes aux enjeux économiques globaux que sont le développement durable et la protection de l’environnement,
  • cultiver la diversité des talents et des centres d’intérêt des élèves,
  • abolir la supériorité des cursus théoriques sur les cursus professionnels (qui ne doivent plus seulement être vus comme des voies de relégation mais également des voies activement choisies par des élèves quel que soit leur “niveau scolaire”),
  • faire connaitre aux jeunes divers milieux professionnels.

 

2.Culturel

L’éducation devrait permettre aux élèves de comprendre et d’apprécier leur culture et de respecter celle des autres. 

Ken Robinson écrit que la culture, autant que l’argent, la terre et le pouvoir, a toujours joué un rôle dans les conflits humains. Pour lui, avec l’augmentation de la population et du métissage culturel, respecter la diversité n’est pas seulement un choix éthique, mais un impératif pratique.

Là encore, Ken Robinson propose plusieurs axes de réflexion :

  • aider les élèves à connaître leur culture,
  • comprendre celle des autres ,
  • transmettre un esprit de tolérance et de coexistence culturelles.

On peut rapprocher cette réflexion de Ken Robinson à celle de Edgar Morin. Pour ce dernier, le problème de la compréhension est devenu crucial pour les humains. A ce titre, le développement de la capacité de compréhension doit être une finalité de l’éducation. Le philosophe englobe deux types de compréhension :

  • la compréhension intellectuelle (d’une idée, d’un texte, d’un ensemble, d’un système, des choses abstraites ou matérielles…)
  • la compréhension humaine intersubjective (de soi et des autres)

 Comprendre inclut nécessairement un processus d’empathie, d’identification et de projection. Toujours intersubjective, la compréhension nécessite ouverture, sympathie et générosité. – Edgar Morin

Edgar Morin cite plusieurs obstacles à la compréhension humaine, qu’on pourra présenter et expliquer aux enfants :

  • les obstacles extérieurs
    • le bruit, les parasites qui empêchent la transmission des informations
    • la polysémie d’une notion, d’un mot
    • l’ignorance des rites et coutumes de l’autre
    • l’incompréhension des valeurs de l’autre
    • l’incompréhension des impératifs éthiques de l’autre
    • l’impossibilité de comprendre les idées ou arguments d’une autre vision du monde
  • les obstacles intérieurs
    • l’indifférence, le mépris
    • l’égocentrisme, le mépris
    • les mensonges à soi-même
    • l’autojustification
    • l’autoglorification
    • l’ethnocentrisme
    • le sociocentrisme
    • l’incapacité à s’auto critiquer
    • la fabrication et la condamnation de coupables
    • la possession par une idée (qui donne la conviction absolue de sa vérité)

L’incompréhension de soi est une source très importante de l’incompréhension d’autrui. On se masque à soi-même ses carences et faiblesses, ce qui rend impitoyable pour les carences et les faiblesses d’autrui.

La pratique mentale de l’auto examen permanent de soi est nécessaire car la compréhension de nos propres faiblesses ou manques est la voie pour la compréhension de ceux d’autrui. Elle nous permet de ne pas nous poser en juges de toutes choses.- Edgar Morin

Edgar Morin affirme que la littérature et le cinéma aident à saisir la complexité de la nature humaine : c’est dans l’art que nous pourrons apprendre les plus grandes leçons de vie.

Cependant, la vraie compréhension n’est pas synonyme d’indifférence ou de scepticisme : « elle suppose une conviction, une foi, un choix éthique, et en même temps, l’acceptation que soient exprimés les idées, convictions, choix contraires aux nôtres. »

Il ne peut y avoir de progrès dans les relations entre individus, nations, cultures sans compréhensions mutuelles. – Edgar Morin

 

3.Social

L’éducation devrait permettre aux jeunes de devenir des citoyens actifs et empathiques.

Ken Robinson estime que les sociétés démocratiques tirent leurs forces de l’activité de la majorité de leurs citoyens, tant aux urnes qu’au sein de la société. L’école joue un rôle essentiel pour cultiver ce sentiment de citoyenneté. Pour autant, elle ne le remplira pas à coups de leçons théoriques d’éducation civique mais en appliquant ces principes dans son fonctionnement quotidien.

Là encore, Ken Robinson et Edgar Morin se rejoignent. Pour Edgar Morin, l’éthique du genre humain ne peut s’accomplir que dans la démocratie. L’éthique du genre humaine est consciente, citoyenne, active, et repose sur un pari dans l’incertain.

De même qu’il faut protéger la diversité des espèces pour sauvegarder la biosphère, il faut protéger celle des idées et des opinions, ainsi que la diversité des sources d’information (presse, médias) pour sauvegarder la vie démocratique. – Edgar Morin

La démocratie remplace les batailles physiques violentes par des batailles d’idées. Les démocraties rencontrent de grands défis, et notamment celui de la « politique en miettes » (dissolution de la politique dans l’adminisatration, la technique, l’expertise, l’économie, la pensée quantifiante des sondages et statistiques).

La politique en miettes perd la compréhension de la vie, des souffrances, des détresses, des solitudes, des besoins non quantifiables. Tout cela contribue à une gigantesque régression démocratique, les citoyens devenant dépossédés des problèmes fondamentaux de la cité. – Edgar Morin

Des pistes pour y parvenir :

Sudbury : à la découverte d’une école pas du tout comme les autres (une école démocratique)

Enseignants efficaces (Thomas Gordon) : la posture de l’enseignant pour une relation gagnant/gagnant avec les élèves

Liberté pour apprendre : 3 qualités pour la pratiquer en classe

 

4.Personnel

L’éducation devrait permettre aux jeunes d’appréhender leur monde intérieur autant que le monde qui les entoure. 

On ne pourra atteindre aucun des autres objectifs si l’on oublie que l’éducation consiste à enrichir l’esprit et le coeur d’êtres vivants. – Ken Robinson

Ken Robinson insiste sur le fait que chaque élève est une personne qui a des espoirs, des talents, des peurs, des passions et des aspirations. Pour lui permettre de réussir, il faut d’abord le regarder comme un individu.

Robinson regrette que le programme scolaire classique se concentre presque exclusivement sur le monde qui nous entoure et ne prête guère attention à notre monde intérieur. Les problèmes humains que sont l’ennui, le désengagement, le stress, le harcèlement, la dépression ou encore le décrochage scolaire nécessitent des réponses humaines.

 

Les révolutions n’attendent pas la législation pour faire bouger les choses. Elles découlent de ce que font les gens au bas de l’échelle. L’éducation ne se fait pas dans les hémicycles ni grâce à la rhétorique des politiciens. Elle résulte de ce qui se passe entre les élèves et les professeurs à l’école. – Ken Robinson

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Source : Changez l’école : La révolution qui va transformer l’éducation de Ken Robinson (éditions PlayBac). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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