La charge mentale en famille : compter sur l’autonomie et le sens de la responsabilité de tous les membres (y compris les enfants)
Développer l’autonomie des enfants pour alléger notre propre charge mentale de parents
Dans son livre Grandir heureux, une aventure en famille, Marion McGuinness rappelle qu’une charge mentale trop lourde est épuisante à la fois d’un point de vue physique et émotionnel. La charge mentale, c’est penser toujours à tout, organiser et exécuter, sans répit, que ce soit au travail ou en famille. Cette charge mentale peut nous empêcher de mettre en place l’éducation à laquelle nous sommes attachés en tant que parents.
Il a beaucoup été question de la répartition de la charge mentale dans les couples (sujet hautement actuel et incontournable dans l’optique d’une éducation bienveillante) et Marion McGuinness élargit le champ à tous les membres de la famille, y compris les enfants.
Marion McGuinness suggère de développer l’autonomie des enfants pour alléger notre propre charge mentale de parents. Tout le monde y sera gagnant : les enfants car ils gagnent en autonomie et les parents parce qu’ils peuvent redonner aux enfants ce qui leur appartient (prendre soin d’eux et de leurs besoins). Cette autonomie ne se décrète pas et se construit pas à pas, dans le respect des capacités et du rythme de l’enfant. Faire des choses à la place des enfants alors qu’ils en sont capables (pour aller plus vite, pour se sentir utiles en tant que parents…), c’est les infantiliser et les empêcher de développer leur confiance en eux et leur sens de la responsabilité (individuelle et collective).
Marion McGuinness propose ainsi d’afficher un calendrier familial dans la cuisine afin que chaque membre de la famille prenne en charge ses besoins.
Ce sera par exemple à un enfant de 8 ans de se souvenir que le lendemain il y a piscine et qu’il doit en conséquence préparer son sac la veille et mettre ses affaires mouillées à sécher après.
Une question guide : À qui appartient ce problème ?
Une question peut nous guider dans ce processus : « À qui appartient ce problème ? ». Cela signifie que la personne à qui appartient le problème est celui qui s’en occupera. Elle peut demander de l’aide mais une aide n’est pas synonyme de faire à la place.
Ce concept de responsabilité est un pilier de la pensée de Jesper Juul et celle de construction de l’autonomie de celle de Maria Montessori.
Jesper Juul définit la responsabilité individuelle comme la responsabilité que nous avons de notre propre vie – notre santé et notre développement physiques, psychiques, mentaux et spirituels.
C’est la responsabilité que très peu d’entre nous ont été éduqués à prendre, mais c’est la plus effective, la plus puissante que nous connaissions quand il s’agit de reconstruire ce qui a été rabougri et d’apporter de l’énergie créative à notre communauté.
L’idée d’une responsabilité individuelle à développer chez les enfants ne doit pas pour autant conduire à un “désert parental” : aucun cadre, aucune limite, aucun respect, aucune considération pour autrui, incapacité à ressentir de l’empathie.
Cela consiste plutôt à se poser cette question en tant que parents :
Allons-nous élever nos enfants pour qu’ils se construisent une solide autorité intérieure qui puisse les aider à affronter leurs propres choix sociaux et existentiels ou allons-nous leur apprendre à placer toute leur foi dans une autorité extérieure de nature politique, religieuse ou philosophique ?
Cela implique que les parents se réapproprient leurs limites, leurs souhaits, leurs besoins, leurs émotions et les formulent sans critiquer, sans faire de chantage ni compter sur une coopération unilatérale et acquise des enfants.
Aider utilement les enfants : comment doser notre aide ?
Ni trop, ni trop peu ?
Certaines choses sont de la responsabilité du parent (fournir un toit, de la nourriture, assurer la sécurité…), d’autres sont de celle de l’enfant (par exemple, penser à ses affaire de sport pour le cours de piscine, ranger ses affaires).
Si nous pensons faire à la place du petit enfant des tâches qui nous paraissent ingrates ou désagréables par amour, il y a fort à parier que, lorsque nous estimerons qu’il est en âge de le faire, il considérera cette tâche comme une contrainte ou une punition.
Aider utilement un enfant est un gage du développement de sa responsabilité personnelle. Si nous ne laissons pas l’enfant essayer tout seul, si nous faisons à sa place, c’est la confiance en soi, l’estime de soi, mais aussi la volonté, la persévérance et la prise d’initiatives qui seront affectées.
Je vous propose de lire ce billet pour doser utilement l’aide apportée aux enfants : Comment doser notre aide pour aider utilement les enfants (philosophie de Maria Montessori).
On pourra apprendre aux enfants à penser “solutions” plutôt que se décharger sur nous (ou toute autre personne) pour leur trouver des solutions toutes faites (voire les leur imposer par la contrainte) : “qu’est-ce que tu peux faire face à ce problème ? à quelle solution penses-tu ? comment faire pour être sûr que tu penses à… ?” A défaut, on pourra au moins leur laisser le choix entre plusieurs solutions, ou alors partir de nos propositions pour qu’ils inventent la leur.
Quelques repères d’âge pour les tâches de la maison
- À partir de 2 ans : jeter des papiers, des peaux de banane à la poubelle, ranger les chaussures à leur place, mettre les vêtements sales dans le panier, etc.
- À partir de 4 ans : s’habiller seul, aider à mettre le couvert, ranger ses livres et jouets, plier les serviettes de bain, trier les chaussettes, etc.
- À partir de 6 ans : passer l’éponge sur la table, vider le lave-vaisselle, descendre le panier de linge sale à la buanderie, vider le sèche-linge, porter un sac de courses, ranger sa chambre, ôter ses draps sales, ranger ses vêtements propres dans ses tiroirs, etc.
Observez vos enfants et demandez-vous toujours s’il n’y a pas quelque chose que vous faites pour eux alors qu’ils en sont capables : vous diminuerez ainsi votre charge tout en augmentant leur autonomie et leur confiance en eux. – Marion McGuinness
………………………………………………………….
Source : Grandir heureux, une aventure en famille (le guide pratique d’éducation positive) de Marion McGuinness (éditions Mango). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
Commander Grandir heureux, une aventure en famille sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac
Crédit image : vectorpocket / Freepik