Émotions et parentalité bienveillante : que faire en cas de colère d’un enfant ?

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Crédit illustration : freepik.com

 

Quand un enfant se met en colère, nous pouvons être bien démunis en tant que parents et passer à côté de la vérité de la colère : un enfant se met en colère parce qu’il sent que son identité, sa dignité sont menacées et qu’il a besoin de reconnaissance. La colère est l’émotion qui lui permet de reprendre sa place, sa force et d’affirmer son identité, de restaurer son intégrité (physique aussi bien qu’émotionnelle). Ce n’est pas tant l’émotion de colère qui pose problème (puisqu’elle est légitime et utile) mais les comportements qui peuvent accompagner la colère (taper, crier, casser des choses…).

Il est inutile de vouloir contrôler l’émotion (par exemple en lui expliquant que la colère ne sert à rien, en lui disant qu’il est méchant ou encore en lui interdisant de s’exprimer). De même, donner des conseils, du type “Tu n’avais qu’à faire ci” ou “Va dire ça à ton copain” sont inefficaces car non seulement l’enfant n’a pas accès à la raison, mais en plus l’enfant a besoin de trouver ses propres solutions pour restaurer son sentiment d’identité.

Dans son livre Émotions : quand c’est plus fort que lui !, Catherine Aimelet-Périssol formule quelques pistes pour accompagner avec bienveillance l’émotion de colère des enfants :

  • se mettre à hauteur physique de l’enfant, tout en conservant un peu de distance si l’enfant refuse d’être approché, et arrêter les éventuels coups sans faire mal à l’enfant mais en redirigeant ses gestes et en le contenant si nécessaire

 

  • demander à l’enfant de verbaliser ce qui se passe dans son corps : “Où est-ce que ça chauffe ? Mets ta main dessus quelques instants.”

 

  • refléter ce que l’enfant dit (ex : “Tu es méchante, maman !” -> ” Tu me trouves méchante parce que j’ai dit non.”). Cette manière de refléter les paroles de l’enfant présente deux avantages :
    • l’enfant se sent compris, rejoint dans ce qu’il vit et entendu et peut s’apaiser plus rapidement car il se sent autorisé à libérer la tension qui l’habite;
    • le parent ne prend pas les réactions de l’enfant comme un affront personnel mais resitue les paroles de l’enfant qui lui appartiennent en propre.

 

  • mettre des mots sur la nature et la fonction de l’émotion de colère :
    • “Tu sais, quand on en veut à quelqu’un mais qu’on n’ose pas le lui dire directement, alors on se défoule sur d’autres objets ou personnes.”
    • “C’est normal de se disputer, vous allez tous les deux passer par un moment de colère et vous trouverez une solution plus tard.”
    • “C’est vrai que, quand quelqu’un nous dit non, on se met en colère parce que ça nous aide à accepter les choses qu’on ne peut pas changer”.

 

  • accueillir l’émotion de l’enfant comme légitime (c’est la “bonne” solution qu’il a trouvée sur le moment en fonction de ses compétences émotionnelles et de son expérience; il va pouvoir apprendre avec le temps et avec notre aide à réguler ces émotions et à trouver des moyens d’expression socialement plus appropriés)

 

  • en cas de dispute, demander à l’enfant de parler de lui plutôt que des autres afin de recadrer les propos de l’enfant sur ses émotions et son vécu plutôt que mal parler des autres (ex : “Les autres ne m’intéressent pas. Je voudrais que tu me dises comment toi, tu te sens, ce que ça fait dans ton corps et ce que tu te dis.”)

 

  • une fois l’émotion exprimée et la tension déchargée, il est possible de passer à la recherche de solutions :
    • imaginer des solutions pour la prochaine fois que survient ce même type de situations (par exemple, faire le tigre qui rugit et fait ses griffes sur un arbre plutôt que jeter des objets; demander un câlin; s’éloigner de l’autre…);
    • trouver des solutions pour réparer la relation et se réconcilier en cas de dispute (inviter l’enfant à s’excuser sans le forcer, dans le temps qui lui convient car il devra surmonter sa honte dans un premier temps).

 

C’est en adoptant ces attitudes d’écoute, constructives et productives, que vous favoriser la conscience émotionnelle chez les plus jeunes. Il s’agit d’éveiller l’enfant à la valeur de l’émotion, à ses messages et au caractère naturel de son expression. Il acquiert ainsi la conscience qu’il est un être à la fois vivant, avec un corps sensible et qui peut être heurté par des événements divers, et intelligent car capable de comprendre et de raisonner. La conscience émotionnelle est la capacité à :
-identifier son propre état émotionnel : qu’est-ce qui m’arrive ?
-identifier l’état émotionnel de l’autre : il lui arrive quelque chose, je le perçois;
-comprendre le mécanisme, logique et naturel, de l’émotion;
-accepter cette information inconfortable et vitale ainsi que celle de l’autre;
-réfléchir à partir du message émotionnel et celui de l’autre. – Catherine Aimelet-Périssol

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Émotions : quand c’est plus fort que lui ! Aider son enfant de 3 à 11 ans à bien grandir de Catherine Aimelet-Périssol (éditions Leduc S) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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