Comment retrouver la liberté d’être les parents que nous souhaitons être ? 

exercice histoire parents

Je me suis inspirée du livre “Il n’y a pas de parent parfait” d’Isabelle Filliozat pour rédiger cet article.

Isabelle Filliozat écrit que nous sommes le plus souvent ambivalents dans notre rôle de parents. Consciemment, nous désirons tout le meilleur pour nos enfants mais il arrive qu’une autre partie de nous, inconsciente, aille dans le sens contraire : nous sommes amenés à crier plus fort que ce que nous voudrions, ou à punir pour des gestes que nous estimons futiles avec du recul. Des remarques désagréables nous échappent, nous ne les préméditons pas. Elles nous surprennent même parfois.

Dans son livre, Isabelle Filliozat nous conseille alors de suivre la piste de nos débordements pour en découvrir l’origine. Ceux-ci nous parlent de nous. Plus nous comprendrons l’origine de notre tendance à la violence, plus nous la mettrons au jour, moins elle aura de puissance, moins nous serons gouvernés par des automatismes qui paraissent plus forts que nous.

Une évidence ressort à la lecture de “Il n’y a pas de parent parfait” :

Pour mieux écouter et accompagner nos enfants, nous avons tout d’abord à accomplir un chemin vers nous-mêmes.

Guérir notre propre histoire nous aide non seulement à aimer nos enfants, mais leur rend la liberté d’être eux-mêmes. Quand la communication devient trop difficile, quand les disputes éclatent trop souvent, il peut être utile de se poser la question : qu’est-ce qui se passait pour moi au même âge, dans ces mêmes circonstances ?

Le manque d’intimité est un indice selon Isabelle Filliozat. Dès que nous n’arrivons plus à nous sentir proches de nos enfants, cela signifie qu’il se passe quelque chose en nous qui nous éloigne d’eux. Pourtant, il n’est pas simple de changer de mode de fonctionnement, même si nous sommes convaincus du bien-fondé d’une éducation bienveillante :

  • D’une part, nos habitudes sont bien ancrées du fait de notre histoire individuelle et nous sommes imprégnés de la socioculture dans laquelle nous vivons (gestes éducatifs promus, politiques familiales qui rendent la vie parentale plus ou moins facile, organisation des modes de vie qui peut générer du stress et de la fatigue…);
  • D’autre part, nous craignons parfois les réactions de notre entourage.

Nous poser des questions, revenir sur notre propre histoire, changer nos manières de nous adresser à nos enfants demande beaucoup d’efforts et d’investissement dans le temps.

bonheur avec les enfants

Colère, culpabilité, émotions : 3 exercices pour apaiser le quotidien

Je vous propose ces 3 exercices car ce sont ceux qui me “parlent” le plus, qui correspondent à mes axes de progrès. Le livre d’Isabelle Filliozat en propose plusieurs autres (notamment “le regard des autres”, “il pleure”, “le langage de la tendresse”, “je n’arrive pas à aimer mon enfant”, “face à un mauvais résultat”, “il est toujours temps de réparer ces erreurs”…)

1. S’observer sans culpabiliser

Il ne s’agit pas de repérer tout ce que nous faisons de “mal” mais de nous observer sans nous juger en tant que personne (mauvais père ou mauvaise mère, mère ou père parfait(e) ).

N’oubliez pas que respect et tendresse seront de meilleurs compagnons d’évolution que culpabilité et remords.

Nous pouvons prendre des notes dans un carnet pendant quelques jours sur nos réactions face à nos enfants :

– Combien je passe de temps effectif avec eux ? (c’est-à-dire centré sur eux, à jouer, parler, câliner, danser…).

– Comment j’inclus mon enfant dans mes activités ? (faire la cuisine, le ménage, les courses…) Comment je lui fais sentir que j’ai besoin de lui et que sa contribution compte ?

– Comment je le nourris ? (en quelles quantités, nourriture équilibrée/ bio/ fast food, quand il veut ou plutôt à heure fixe, un mélange de tout ça en fonction des situations ou avec des idées bien arrêtées sans dérogation possible…)

– Comment je l’embrasse ? (sur les joues, sur la bouche, partout, du bout des lèvres, tout le temps, jamais…)

– Comment je le touche ? (pour le soigner et le laver uniquement, en le massant, en le câlinant, en le faisant sauter sur les genoux, en le frappant, en le portant, souvent ou rarement, avec ou sans sa permission, en le forçant quand il ne veut pas…)

– Et comment je me sens dans ce toucher ? (froid(e), chaleureux(se), aimant(e), contraint(e)…)

– Comment j’écoute ses émotions ? (pas du tout, seulement les rires, pas les colères, je les nie ou les minimise…)

– Comment j’écoute ce qu’il raconte de sa vie, de ses jeux, de ses copains ? (distraitement, avec intérêt, brièvement, en faisant autre chose, longuement, en l’interrompant…)

– Comment je lui parle de moi et de ma vie ?

– Comment je gère quand il ne m’écoute pas ? comment je réagis face à ses incartades ?

– Comment je refuse ? (jamais, maladroitement avec des failles dans lesquelles il s’engouffre, avec peur de perdre son amour, trop souvent, par principe pour poser des limites…)

– Comment je l’aide et comment je le laisse grandir ? J’observe ce que je fais pour lui (le laver, lui couper ses aliments, le servir, faire son lit, ranger son linge…) et je vérifie : “serait-il capable de le faire tout seul ?”

– Comment je l’encourage à s’éloigner ?

– Comment j’accepte qu’il grandisse et s’éloigne de moi, qu’il soit différent de moi ?

Puis nous pourrons réfléchir au contact que nous avons avec nos enfants : dans l’idéal et dans la réalité. 

Mes points forts (ce que j’aime dans ma relation à mes enfants) :

Mes points faibles (ce que je n’aime pas de moi dans ma relation à mes enfants) :

Les situations dans lesquelles j’ai tendance à me sentir impuissant(e) ou démuni(e), où je perds mon sang froid :

Mes convictions éducatives :

Les convictions éducatives de mes parents :

Ce qui le plus difficile pour moi dans l’éducation de mes enfants :

Quelques-unes de mes réactions typiques face aux non respect de mes limites :

– face aux cris des enfants :

– face aux bagarres entre frères et sœurs :

– face à ses refus et oppositions :

– face à ses désirs que je ne peux/ veux assouvir :

– face à ses colères :

– face à ses pleurs :

– face à ses difficultés à l’école ou dans ses relations avec les autres :

Je repère 3 situations ou comportement de mon enfant qui m’énervent :

J’écoute ce qui se passe en moi dans ces moments-là :

– Je me sens…

– Ça me rappelle…

– Les réactions que j’aimerais avoir :

Nous pourrons alors en déduire des décisions et des actions :

Le plus important à changer pour moi :

Les réactions que j’aimerais avoir :

Ce que je veux changer de plus important :

Quelques semaines plus tard, nous pourrons faire le point en reprenant ces mêmes questions : comment avons-nous évolué ? quels sont les axes de progrès restants ? qu’est-ce qui est facile ? qu’est-ce qui est difficile ? comment surmonter les difficultés qui persistent ?

 

2. Je m’énerve et cède à la colère

Isabelle Filliozat conseille de s’interroger sur les causes de notre colère à chaque fois que nous nous énervons contre nos enfants, pendant une dizaine de jours.

Quand je m’énerve face à un comportement de mes enfants, d’où viennent mes cris et à qui s’adressent-ils en réalité ?

On pourra noter les causes de notre colère (liste non exhaustive) sur une feuille et faire une croix sur la ligne correspondante :

  • fatigue
  • chaleur
  • cycle hormonal
  • problèmes au travail (conflits avec des collègues, menace de licenciement, harcèlement moral ou sexuel…)
  • tension dans le couple
  • poids du quotidien assumé seul(e) (tâches ménagères, trajets pour les enfants, bain, repas, coucher…)
  • manque de contrôle sur la situation, impuissance
  • difficultés financières
  • maladie/ décès dans l’entourage proche (famille, amis…)
  • frustration
  • injustice
  • inquiétude
  • automatisme non contrôlé
  • vengeance inconsciente (je n’ai pas eu le droit à de la tendresse/ de la patience… quand j’étais enfant, mon enfant n’en aura pas non plus)
  • manque de reconnaissance
  • isolement, solitude

On pourrait aussi se demander à qui s’adressait vraiment ces cris : à l’enfant ou à l’autre parent qui est absent pour soulager la prise en charge du quotidien ? à l’enfant ou au chef imbuvable qui multiplie les demandes irréalisables au travail ? à l’enfant ou aux services de l’État incompétents face à un de nos problèmes ? à l’enfant ou à l’automobiliste mal garé qui nous empêche de sortir de notre place de parking ?

Une fois le bilan effectué au bout de 10 jours, faisons place à l’émotion et aux décisions.

Nous pouvons trouver toutes sortes de façon de libérer notre énergie : parler avec une personne qui ne nous jugera pas (cela peut être un(e) ami(e), un membre de la famille ou même un professionnel), pleurer, courir, jouer au tennis ou au foot, malaxer des aliments en cuisinant…

Ensuite, intéressons-nous aux moyens d’assouvir les besoins dont la non réalisation est source des énervements les plus fréquents comme par exemple :

  • demander de l’aide (comme une thérapie avec un professionnel ou des ateliers de soutien à la parentalité),
  • trouver du soutien (de la part du conjoint, des voisins, des parents qui peuvent prendre les enfants à jouer ou dormir de temps en temps, de l’écoute attentive et bienveillante de la part des amis…)
  • effectuer des changements si nécessaire (changement de travail si c’est envisageable, changement d’organisation quotidienne, changement d’alimentation…),
  • provoquer des rencontres (aller à la PMI ou se renseigner s’il existe des groupes de rencontre de parents dans la région),
  • mettre en place des rituels consacrés à soi (sport, sortie entre amis ou seul(e)…)

 

3. Écrire sur la naissance et la lui raconter

Cet exercice me “parle” particulièrement car ma fille est née prématurée et nous sommes restées 1 mois en néonat. Je suis intimement convaincue que ses problèmes de sommeil viennent de là. J’avais beaucoup écrit à sa naissance (j’en parle ici) et je lui raconte de temps en temps sa naissance, quelle personne m’a emmenée à la maternité, comment ça s’est passé, combien de temps nous y sommes restées. Je lui montre souvent l’album de vie que j’avais commencé à la maternité et que j’ai continué à entretenir jusqu’à ses 5 ans.

Ecrire

Comment je me suis senti(e) lors de l’accouchement ?

Etais-je présent(e) : à moi-même ? à mon conjoint(e) ? au bébé ? à ce qui se passait ?

Qu’est-ce que j’ai aimé ?

Qu’est-ce que j’ai moins aimé ?

Comment ai-je vécu la douleur ?

Me suis-je senti(e) bien accompagné(e) ?

Quelles étaient les émotions présentes en moi (colère, peur, tristesse amour, dégoût) ? Ai-je pu exprimer ces émotions ?

Cet accouchement s’est-il déroulé comme prévu ?

Comment je me suis senti(e) avec mon tout petit bébé ?

Comment ai-je pu partager cet instant avec l’autre parent ?

Qu’est-ce qui m’a manqué ? De quoi aurais-je eu besoin ?

Guérir le passé

1. Guérir à l’intérieur

Une fois les émotions et les blocages identifiés, il est nécessaire de les extérioriser en écrivant et en parlant (à l’autre parent, à un(e) ami(e), à un membre de la famille, à un professionnel…). Si les larmes viennent, cela signifie que l’émotion sort : il est essentiel de les laisser couler jusqu’au bout.

2. Restaurer le couple parental si possible

Les sentiments de culpabilité mêlés à de la rancœur ont tendance à faire des nœuds. – Isabelle Filliozat

La présence d’un tiers peut faciliter la communication au sein du couple (psychothérapeute).

3. Parler à l’enfant

Une fois le travail de clarification et de guérison opéré pour soi, le moment de la réparation pour l’enfant vient en son temps. On peut saisir l’occasion d’une question de l’enfant, d’une émotion forte qui semblait être en lien, d’un moment d’intimité autour de photos, de la lecture d’un livre, d’une émission de télé… Il s’agit de partir du moment et du besoin de l’enfant plutôt que de notre propre envie de parler. – Isabelle Filliozat

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Source : Il n’y a pas de parent parfait : Apprenez à vous détacher des schémas familiaux révolus de Isabelle Filliozat (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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