3 idées pour apprendre à apprivoiser la colère (retour au calme pour les enfants)
La colère n’est pas une volonté de tester les parents, de les pousser à bout ou de leur faire honte en public. L’enfant a le droit d’éprouver de la colère, c’est l’émotion naturelle de la frustration. La colère est une réaction saine et primitive minimisant les effets néfastes d’une situation de soumission ou de frustration.
A l’âge adulte, la colère est à l’origine des soulèvements contre l’oppression, l’injustice, le manque de reconnaissance – contre toute forme de mépris social ou de négation de la personne, d’atteinte à sa dignité humaine. C’est aussi l’émotion qui signifie que nos limites personnelles sont dépassées. Parfois, la colère est comme une “deuxième” émotion parce qu’elle est induite par la peur (par exemple quand on s’énerve après quelqu’un qui a grillé un feu rouge). Il ne faut donc pas avoir peur de la colère. Le problème n’est jamais l’émotion de colère en soi, mais la manière dont est manifestée la colère.
A tout âge, on peut apprendre à apprivoiser l’émotion de colère. Les adultes pourront dire aux enfants que la première chose à faire quand ils sont en colère est de prendre conscience qu’ils sont en colère et l’accepter sans chercher à minimiser la colère. La nommer, c’est déjà en diminuer l’intensité.
Quand un enfant sent que sa colère est tellement forte qu’elle va déborder et se transformer en violence, il pourra alors chercher un moyen pour décharger la colère. C’est là que des outils pour apprivoiser la colère peuvent être utiles. Il est possible de présenter ces outils et stratégies de retour au calme aux enfants en dehors de moments émotionnellement difficiles, par exemple sous forme de jeux puis, en cas de besoin, de leur proposer d’y avoir recours (“Tu te rappelles quand on a fait…, est-ce que tu penses que ça t’aiderait de… ?”).
Quoiqu’il en soit, dire à un enfant “Calme-toi !” n’est pas efficace. Souvent, nous cherchons à calmer les enfants en colère alors qu’ils ont plutôt besoin de décharger leur énergie afin qu’elle ne reste pas en tension. Mieux vaut mettre des mots sur son émotion de colère (“Wow, je vois que tu es vraiment en colère, tu es plus que furieux !”) et les accompagner avec le calme qu’on attend d’eux en proposant de décharger l’énergie de colère jusqu’au retour au calme.
Ces outils de régulation de la colère peut être proposé à des enfants à partir de 7 ans (et être utile aux adultes également).
1.La bombe de la colère
La bombe de la colère aide les enfants à réguler la colère explosive qui risque de se transformer en violence. Il ne s’agit ici pas de réprimer la colère, mais de permettre aux enfants (et aux adultes) de disposer d’un moyen pour éviter qu’une grosse colère se transforme en violence.
L’idée est de comparer une colère explosive à une bombe. Quand un enfant sent que sa colère risque de se transformer en violence (quand il a envie de casser, de crier ou de frapper quelqu’un), alors il peut penser à sa colère comme une bombe sur le point d’exploser. Il peut alors choisir de couper le fil pour désamorcer la bombe et éviter qu’elle n’explose. Couper le fil de la bombe, c’est faire dégrossir la colère éprouvée pour éviter la violence. Chaque fois qu’un enfant est tellement en colère qu’il a envie de hurler, de dire des mots méchants ou de taper, il peut repenser à la bombe et choisir de la désamorcer.
Une fois cette colère désamorcée, il est possible d’agir à partir de l’énergie de la colère pour servir des besoins et formuler des demandes.
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2.L’iceberg de la colère
Les émotions sont toujours en lien avec des besoins. On pourrait comparer la dyade émotions/ besoins à un iceberg : l’émotion est la pointe émergée, visible de l’iceberg et le (ou les) besoin(s) en sont la partie immergée, non visible. Derrière une émotion se cache toujours un ou des besoins, donc c’est le cas pour l’émotion de colère.
En cas de grosse colère et de conflits, il est possible de rappeler à l’enfant le système de l’iceberg des émotions : “Rappelle-toi, quand tu ressens de la colère, c’est qu’il y a des besoins dessous, comme la partie immergée de l’iceberg. Dis-moi ce qu’il y a sous ta colère. Tu peux le noter dans ton iceberg de la colère.”
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3.La vague de la colère
Les émotions sont comparables à des vagues. Comme une vague, l’émotion s’élève dans le corps (sous forme de sensations comme la gorge nouée ou les poings serrés), dans le coeur (sous forme de ressentis comme la solitude ou l’injustice) et dans la tête (sous forme de pensée comme “il est bête” ou “je vais lui faire payer”). A la manière des vagues, les émotions grandissent, puis redescendent et finissent par disparaître. Ce mouvement de l’émotion est naturel.
Il est possible d’expliquer ce mouvement naturel de l’émotion de colère aux enfants à l’aide de l’image de la vague. L’idée est d’amener les enfants à reconnaître quand la colère arrive en eux en les sensibilisant à ce qu’ils sentent à l’intérieur : on sent l’arrivée de la colère à ce qui se passe en soi (“tu sens que ça bouge à l’intérieur de ton corps et que tu as envie de faire quelque chose comme pleurer, crier ou taper”). Les enfants pourront alors imaginer qu’ils sont sur une vague et dire “oui” à leur émotion en l’accompagnant sur le chemin de la vague. Peut-être que l’émotion montera très haut mais elle finira par redescendre. La vague des émotions permet de matérialiser ce discours et de permettre aux enfants de traverser leurs colères.
Quand ils sentent la colère naître en eux, ils peuvent suivre doucement la ligne de la vague avec un doigt en respirant profondément et en se disant qu’ils se promènent avec leur colère jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
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