Dans cette septième vidéo, Marshall Rosenberg explique la différence entre requête et exigence.
Comment utiliser le langage d’action pour formuler une demande ?
Les demandes doivent être claires. Les expressions vagues sont à bannir car elles cachent une malhonnêteté intellectuelle.
A la question “Que voulez-vous ?”, vous répondez en langage chacal si vous affirmez :
- Je veux que tu me donnes de l’espace/ de la liberté : ces phrases sont trop vagues
- Laisse moi te dire/ le faire (Caroline et Joseph Messinger disent même que l’expression “Laisse moi te dire” est le baromètre du laxisme)
- Permets moi de…
Qu’est-ce qu’une requête ?
Je formule une requête quand je demande de faire quelque chose dans le don naturel (voir la vidéo 1).
Quand je formule une requête, je pense : S’il-te-plaît, ne fais pas ce que j’ai demandé si tu
- as peur d’une punition,
- espères une récompense,
- penses que je vais t’aimer davantage,
- as un sentiment de honte ou de culpabilité,
- sens cette demande comme un devoir.
Comment faire la différence entre requête et exigence ?
La différence entre une requête et une exigence (ordre) se fait à la manière dont la personne va vous traiter si vous ne faîtes pas ce qu’elle vous a demandé.
Malheureusement, nous ne pouvons pas savoir à l’avance si une demande est une requête ou une exigence, même quand la demande est gentille.
Dès la vidéo 2, Marshall Rosenberg nous avait déjà prévenu que nous finissons toujours par payer si nous avons utilisé dans le passé la manipulation, le langage chacal pour obtenir ce que nous voulons.
Mais avec la CNV, nous refusons de payer, de nous exposer à ce retour de bâton : nous allons faire en sorte de toujours formuler des requêtes lorsque nous faisons une demande.
La principale différence entre requête et exigence tient dans la place du non :
La requête peut entendre un NON.
L’exigence ne peut pas entendre un NON : le non entraîne automatiquement une punition, une accusation, un reproche, une critique, un jugement.
Comment faire lorsque je formule une requête mais que mon interlocuteur entend une exigence ?
Même quand nous faisons une requête sincère, l’autre peut entendre une exigence.
1. Devant un refus, reprendre la réponse de la personne en face et montrer que l’on a compris son point de vue. Dans la vidéo, cela pourrait être : “J’ai entendu ton besoin de travailler, j’ai compris que ton travail te préoccupe“.
2. Demander s’il est possible de concilier les deux besoins : “Est-ce qu’il serait possible de terminer ton travail qui te préoccupe et que mon besoin de compagnie soit également satisfait ?“.
Dans son livre L’intelligence du cœur, Isabelle Filliozat cite un autre exemple : si on vous dit “Tu es nul(le)”, répondez par exemple “Tu es en colère car tu as le sentiment que je n’ai pas compris ce que tu voulais me dire“.
Le langage girafe trouve toujours un moyen de respecter le besoin de l’autre sans le culpabiliser ou le manipuler et essaie de trouver un moyen de satisfaire les besoins de chacun.
On peut dire “Je suis déçue“ tant qu’on ne dit pas “Tu m’as déçue”.
Marshall Rosenberg cite une expérience qu’il a vécue dans une école difficile. Il donne l’exemple d’un élève qui entend une exigence là où Rosenberg formule une requête. En langage girafe, le dialogue va porter sur une solution pour
- créer une relation où personne n’a l’impression qu’on donne des ordres,
- prendre conscience que ce que l’on demande est une requête mais pas une obligation à caractère autoritaire péremptoire.
Cela peut passer par une question du type :
“Comment puis-je vous demander de vous asseoir sans que vous ne preniez ça comme quelque chose que vous devez faire absolument ?”
“Comment puis-je vous dire ce que j’ai envie de faire aujourd’hui sans que vous ne le preniez comme un ordre ?”