Communiquer de façon positive en famille

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Dans leur livre Les compétences psychosociales, Béatrice Lamboy, Rebecca Shankland et Marie-Odile Williamson estiment que communiquer de façon positive, c’est être capable d’avoir des comportements verbaux et non verbaux bienveillants qui favorisent les relations au quotidien, même dans les situations difficiles. La communication positive évacue les mots blessants, l’agressivité, le système punition/ récompense et l’indifférence ainsi que l’évitement ou la fuite des discussions difficiles. Ces dernières manières de communiquer affectent les enfants qui peuvent être amenés à mettre en place des modes de protection (pseudo-indifférence, réactions agressives de protection, irritabilité, opposition, repli sur soi…).

A l’inverse, la communication positive vise des relations harmonieuses. Communiquer de façon positive, c’est changer de regard, d’attitudes et de paroles. Au quotidien, il est possible de tourner son attention sur ce qui va bien et de formuler davantage de phrases affirmatives. La communication positive passe également par le fait de prendre davantage le temps pour écouter ce que les autres – en particulier les enfants – ressentent et vivent (voir au-delà de ce qu’ils donnent à voir, considérer les comportements comme des fenêtres sur leur monde interne invisible).

5 sous-compétences de la communication positive

Communiquer de façon positive nécessite de maîtriser plusieurs sous-compétences verbales (mots prononcés) et non verbales (attitudes).

1. Éviter les attitudes et les mots blessants

Les attitudes et mots blessants peuvent prendre différents visages :

  • Compétences non verbales
    • Absence de réelle attention (faire plusieurs choses en même temps), manque de considération
    • Gestes et mouvements agressifs (attitude menaçante)
    • Voix forte et agressive/ cris
    • Ton méprisant, ironique, moqueur
    • Attitude de rejet de fermeture (bras croisés, ne pas regarder l’autre dans les yeux, lever les yeux au ciel, ne pas se mettre à la hauteur de l’enfant et le toiser…)
  • Compétences verbales
    • Faire des menaces
    • Utiliser des mots grossiers ou vulgaires, insulter
    • Se moquer, ridiculiser
    • Juger, rabaisser
    • Minimiser/ nier ce que l’autre ressent

Lire aussi : Les mots blessants et destructeurs à éviter dans l’éducation des enfants

2. Utiliser une attitude et des mots positifs

Les mots et attitudes positifs sont ajustés, encourageants et authentiques (c’est-à-dire personnels, reflétant une vulnérabilité assumée). En un sens, on pourrait dire que la communication positive est une communication “émotionnellement lettrée”. 

  • Les compétences non verbales positives :
    • Adopter une attitude d’ouverture (se tenir à la bonne distance; tourner son attention vers la personne et la regarder)
    • Utiliser un ton de voix bienveillant et un volume de voix adapté
    • Choisir le bon moment (communiquer quand l’autre est disponible et lui demander en cas de doute : « As-tu le temps de parler avec moi maintenant ? » « Quand puis-je te parler ? »; partager son calme plutôt que rejoindre l’autre dans son chaos)
    • Parler chacun à son tour (prendre le temps d’écouter l’autre; acquiescer avec des onomatopées du type “hum”, “oh”, “je vois”; entretenir la conversation en posant des questions)
    • Exprimer des gestes affectueux avec le consentement de l’autre (caresses, tapes dans la main, clins d’œil…)
  • Les compétences verbales positives :
    • Souligner les comportements appropriés, même les plus petits, sans attendre un comportement parfait ou exceptionnel pour se réjouir (ex : Tous les jeux ont été rangés, merci ! C’est agréable de vous voir tous participer ! J’ai vu que tu as aidé ton frère, cela s’appelle de l’entraide.)
    • Exprimer des émotions agréables quand elles sont ressenties (ex : Je suis très content de voir que…, Je suis rassurée quand…, Je ressens de la gratitude quand je t’entends dire… Cela m’enthousiasme de savoir que tu...)

3. Communiquer de façon empathique

Communiquer avec empathie consiste à percevoir ce que l’autre est en train de vivre et qui le conduit à agir/ parler comme il le fait. Il en s’agit pas d’être d’accord avec lui, mais plutôt d’essayer de se mettre à sa place pour tenter de percevoir « sa réalité » et créer un pont émotionnel avec lui.

Selon Béatrice Lamboy, Rebecca Shankland et Marie-Odile Williamson, communiquer de façon empathique implique quatre savoir-faire :

  • La compréhension non jugeante : explorer avec curiosité ce que vit l’autre selon son propre point de vue, raisonner en termes d’émotions et de besoins pour comprendre ses motivations internes et profondes.
  • L’écoute silencieuse : encourager l’expression d’autrui par une attitude attentive et non jugeante (regard, hochement de tête, mimique…), ainsi que par des petits mots validants (ah bon ?, ah d’accord !, hum, je vois…).
  • La reformulation active : refléter comme un miroir avec des mots simples ce que dit l’autre, sans dénaturer ses propos, son ressenti
  • La confirmation : formuler des hypothèses sur les émotions de l’autre et demander confirmation (ex : c’est cela ? est-ce que ça ressemble à quelque chose comme ça ? est-ce que c’est bien ce que tu veux dire ?).

4. Formuler des messages-je

Exprimer ses émotions de façon constructive à l’aide d’un « message-je » constitue une première étape de la résolution non violente d’un conflit. L’expression émotionnelle est bénéfique pour notre bien-être et notre santé et contribue à améliorer nos relations familiales. Le message-je permet d’exprimer les émotions ressenties sans attaquer, critiquer ou fuir l’échange. Ce type de message aide à clarifier ce que nous ressentons, tant pour nous-même que pour les autres.

Béatrice Lamboy, Rebecca Shankland et Marie-Odile Williamson rappellent qu’un message-je simple est constitué de trois parties :

  • une phrase à la première personne « je » afin de reconnaître qu’il s’agit de sa propre expérience émotionnelle et qu’il est important d’en prendre la responsabilité ;
  • l’utilisation d’un verbe d’état (« je me sens… », « je ressens… », « je suis… »…) afin d’exprimer le fait que c’est un ressenti, un état subjectif personnel mais réel ;
  • la dénomination de l’émotion sous forme de nom ou d’adjectif telle que : « de la joie » ou « joyeux », « de la colère » ou « furieux »…

5. Formuler et recevoir une critique constructive

La communication positive n’empêche pas d’exprimer les désaccords et d’affirmer des limites personnelles en fonction de besoins et de valeurs. Une critique constructive dépend de notre objectif (aider et améliorer plutôt que rabaisser l’autre, se venger, imposer son point de vue et prendre le pouvoir) et de la façon dont elle est formulée.

Il est inutile de crier ou de gesticuler dans tous les sens pour passer un message fort. Plus on gesticule, plus on devient rouge, plus on crie, moins on est crédible, et moins le contenu du message sera perçu.

  • Etapes pour formuler une critique constructive :

1. Vérifier mes propres objectifs : ai-je une réelle volonté d’améliorer la situation ? Ceci implique de ne pas faire une critique uniquement pour « vider son sac », rabaisser l’autre ou se valoriser.

2. Utiliser durant tout l’échange les techniques de communication positive (attitudes et mots positifs, empathie, messages-je).

3. Commencer par dire quelque chose de positif.

4. Décrire les faits-problèmes, et en quoi c’est un problème pour moi.

5. Proposer une solution ou de l’aide (sans rien imposer ni reprocher si ces conseils ne sont pas appliqués par l’autre qui a son propre libre arbitre).

6. Remercier pour le temps accordé et l’écoute.

Pour aller plus loin : L’art et la manière de dire ce qui fâche entre parents et enfants : le feedback “sandwich”

  • Etapes pour recevoir une critique de manière constructive :

1. Voir les motivations de la personne qui parle (raisonner en termes de besoins)

2. Écouter sans interrompre

3. Poser des questions pour mieux comprendre

4. Ne pas argumenter : ce n’est pas le moment de faire un débat.

5. Remercier pour la confiance démontrée via l’initiative de cette discussion

Pour aller plus loin : Quand les enfants accusent les parents (tu ne m’achètes JAMAIS rien, tu es TOUJOURS en retard)

 

Il est essentiel de se rappeler que les enfants apprennent tout d’abord par l’observation. Ils imitent la manière dont les pairs et les adultes se comportent. Si les cris et l’agressivité font partie des modes courants de communication, les enfants auront alors tendance à faire de même. À l’inverse, la communication positive permet de créer un climat relationnel positif, favorable au développement de l’enfant et à l’équilibre du groupe. Les enfants se sentent respectés et apaisés. À leur tour, ils peuvent davantage respecter les autres et mieux se considérer eux-mêmes. Des relations de confiance peuvent s’installer, favorisant ainsi l’estime de soi, le bien-être et la réussite éducative. – Béatrice Lamboy, Rebecca Shankland et Marie-Odile Williamson

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Source : Les compétences psychosociales : manuel de développement de Béatrice Lamboy, Rebecca Shankland et Marie-Odile Williamson (éditions De Boeck Supérieur).

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