L’importance de raisonner en termes de besoins pour développer nos compétences émotionnelle et relationnelle 

combler manque de connaissance nous mêmes

La Communication NonViolente est une façon de penser et de parler qui nous invite à voir chaque humain, quels que soient ses actes et conditionnements, comme habité de sentiments et de « besoins ». Le mot “besoin” est ici synonyme d’aspirations, de valeurs, de souhaits, de rêves et exprime ce qui est précieux, important aux yeux de la personne. Les besoins sont les moteurs de nos actions et colorent nos ressentis émotionnels.

Nous sommes nombreux à manquer de compétences et de vocabulaire pour décrire ce qui se passe en nous en lien avec ce qui compte vraiment pour nous. Développer l’intelligence émotionnelle et relationnelle passe par un travail sur le corps, sur les sensations et le vocabulaire associé aux sentiments et aux besoins. Construire un vocabulaire riche autour des ressentis et valeurs permet d’être pleinement conscient de soi-même, de mieux se connaître et de communiquer de manière pacifiée.

Même pour les adultes, il n’est pas si facile de nommer les sentiments avec précision :

  • nous sommes plus souvent enclins à dire “Je me sens bien” ou “Je me sens mal” qu’à nommer les sentiments précis que nous éprouvons;
  • à la question “Quel est ton ressenti ?”, nous avons tendance à raisonner en termes de “J’aime/ j’aime pas“, “C’est intéressant/ ce n’est pas intéressant“;
  • même quand nous pouvons identifier la nature du sentiment que nous éprouvons, il reste difficile d’en évaluer l’intensité et de le désigner avec un mot précis qui nous apporte de la clarté et communique aux autres comment nous nous sentons réellement et ce à quoi nous aspirons.

Nous sommes plus heureux et donnons le meilleur de nous-même quand nos besoins sont reconnus et pris en compte. La reconnaissance de nos besoins par autrui est facilitée quand ils sont d’abords reconnus par nous-mêmes : quels sont mes besoins insatisfaits, dissimulés par mes critiques, par mes ruminations, par mon irritation ou mon impression d’impuissance ?

Nos sentiments, sensations, émotions ne nous habitent pas par hasard, ils trouvent leur origine, leur racine dans nos besoins, terme englobant nos besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, éliminer), émotionnels (amour, partage, tendresse, joie, sécurité, etc.) et nos valeurs les plus hautes et les plus nobles (beauté, évolution, sens, communion, authenticité, cohérence, équité, altruisme…). – Anne van Stappen

Anne van Stappen, formatrice en Communication NonViolente et autrice du cahier J’écoute mes besoins profonds, estime que se relier à ses sentiments est précieux, parce que, quand un sentiment est désagréable, il nous signale que nous avons des besoins insatisfaits. Or c’est seulement quand on connaît ceux-ci qu’on peut agir pour tenter de les satisfaire.

Les 3 catégories de besoins

Anne van Stappen classifie les besoins en 3 catégories :

1.Besoins basiques

Ces besoins basiques sont d’ordre physiologique (manger, respirer, dormir…).

2.Besoins plutôt égotistes

Les besoins dits égotistes sont l’expression d’une attente de quelque chose de la part d’autrui (considération, compréhension, reconnaissance, aide…). Ils sont des “besoins en manque” car leur expression risque d’être prise pour des reproches déguisés. Par exemple : « J’ai besoin de considération » peut être interprété comme : « Tu ne me considères pas ! ».

3.Besoins liés à des qualités de la conscience

Les besoins liés à des qualités de la conscience parlent de ce qui célèbre la vie, d’une valeur noble, d’une aspiration élevée (contribuer à la vie, évoluer en conscience, créer du beau). Il n’y a plus d’allusion à autrui ou à un contexte extérieur mais on parle ici de joie pure, de confiance en soi, du don du meilleur de soi, du sens de la vie.

 

Les besoins égotistes sont comme des besoins sous jacents liés à des manques (ex : besoins de partage, d’intimité, de détente, de sécurité) et les besoins liés à des qualités de la conscience sont profonds et liés à ce qui donne la saveur à la vie et aux relations (épanouissement de soi, épanouissement de la relation, plein sens de son choix de vie, don de sa pleine mesure). Il nous arrive souvent de confondre nos besoins égotistes avec nos aspirations profondes, par manque de connaissance profonde de nous-même et par manque de vocabulaire pour déterminer ce qui se passe en nous.

Combler le manque de connaissance de nous-même 

Souvent, nous ne sommes pas conscients de nos besoins profonds, dissimulés sous les autres niveaux de besoins car nous sommes habitués à penser que c’est l’autre qui est responsable de ce qui dysfonctionne et que c’est à l’autre de changer.

Nous pouvons apprendre à distinguer les besoins profonds des besoins en manque (sous jacents) :

  • Les besoins profonds et inspirants nous font pétiller, nous donnent de l’élan, parlent de nos rêves et de nos aspirations. Nous nous sentons solides quand nous sommes en lien avec ces besoins car il nous indiquent que nos actes et nos valeurs sont alignés.
  • Ces besoins sont sources de motivation car ils sont inspirants tant pour soi que pour l’entourage. Par exemple : « J’ai besoin de créer du beau. »
  • Ils n’impliquent que nous-même et ne cherchent pas à faire faire quelque chose à autrui. Par exemple, « J’ai besoin de donner le meilleur de moi et j’y arrive mieux dans le calme » est différent de « J’ai besoin de silence » (qui sous-entend que l’autre doit se taire et qu’il est trop bruyant, incapable de se rendre compte par lui-même qu’il dérange les autres).

Une fois le besoin profond identifié (comme « J’ai à cœur d’accomplir au mieux mon travail »), nous pouvons imaginer une demande, à faire à nous-même ou à l’autre. Si cette demande s’adresse à une autre personne, elle émergera d’une aspiration profonde et non pas d’un reproche ou d’une plainte.

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Pour aller plus loin : J’écoute mes besoins profonds de Anne van Stappen (éditions Jouvence). Disponible en librairie, en centre culturel ou sur internet.

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