Quand la mémoire traumatique nous empêche d’être les parents que nous aimerions être

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Crédit illustration : freepik.com

 

Dans son cahier sur la famille, Isabelle Filliozat rappelle de nombreux parents sont très surpris de se découvrir si bousculés et prêts à hurler ou taper face à des comportements tout à fait normaux des enfants : refuser de manger tel aliment, traîner pour s’habiller… Même si nous savons que notre réaction est disproportionnée et même si nous regrettons d’être passés à l’acte quand c’est le cas, cette tendance à la violence existe et peut être difficile à contenir.

Il existe des “ennemis” des parents (le stress, la fatigue, l’isolement) mais la cause principale de la maltraitance (fessée, cris, humiliations, tirage d’oreille…) réside dans la violence subie dans notre propre enfance (toutes les formes de violence : verbale, physique, psychologique). En ce sens, Isabelle Filliozat reprend les idées d’Alice Miller qui estime qu’il n’est pas vrai que le stress, la pauvreté ou le manque de temps “fabriquent” des parents maltraitants. Ces éléments peuvent déclencher plus souvent la mémoire traumatique mais ce sont les tourments de leur propre enfance qui fabriquent des parents violents et, de plus, inconscients de ce qu’ils font.

Il est de notre responsabilité de travailler sur notre mémoire traumatique en identifiant les déclencheurs de nos réactions disproportionnées. En parallèle, nous pouvons acquérir de nouvelles compétences parentales afin de casser le cercle de la violence éducative (y compris ordinaire).

Des conditions sont nécessaires pour assurer l’efficacité et le respect des règles familiales

Isabelle Filliozat reconnaît donc qu’il est très difficile d’adopter une éducation bientraitante sans travail sur la mémoire traumatique et que ce travail pour penser autrement peut être soutenu par l’acquisition de nouvelles manières de faire.

Parmi ces compétences parentales, Isabelle Filliozat rappelle que la mise en place de “règles” familiales n’est pas la panacée. Les règles seules ne font pas tout pour l’harmonie familiale car des conditions sont nécessaires pour en assurer l’efficacité et le respect :

  • Vérifier qu’elles soient adaptées à l’âge des enfants et à leur niveau de développement (capacité à réaliser physiquement les attendus, développement cognitif suffisamment développé pour concevoir et comprendre ce qui est attendu, régulation émotionnelle suffisante)

 

  • Remplir le réservoir affectif de l’enfant aussi souvent que possible en passant du temps ensemble, en jouant, en se faisant des câlins…

 

  • Suivre les règles en tant qu’adultes pour activer le pouvoir de l’exemple

 

  • Vérifier l’état émotionnel et physiologique des enfants quand ils semblent incapables de coopérer (parfois, l’excès de stress ou la fatigue ne permettent plus de respecter une règle)

 

  • Dire quoi faire plutôt que ce qu’il ne faut pas faire (ce qui est attendu plutôt que ce qui est interdit)

 

  • Énoncer la règle en termes de “quand… alors…” (ex : “quand on est fâché ou frustré, alors on le dit avec des mots” ou “quand on est trop énervé, alors on peut taper des pieds !”)

 

  • Enseigner des compétences émotionnelles et sociales pour savoir quoi et comment faire quand on est en conflit ou en proie à une grande frustration (cela peut passer par des outils du type boîte à soucis et à bonheurs ou bien les conseils de famille, ou encore apprendre à réparer plutôt que se dédouaner ou mentir par peur des punitions)

 

  • Cultiver la gratitude au sein de la famille (se dire régulièrement merci pour des choses du quotidien, faire preuve de reconnaissance pour les petits actes et passer le message d’amour)

 

  • Décrypter l’agressivité en mal-être (Isabelle Filliozat écrit : “Inutile de s’énerver face à un hérisson qui nous montre ses piquants, il ne fait que tenter de protéger son petit ventre si doux et vulnérable.”). Raisonner en termes d’émotions, de besoins et d’attachement  face aux comportements difficiles des enfants aide à traiter la cause plutôt que simplement le symptôme.

 

  • Identifier des valeurs communes à vivre au sein de la famille à partir de questions du type :
    • quelles idées défendons-nous ?
    • quelles valeurs guident nos actes ?
    • comment aimerions-nous que les gens nous décrivent ?
    • que voulons-nous apporter aux autres en tant que groupe familial ?
    • quelle est la contribution de notre famille au monde pour qu’il devienne meilleur ?

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Source : Cahiers Filliozat – Ma famille de Isabelle Filliozat et France Marue Perreault (éditions Nathan). Disponible en librairie, en centre culturel ou sur internet.

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