Soutien à la parentalité : prendre soin de son couple
Dans leur livre Amour et émotions : préservez votre couple du piège des émotions, Diana Richardson et Michael Richardson propose quelques clés pour une communication saine et efficace en couple. Ces ressources peuvent être particulièrement utiles en cette période anxiogène où le stress et l’incertitude nécessitent des liens solides de soutien mutuel.
1.Identifier l’intention cachée derrière les mots
Réfléchir avant de parler est une clé pour éviter de dire ou faire des choses qu’on regrettera ensuite. Nous pouvons prendre l’habitude de nous poser quelques questions clés qui vont nous permettre de clarifier notre discours interne avant d’ouvrir la bouche :
- Pourquoi suis-je en train de dire ceci ?
- Comment suis-je en train de dire ce que j’ai à dire ?
- Suis-je en train d’utiliser certains mots pour blesser ou me venger ?
- Est-ce que ce que je suis en train de dire est en relation avec la situation présente ici et maintenant ?
- Suis-je en train de décharger des émotions ou du stress sur mon partenaire ?
Quand nous envoyons des “flèches émotionnelles” au partenaire, nous pouvons nous en sentir soulagés mais cela se fait aux dépends de la relation et cela se “paiera” d’une manière ou d’une autre plus tard (à travers de la contre-attaque de l’autre, de la fuite sous forme de silence par exemple ou encore de la rancœur ressassée).
2.Communiquer sur les ressentis (parler et écouter avec le cœur)
La vulnérabilité est le fait d’oser exposer des sentiments intimes comme la peur, la tristesse ou encore la honte. Dans une relation de couple solide où les deux partenaires ont à coeur le bien-être mutuel, il n’y a pas lieu de craindre le rejet, la moquerie ou l’incompréhension à travers le partage de sentiments profonds et sincères.
Quand les sentiments sont exprimés dans leur pureté, vous communiquez directement de coeur à coeur et vous “touchez” l’autre personne. – Diana Richardson et Michael Richardson
Par ailleurs, cette qualité de communication peut être offerte à l’autre par une écoute ouverte, bienveillante, sans jugement. Nous avons souvent tendance à écouter pour répliquer, nous justifier ou nous défendre sans saisir les émotions et besoins cachés de l’autre. Nous pouvons appliquer à l’autre ce que nous appliquons pour nous-mêmes : chercher les intentions positives derrière les mots et écouter les émotions et besoins cachés.
3.Parler de soi (plutôt que de l’autre ou sur l’autre)
Parler de soin invite à parler des nos émotions, de nos ressentis, de nos valeurs, de nos motivations plutôt que faire des suppositions sur ce que l’autre ressent ou poser des étiquettes sur ce qu’il est (ex : “tu es égoïste”, tu es paresseuse”, “tu es trop lent”, “tu es incapable d’aimer vraiment”).
Parler de soi permet de parler de nos besoins plutôt qu’accuser l’autre (ex : “Tu ne débarrasses jamais le lave-vaisselle” traduit un besoin d’équité, de contribution mutuelle à la vie du foyer, d’ordre).
4.Formuler des demandes à partir des besoins
Il est illusoire d’attendre que le partenaire devine ce que nous voulons, ce dont nous avons besoin et nous avons beaucoup plus de chance de l’obtenir si nous formulons une demande explicite dans un langage affirmatif traduisant ce que nous voulons.
Diana Richardson et Michael Richardson font le lien avec la Communication NonViolente telle que conçue par Marshall Rosenberg.
Pour aller plus loin : Comment formuler une demande claire en Communication NonViolente (CNV) ?
5.Parler des ressentis au présent (plutôt qu’accuser en lien avec le passé ou faire des prédictions sur le futur)
Diana Richardson et Michael Richardson opèrent une distinction entre pensée et émotion : nous sommes souvent absents à nos ressentis corporels et nos ressentis émotionnels parce que nous sommes occupés à penser.
Quand nous parlons au présent, nous allons faire naturellement référence à notre corps, notre cœur et notre âme, car ce sont les ponts qui nous relient au présent, le lieu où nous découvrons nos sentiments et nos impressions véritables. – Diana Richardson et Michael Richardson
Il est donc inutile de ressasser les situations passées : ce qui compte n’est pas de démontrer à quel point l’autre a tort en prenant de nombreux exemples dans le passé mais de se centrer sur les émotions et besoins présents afin de trouver une solution.
6.Développer le sens de l’humour
L’humour est la capacité de rire de soi-même, la faculté de ne pas se prendre trop au sérieux. Plus vous avez de la distance vis-à-vis de vous-même, plus vous avez le sens de l’humour. – Diana Richardson et Michael Richardson
Nous pouvons donc nous entraîner à être moins sensible aux remarques de autres et à nous moquer de nous-même, de nos petits travers, de nos petites manies.
7.Éviter d’aller se coucher sur un conflit
Mieux vaut parler du problème, s’excuser et se réconcilier avant d’aller se coucher. Les problèmes émotionnels non résolus risquent de perturber notre sommeil et le manque de sommeil entraîne de l’irritabilité. Par ailleurs, le fait de ruminer le problème sans y trouver une solution risque d’amplifier les émotions et de les transformer en sentiments qui gâchent la vie (ressentiment, rancœur, jalousie).
8.Utiliser le silence pour communiquer
Diana Richardson et Michael Richardson conseillent d’apprendre à “partager le silence” comme un moyen d’être ensemble.
Nous avons souvent tendance à combler les vides en parlant de choses sans importance mais un bavardage constant ne favorise pas la proximité et l’intimité car il ne laisse pas d’espace ni de temps pour l’émergence des ressentis profonds.
9.Utiliser le toucher pour communiquer
Diana Richardson et Michael Richardson estiment que les mains sont des “extensions de notre coeur”. Ils proposent de passer autant de temps que possible dans une “étreinte silencieuse et consciente” (avec consentement).
Le toucher conscient concerne les deux partenaires : être totalement présent et attentif à ce qui est perçu par la peau. Ces pauses sont précieuses pour la relation de couple car elles permettent à celui ou celle qui caresse de revenir à soi-même et à celui ou celle qui les reçoit de goûter la présence de l’autre dans l’immobilité, sa chaleur, son amour.
10.Ne pas voir dans le partenaire la personne supposée remplir tous nos besoins
Le ou la partenaire ne peut pas être responsable de la satisfaction de tous nos besoins.
Non seulement nous sommes capables de nous offrir de l’auto-empathie mais d’autres personnes peuvent nous apporter du soutien émotionnel et/ou physique. Cela peut passer par un réseau d’amitié solide mais aussi par des prestations (ex : s’offrir un massage, aller au restaurant). L’autre a ses propres goûts et préférences (ainsi il a le droit de ne pas aimer cuisiner) et des solutions créatives qui concilient les besoins des deux partenaires sont toujours possibles.
Travailler sur l’identification et la compréhension de nos besoins, ainsi que ceux de notre partenaire, est une des choses les plus importantes à faire pour éviter les jeux de pouvoir et le basculement dans la violence conjugale (aussi bien physique que verbale).
Il est possible de garder cette liste en tête ou bien de l’imprimer pour pouvoir s’y référer lors de disputes. Cette liste permet de comprendre ce qui a pu générer l’escalade vers la violence.
- Je me sens senti exclu.
- Je me suis senti impuissant.
- Je me suis senti pas écouté.
- Je me suis senti méprisé.
- Je me suis senti jugé.
- Je me suis senti accusé.
- Je me suis senti non respecté.
- Je me suis senti privé d’attention/ abandonné.
- Je me suis senti isolé/ seul.
- Je me suis senti ignoré.
- Je me suis senti manipulé.
- Je me suis senti étiqueté.
- Je me suis senti oublié.
- Je me suis senti en insécurité.
- Je ne me suis pas senti aimé.
- J’ai senti que la situation était injuste.
- Je me suis senti frustré.
- Je me suis senti déconnecté/ pas en lien.
- Je me suis senti piégé.
- J’ai senti un manque de passion.
- Je me suis senti privé du soutien dont j’avais besoin.
- Je me suis senti contrôlé.
- Je me suis senti privé de sens (comme si la relation n’avait plus de sens)/ de projet.
- Je ne pouvais pas être honnête/ dire ce que j’avais à dire.
- Je ne pouvais pas donner le meilleur de moi-même.
Cette liste est à mettre en lien avec le processus de Communication NonViolente qui permet d’être en contact avec nos émotions et nos besoins afin de nous accorder de l’auto empathie et de formuler des demandes (“Serais-tu d’accord pour…?”, “Je te demande de… Comment ça fait pour toi ?”). Cette démarche permet également de mieux comprendre l’autre dans une démarche empathique (“Tu t’es senti…/ Tu as eu l’impression que… Est-ce que c’est ça ?”).
Quand il y a violence
Cette liste de déclencheurs de violence dans un couple s’inscrit dans le cadre d’un couple où les deux partenaires sont à égalité. Quand la violence est récurrente et à haut niveau (humiliations permanentes, menaces, privation, voire coups), la meilleure issue reste la séparation et la fuite. L’urgence est de trouver des personnes soutenantes, capables de protection (cela peut être les services sociaux, les associations féministes ou la police ). Il existe un numéro de téléphone pour les femmes victimes de violence conjugale : SOS Femme Violence Conjugale au 39 19. La police (17) peut également être appelée. Le 116 006, un numéro d’aide aux victimes, gratuit et ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 19h, peut aussi être utile.
Rien n’autorise pas à dévaloriser ou humilier l’autre, à insulter le conjoint ou la conjointe, à frapper ou à imposer un rapport sexuel.
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Source : Amour et émotions : préservez votre couple du piège des émotions de Diana Richardson et Michael Richardson (éditions Almasta)