Cultiver l’intimité dans le couple pour une relation vivante et de qualité
Une relation est un organisme vivant, elle a besoin d’une nourriture vivante, saine, variée, régulière et de qualité. L’intimité est le cadre de cette nourriture saine. L’intimité se joue au niveau du coeur (l’amour, l’amitié, l’estime, la reconnaissance, l’ouverture), de la tête (discussions, projets, principes, valeurs, idéaux…) et du corps (le toucher, la sensorialité, la sensualité et la sexualité). Dans son livre Le couple, l’intimité et la sexualité : un chemin vers un couple vivant et lumineux, Carlotta Munier souligne l’importance de l’intimité dans le couple et explique que l’intimité n’est pas synonyme de transparence. Selon elle, l’intimité se co-construit progressivement sur des bases telles que la connaissance de soi et la connaissance de l’autre. Cette double connaissance s’appuie elle-même sur la curiosité (une envie d’écouter, d’entendre, et de comprendre à la fois soi et l’autre), sur l’empathie et le souci de l’autre. Cette intimité compassionnelle reposant sur deux piliers (soi et l’autre) apporte un environnement sécure et favorise le dévoilement et l’affirmation de soi des deux partenaires. L’intimité invite à la responsabilité et aiguise la présence à soi et à l’autre.
Carlotta Munier rappelle que l’intimité n’est ni la fusion ni la transparence mais qu’elle questionne les limites de l’identité, de l’intégrité de chacun. L’intimité présuppose l’altérité tandis que la transparence impose l’aliénation et la servitude. Ainsi, l’intimité présuppose des frontières et la symbiose ne doit jamais être l’objectif car les humains sont autonomes et différenciés. Pour Carlotta Munier, la transparence est précisément ce qui tue l’altérité, le désir et donc l’intimité.
S’il n’ y a pas de frontière, il y a risque d’intrusion, d’envahissement, d’étouffement, de suffocation et donc de fuite de celui qui est envahi. – Carlotta Munier
Ce qui peut faire obstacle à l’intimité dans un couple
La difficulté à faire preuve d’empathie
Les deux partenaires ne perçoivent pas de manière identique une même réalité. L’autre ne pense pas comme nous, ne ressent pas comme nous et ne s’exprime pas comme nous. Accepter que l’autre est unique, spécial et distinct, s’enrichir des différences présuppose une capacité au décentrage et à l’empathie.
Il s’agit d’ouvrir nos propres représentations à d’autres possibles, de faire preuve de curiosité pour nous intéresser sincèrement à l’autre; à ses goûts, son histoire, son modèle du monde, sa communication non verbale, son langage, sa manière de manifester son amour; à ce qui le blesse et ce qui lui fait plaisir. S’intéresser sans arrière pensée à l’autre, c’est ne pas chercher à le comprendre avec pour objectif de le manipuler, de le faire céder, de le changer.
Pour aller plus loin : La puissance de l’empathie : pré requis, obstacles et outils de l’écoute empathique
Le manque d’estime de soi et d’individuation
Reconnaître et accepter nos propres unicité et singularité pose les bases pour accepter celle de l’autre. Or le manque d’estime de soi peut rendre difficile (et même impossible) cet accès à notre soi authentique et fort.
De plus, s’enrichir de la différence, c’est parfois traverser la peur (d’être abandonné, rejeté, jugé etc.) car la peur tue la curiosité. Accepter l’incertitude d’une relation de couple nécessite une confiance en soi, en l’autre et une confiance en la vie. Avoir confiance en soi n’est pas synonyme d’être sûr de soi mais de trouver la force d’oser malgré le doute, en sachant qu’on peut compter sur des ressources tant internes qu’externes et sur une foi inébranlable dans la vie.
Avoir une bonne estime de soi permet d’oser dire ce qui se passe pour soi sans appréhender la réaction de l’autre et d’oser demander à l’autre comment il se sent sans se sentir diminué ou attaqué par ses réponses : Voilà comment je me sens.. Et pour toi, comment ça se passe ? Et c’est comment pour toi quand je t’en fais part ?
Lire aussi : L’estime de soi chez les adultes : comment la retrouver ?
Tout l’art du couple se joue dans l’interaction et la circularité entre confiance en soi et confiance en l’autre. La confiance n’est pas une affaire entre soi-même et soi-même. On a besoin d’être mis en confiance, on a besoin que quelqu’un participe à construire notre confiance car nous sommes des êtres de relation. Ainsi, le couple peut participer à renforcer notre estime de soi et, en retour, une meilleure estime nous permet de cultiver une relation de couple plus vivante et de meilleure qualité. Confiance en soi et confiance relationnelle vont de pair.
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Le couple, l’intimité et la sexualité : un chemin vers un couple vivant et lumineux de Carlotta Munier (éditions Le Souffle d’Or). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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