La construction des stéréotypes de genre

Déconstruire les stéréotypes de genre

Définition des stéréotypes

Dans son livre Le manuel qui dézingue les stéréotypes, Nathalie Anton définit ce qu’est un stéréotype. Elle rappelle l’étymologie de ce mot : “typos” qui signifie “empreinte” et “stereos” qui signifie “solide”. Ainsi, un stéréotype se traduit dans une rigidité de pensée.

Les stéréotypes se définissent comme des caractéristiques attribuées à un groupe, dont les membres deviennent en quelque sorte interchangeables : “Tous les jeunes sont fêtards”; “Les routiers sont sympas”; “Les italiens sont des séducteurs”; “Les brésiliennes sont pulpeuses”… Ces croyances qui reposent sur des connaissances imparfaites peuvent contenir des éléments avérés. – Nathalie Anton

La formation de stéréotypes est normale et utile pour le cerveau humain. Notre cerveau a en effet tendance à former automatiquement des catégories car cela nous aide à naviguer dans un monde complexe en classant nos connaissances sur le monde et sur les autres. Nathalie Anton rappelle que, sans cette faculté de classement, il faudrait un temps fou pour analyser toute situation comme si elle était entièrement nouvelle.

Former des connaissances générales oblige à simplifier, à trier les informations de toute nature qui nous assaillent en posant des étiquettes, par assimilation ou contraste. Si ces raccourcis sont pratiques et souvent efficaces, ils ne sont pas toujours très précis ni très justes. – Nathalie Anton

Conséquences des stéréotypes

Nathalie Anton liste plusieurs conséquences des stéréotypes, qui peuvent avoir une valeur tant positive (simplifier la complexité, se repérer dans le monde, réagir rapidement et efficacement aux situations, expliquer la manière dont les autres se comportent) que négative (pensée rigide, jugement de valeur pouvant aller de la méfiance des autres au rejet et à la violence) :

  • une exagération des différences entre les catégories;
  • une amplification des ressemblances à l’intérieur de chaque catégorie;
  • une attention plus forte portée aux éléments confirmant les deux jugements précédents et une attention moindre portée aux faits venant les démentir.

Il y a donc des risques de discrimination car les humains ont tendance à préférer et valoriser les caractéristiques du groupe auquel ils appartiennent (quitte à dénigrer les autres, au risque d’entrer dans de la violence verbale, voire physique).

Stéréotypes de genre

On parle de stéréotypes de genre quand ils portent sur les différences entre les comportements socialement attendus de la part des hommes et les comportements socialement attendus de la part des femmes. Ce type de stéréotypes peut prendre la forme d’affirmations telles que “Les femmes cuisinent bien et les hommes aiment bricoler”, “Les femmes parlent trop”, “Les hommes ne pleurent pas”. On retrouve la caractéristique du stéréotype : attribuer des aspects différents et séparés aux hommes et aux femmes comme si ces aspects étaient naturels, exclusifs et caractéristiques d’un sexe, les membres de l’autre sexe ne pouvant pas endosser ces aspects.

Quand un stéréotype dévalorise les femmes par-rapport aux hommes, on le qualifie de “sexiste” car les femmes y apparaissent inférieures aux hommes par nature. Par exemple : “Les femmes ne savent pas monter un meuble” ou “Les hommes sont meilleurs conducteurs que les femmes”.

Pourquoi déconstruire les stéréotypes de genre ? 

On lit beaucoup que les stéréotypes de sexe sont dommageables pour les filles mais, d’une manière, ils le sont aussi pour les garçons. Dans nos sociétés, il y a une hiérarchie entre ce qui relève culturellement du féminin et ce qui relève culturellement du masculin. Nathalie Anton écrit que les qualités et les fonctions attribuées aux hommes paraissent clairement valorisées socialement par rapport à celles qu’on associe aux femmes. Les qualités dites “masculines” tournent autour de la force, du courage, de l’action, de l’entreprenariat, de la raison, de la maîtrise, de l’héroïsme et ces qualités sont recherchées dans la société. Le principe des stéréotypes est d’opérer de manière exclusive : si les hommes possèdent ces qualités, alors pas les femmes. Inversement, les qualités associées aux femmes penchent du côté de la douceur, des soins, de la fragilité, de la crédulité et de la passivité.

Les stéréotypes de genre sont nuisibles à plusieurs titres :

  • les filles et les femmes sont vues comme faibles, parfois comme simplement des “objets” ce qui mènent à des agressions sexuelles de la part des garçons (les filles sont plus souvent victimes de voyeurisme, d’insultes à caractère sexuel, d’attouchements et même de viols que les garçons)
  • les femmes sont faiblement représentées dans les fonctions à responsabilité (comme aux postes de directrices d’entreprise ou aux mandats politiques) et leur rémunération est en moyenne plus faible que celles des homme pour poste et compétences équivalents
  • les enfants (et adultes) qui ne rentrent pas dans les “cases”  peuvent être victimes d’exclusion, de harcèlement et de violences, notamment à caractère homophobe
  • les garçons subissent des conséquences néfastes car
    • ils sont poussés à adopter des attitudes viriles, c’est-à-dire violentes et risquées (ils en sont les premières victimes, en termes de bagarres, d’accidents, de blessures…)
    • on attend d’eux qu’ils retiennent leurs émotions (il n’est pas naturel pour un garçon ou un homme de ne pas pleurer) et qu’ils ne demandent pas d’aide (entraînant une difficulté à évoquer la détresse et un risque de se réfugier dans des pratiques à risque telle que la consommation de drogues ou d’alcool)

Lire aussi : Autorisons les garçons à pleurer ! (reconnecter les garçons avec leurs émotions)

Déconstruire les stéréotypes de sexe poursuit donc plusieurs objectifs :

  • éviter les généralisations outrancières et réductrices qui réduisent les choix, tant pour les filles que pour les garçons (se conformer aux attentes genrées peut amener à brider une personnalité, des rêves et des talents)
  • dépasser les préjugés dégradants qui portent atteinte à la dignité des personnes
  • combattre les inégalités de traitement
  • lutter contre les violences (conjugales, homophobes notamment)

Plus les enfants grandissent, plus ils sont à même de déconstruire les clichés en en reconnaissant la relativité culturelle. Cependant, ces normes de genre sont tellement intégrées et encore en oeuvre dans nos sociétés qu’elles biaisent les perceptions et limitent ce qu’ils s’autorisent à faire. – Nathalie Anton

Pour aller plus loin : 4 suggestions pour lutter contre les stéréotypes sexistes (qui limitent aussi bien les filles que les garçons)

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Source : Le manuel qui dézingue les stéréotypes: Pour tous les parents qui veulent élever leur fille et leur garçon à l’abri des clichés sexistes de Nathalie Anton (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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