2 pièges de la communication en couple (et des solutions pour des relations plus épanouissantes)

communication couple

Dans son livre Du désir au plaisir de changer : le coaching du changement, Françoise Kourilsky expose deux pièges de la communication à déjouer dans les relations de couple.

1.La double contrainte

La théorie de la double contrainte ou « double lien » a été mise en lumière par Gregory Bateson, anthropologue et psychologue, fondateur de l’école de Palo Alto et inspirateur des thérapies brèves. Nous sommes piégés par une double contrainte quand nous ressentons une sorte de malaise et de blocage dans une interaction : il y a une discordance, une incohérence dans la communication. Les doubles contraintes sont généralement émises sans mauvaise intention et de manière inconsciente.

Une double contrainte peut prendre plusieurs formes, comme lorsque le langage du corps contredit le langage des mots. Par exemple, le message verbal dit : « Je ne t’en veux pas » avec des mots, mais l’attitude non verbale est celle du reproche. On peut également affirmer quelque chose tout en la contre-disant dans la même phrase : « Je te pardonne, mais je m’en souviendrai à la moindre occasion. »

Des injonctions de la vie de tous les jours peuvent également être des doubles contraintes, comme « Soyez spontané/ naturel » ou « Faites comme si je n’étais pas là ».

Il peut arriver que la double contrainte s’immisce dans les relations de couple : un des partenaires place l’autre dans une double contrainte quand le premier, frustré, exprime des attentes contradictoires. Par exemple, un des partenaires peut souffrir d’un manque d’attention ou de soutien et l’exprimer avec des reproches comme “Tu ne m’offres jamais de fleurs”. Ici, ce n’est pas tant le cadeau qui compte mais le sous-titre : un besoin d’attention sous forme de surprise. Le partenaire sera pris dans une double contrainte s’il rentre le lendemain avec un bouquet de fleurs et qu’il reçoit pour tout remerciement un merci du bout des lèvres, accompagné du message : “J’aurais préféré que cela vienne spontanément de toi, sans que j’aie besoin de réclamer.” Le conjoint aurait pu déjouer la double contrainte s’il l’avait identifiée dès le départ. Il aurait choisi d’offrir quelque chose d’autre, tout aussi symbolique et important aux yeux de l’autre. L’émetteur du message attendait en réalité une initiative de sa part, une attention inattendue, comme preuve d’amour et de la vitalité de la relation.

Franck Farrelly, inventeur de la thérapie provocatrice, estime que nous pouvons considérer la double contrainte comme des occasions de s’exprimer avec honnêteté et de répondre au niveau le plus profond mais non exprimé de la demande.

2.La métacommunication

La métacommunication est le fait de communiquer sur la communication. Nous métacommuniquons quand nous précisons, qualifions ou ajoutons des informations à nos messages, verbaux comme non verbaux. Françoise Kourilsky définit la métacommunication comme un commentaire sur la communication qui sert à définir plus précisément le sens d’un message. Par exemple, un reproche peut être accompagné d’un message verbal (« Je rigole, hein ! ») ou d’un clin d’œil.

La métacommunication sert également à clarifier le sens d’un message. En ce sens, elle revêt une fonction de régulation dans les relations. Elle permet, par exemple, de sortir d’une double contrainte en demandant à l’interlocuteur : « Vaut-il mieux que je me fie aux mots que tu prononces ou à l’intonation de ta voix ? » Cette fonction de régulation ne peut avoir lieu que si la relation est de bonne qualité et qu’il y a confiance réciproque.

La métacommunication est un piège quand elle génère des échanges à escalade dans lesquels les interlocuteurs ne communiquent plus au niveau du contenu (les mots prononcés) mais qu’un rapport de force a pris la place du dialogue. Les comportements deviennent le support de la communication, générant attaques, contre-attaques, invectives et justifications. Dans une scène de ménage, les échanges deviennent des prétextes aux règlements de comptes, en s’appuyant sur les éléments de métacommunication : « Tu as vu comment tu me traites ! » « Et toi, le ton sur lequel tu me réponds ! »

Pour déjouer le piège de la métacommunication, il peut être utile de demander naïvement à l’interlocuteur quelle est son intention positive dans la poursuite des jeux métacommunicatifs. En tant qu’observateur extérieur, cette demande naïve sur les objectifs des jeux métacommunicatifs peut être posée aux différents protagonistes. Quel est le résultat recherché en fonction de besoins sous-jacents ? Cette fausse ingénuité va gripper les rouages du cercle vicieux et l’objectif est de passer à un niveau d’ordre supérieur où le conflit pourra se résoudre.

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Source : Du désir au plaisir de changer : le coaching du changement de Françoise Kourilsky (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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