Ce qui démotive n’est pas tant l’échec que l’échec non expliqué ou l’échec sanctionné par une punition ou toute autre humiliation.

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Un échec analysé ouvre des perspectives.

Ce qui démotive n’est pas tant l’échec que l’échec non expliqué ou l’échec sanctionné par une punition ou toute autre humiliation. Il est plus efficace de s’intéresser au comment qu’au combien (la valeur de la note) pour redonner confiance en soi aux enfants et adolescents (et donc préserver leur motivation). Quand une “mauvaise” note ou un échec (à un examen par exemple) est analysée et expliquée dans une perspective empathique et positive, cet échec ouvre des perspectives et peut être utilisé comme un levier d’apprentissage.

De plus, il est important d’avoir en tête que la motivation humaine est changeante : elle dépend de la fatigue, des événements, des émotions. Il est inefficace de toujours chercher la “positive attitude” ou de vouloir à tout prix motiver, booster, sortir de la zone de confort. La compréhension et l’empathie sont à privilégier; de même que créer de l’espoir pour le futur. Le réseau relationnel est essentiel pour traverser une épreuve, et offrir du soutien affectif et physique aide à se relever d’un échec.

Accueillir la tristesse liée à l’échec

Par ailleurs, il est important d’accueillir la tristesse liée à l’échec. Non seulement il est inutile de punir ou “engueuler” l’enfant ou l’adolescent qui a reçu une mauvaise note, mais il est sain pour leur santé mentale de valider leur déception : “Oui, tu es triste. C’est tellement décourageant, tu aurais aimé avoir au moins la moyenne. Ça te donne envie de tout abandonner et j’ai l’impression que tu as envie de pleurer. Tu peux pleurer dans mes bras si ça te fait du bien.”; “Tu es en colère contre ton prof, il n’a pas réexpliqué quand tu as demandé et tu te sens perdu. Tu aurais aimé du soutien de sa part.”

Cela est surtout vrai en lien avec un échec qui entrave l’accès à un rêve (comme le fait d’échouer à une compétition sportive au niveau régional et qui barre l’accès au niveau national, ou bien le fait d’échouer au bac ou encore en première année de médecine). Tout échec a pourtant quelque chose à apprendre : “C’est douloureux, prends le temps d’accueillir ce qui se passe en toi ET tu l’utiliseras seulement quand tu te sentiras prêt”.

Ce type de réaction permet d’établir une profonde connexion empathique qui offre de l’apaisement à l’enfant et ouvre vers une recherche de solutions. Une fois que les émotions de tristesse, de déception et peut-être de colère ont été déposées dans un cadre bienveillant, l’enfant est réceptif à des suggestions pour progresser et s’améliorer. Il est important de noter que des conseils non sollicités ne seront pas suivis.

On peut faire confiance au fait que, à un moment, ce qui a été vécu deviendra une opportunité. Mais cela nécessite d’accueillir toute la douleur (notamment de la culpabilité ou de la rancoeur) sur le moment et tout au long du processus de deuil. On peut parler de deuil dans le sens où un échec marque la fin d’un espoir, d’un projet.

Construire des compétences à partir des échecs

La métacognition pour identifier les ajustements à réaliser 

La métacognition permet de comprendre ce qui a manqué pour réussir ou les circonstances qui expliquent la démotivation, voire le décrochage. Cela passe par le fait de réfléchir à quoi est dû l’échec. Cela peut relever de raisons personnelles (comme le stress ou la fatigue), mais aussi de raisons interpersonnelles (comme une mésentente avec l’entraîneur ou les professeurs, une dispute avec les partenaires de jeu, trop de pression exercée par les parents, état de soumission et manque de pouvoir personnel…), d’un manque de travail, d’un besoin de plus d’exercices, d’une stratégie mal adaptée à l’objectif, de méthodes d’entraînement inefficaces malgré les efforts réalisés. La métacognition est la représentation qu’a une personne sur ses connaissances et la façon dont elle peut les construire et les utiliser. La métacognition consiste à avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux.

La métacognition recouvre plusieurs aspects :

  • la connaissance qu’on peut avoir de processus cognitifs, d’opérations mentales nécessaires pour accomplir une tâche ;
  • la capacité à utiliser cette connaissance lors de l’accomplissement de la tâche

Ainsi, les adultes peuvent demander aux élèves des questions clés pour mettre au jour leurs processus méritant des ajustements :

    • Tu as fait un hors sujet : qu’est-ce qui t’a induit en erreur ?
    • Tu n’es pas encore au point. Que peux-tu apprendre de tes erreurs ?
    • Ces difficultés sont ton point de départ : qu’est-ce que tu peux entreprendre pour les dépasser ? Quelle est la première chose que tu peux mettre en place ?
    • Qu’est-ce qui dépend de toi ? Comment agir sur ce que tu peux contrôler ? (par exemple, classer les priorités)
    • De quelle sorte d’aide as-tu besoin ? Comment l’obtenir ?
    • Qu’est-ce que tu penses avoir appris en faisant ce travail ? Ou que fallait-il connaître pour bien le réaliser ?

L’idée est vraiment d’identifier ce qui n’a pas marché et de prendre des mesures correctives en fonction des difficultés précises : dans la préparation, dans l’organisation des révisions, dans les réponses aux questions… En effet, se dire “c’est ma faute” n’est pas utile pour rebondir, apprendre et repartir, mais le fait de dire “c’est seulement la faute des autres” non plus.

Les suggestions peuvent porter sur plusieurs éléments :

Certains jeunes mettent en œuvre des stratégies d’évitement.

Poser des étiquettes sur les enfants et les adolescents (“Tu es nul”, “Les maths, c’est pas fait pour toi de toute façon”, “Tu es fainéante”) dégrade la motivation. Certains élèves adoptent des stratégies pour éviter la honte comme le fait de ne pas travailler pour justifier les mauvaises notes par un non travail plutôt que par une non compréhension honteuse ou alors les “mauvais” élèves tirer des bénéfices secondaires à être mauvais élèves comme un statut social valorisant (qui nourrit le besoin d’affirmation personnelle). Sous leurs airs fanfarons, beaucoup d’adolescents sont malheureux de ne pas réussir même s’ils le montrent pas.

Les trois fondements de la motivation à activer pour transformer les échecs en leviers d’apprentissages

Selon Julien Masson, maître de conférences à l’Université Claude Bernard Lyon 1, les trois fondements de la motivation sont :

  1. l’autonomie (le besoin d’être libre de ses propres choix, de se sentir à l’origine des actions, sans avoir l’impression de subir ou d’être contraint)
  2. la compétence (le besoin de se sentir compétent, capables d’effectuer les tâches demandées)
  3. l’appartenance sociale (le besoin de se sentir soutenu, encouragé et d’être aimé)

1.L’autonomie

Un enfant a besoin de faire des choses à la hauteur de ses capacités par lui-même (même si c’est moins bien fait et moins rapidement exécuté).

2.La compétence

Construire le sentiment de compétences passe par :

  • souligner les efforts et le travail plus que les notes, le processus et les stratégies, les progressions (plutôt que les seuls résultats, c’est-à-dire les notes, mes moyennes ou bien la place à une compétition) : passer d’un 3/10 à un 5/10 est déjà une belle progression.
  • poser des questions pour identifier les origines des erreurs et aider à construire des ressources personnelles.
  • insister sur le pouvoir du “bientôt” (tu ne sais pas faire pour le moment et tu sauras bientôt faire) et du “pas encore” (tu n’y arrives pas encore) afin de ne pas supprimer l’espoir,
  • expliquer la fonction des erreurs et des échecs car le cerveau apprend grâce à l’erreur qui revêt une fonction informative sur les conceptions de la personne qui a fait cette erreur. Un cerveau qui ne commet aucune erreur de prédiction n’apprend pas car il ne peut pas réduire les écarts aux attentes et aux prédictions. A l’école, l’erreur des élèves peut être considérée comme la manifestation d’un état de connaissance qu’il est utile de faire évoluer.

10 choses à dire aux enfants à propos des échecs et des erreurs

3.L’appartenance sociale

Les enfants sont bien plus que des élèves et vivre, c’est plus que courir après les bonnes notes. Il est important que les enfants se sentent utiles, acceptés, appréciés pour ce qu’ils sont, tels qu’ils sont (en dehors de toute performance scolaire ou sportive). L’appartenance sociale va de pair avec le sentiment de bien-être et de sécurité car la recherche de réconfort est une stratégie efficace et d’ordre neurobiologique face à la peur et au stress.

Par ailleurs, un enfant sociable, qui a des amis et prend soin des autres, possèdent des compétences relationnelles qui ne sont pas notées. Pourtant, l’intelligence interpersonnelle est une forme d’intelligence qu’il convient de valoriser au même titre que les autres formes d’intelligence.

 

Quand ces trois besoins sont satisfaits (autonymie, compétence, appartenance), l’enfant/ l’adolescent peut construire un fort sentiment d’efficacité personnelle. Le sentiment d’efficacité personnelle est à construire et à renforcer pour chaque nouveau défi, chaque matière et tâche.

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