J’écoute les émotions de mon enfant et il continue les crises : pourquoi ? que faire ?
Je vous propose un extrait de mon dernier livre paru aux éditions Hatier dont le titre est : 100 solutions pour rendre votre quotidien plus serein. Parfois, on a l’impression d’empirer la crise d’un enfant quand on verbalise ses émotions. C’est peut-être la preuve que cette écoute aide l’enfant car toutes les larmes contenues peuvent couler. Pourtant, nous pouvons nous trouver démunis, impuissants, incompétents et même excédés car, malgré notre bonne volonté, les crises restent courantes et l’ambiance familiale s’en ressent. Pourquoi les enfants font-ils des crises en dépit de l’écoute active que nous leur offrons ? Comment réagir avec bienveillance ?
Raisonner en termes de besoins
• Ne rien dire ni faire, ne pas entraver les mouvements. Serrer un enfant dans les bras risque d’accroître l’intensité de sa colère. Il est toutefois possible de prendre un enfant dans les bras pour le changer d’environnement afin de le laisser courir, pleurer ou crier.
• Ne pas faire des crises émotionnelles des enfants un drame. Dire à l’enfant que nous allons préparer le repas ou ranger le linge et qu’il peut nous rejoindre s’il en a envie.
Raisonner en termes de compétences
• Présenter des techniques de retour au calme hors des crises, et à froid :
– La respiration ballon : l’enfant, sur le dos, place une boule de papier sur son ventre. Il regarde la boule monter à l’inspiration puis descendre à l’expiration.
– La respiration du bol : l’enfant imagine un bol de soupe chaude devant lui et souffle longuement dessus pour le refroidir.
• Mentionner les exercices qui apaisent si besoin : « Tu te rappelles quand on a fait la respiration du bol ? Est-ce que ça t’aiderait ? »
• Apprendre à reconnaître la perte de calme (chaleur aux joues, mâchoire serrée, souffle court). On peut décrire à l’enfant ce qu’on voit : « Je vois tes yeux se froncer. On dirait que la colère montre le bout de son nez. »
• Nommer et évaluer l’émotion avec une note entre 1 (faible) et 10 (intense). Au-delà de 6, une technique peut être déclenchée.
• Diversifier les techniques de retour au calme : regarder un sablier s’écouler, humer une odeur agréable, faire rouler une balle de tennis sous le pied, demander un câlin, penser à un souvenir agréable, dire stop et partir…
• Trouver des solutions aux problèmes. Par exemple : quand je stresse, je peux faire une liste de choses à vérifier, mettre un minuteur pour ne pas être en retard, penser aux difficultés déjà surmontées et aux stratégies mises en place.
Raisonner en termes de stades de développement
• Vérifier que la règle est adaptée à l’âge de l’enfant (capacité à réaliser physiquement les attentes, développement cognitif suffisamment développé pour concevoir et comprendre ce qui est attendu, régulation émotionnelle suffisante).
• Reconnaître la responsabilité sans culpabiliser : « Je sais que tu ne voulais pas faire tomber le vase. Tu passais juste devant en courant. C’est pour ça qu’on a cette règle : on ne court pas dans la maison. »
Lire aussi : Pourquoi les jeunes enfants ne contrôlent-ils pas leurs colères ?
Raisonner en termes d’attachement et de jeu
• Passer par une touche d’humour : « Oh non ! C’est vraiment triste que le biscuit soit tombé par terre. Tu te faisais une telle joie de le manger ! Hum, je connais quelqu’un pour qui c’est une bonne nouvelle. Regarde, on est observés par un petit moineau qui va se régaler quand on sera parti. Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! »
Raisonner en termes d’empathie
• Moins parler et faire correspondre le ton de la voix à l’intensité de l’émotion. Face à un enfant vraiment en colère, nous pouvons dire « C‘est tellement enrageant que tu as envie de tout casser ! » ; « Stupide fermeture éclair qui est nulle à fermer ! » ; « Ahhhhh ! »
• Éviter les interrogatoires. Si les enfants avaient les bons mots pour s’exprimer, la crise ne serait pas si intense.
Raisonner en termes d’environnement
• Faire une liste de quelques parents auxquels parler au téléphone ou qui pourront passer prendre un café afin de faire part des problèmes rencontrés avec les enfants (et probablement relativiser certains comportements qui sont juste le reflet de l’âge de l’enfant et de son niveau de développement)
• Contrer les effets de la comparaison en échangeant de manière authentique avec d’autres parents. Cela peut déclencher des confidences et de la compréhension mutuelle.
• Le conjoint doit prendre sa part. Les pères doivent s’envisager comme compétents : hommes comme femmes peuvent tout à fait apporter des soins appropriés aux bébés et aux enfants.
Raisonner en termes de travail sur soi
• Réfléchir à la manière dont nous influençons les crises des enfants : les harcelons-nous avec de l’écoute empathique, au point que la colère soit leur manière de dire qu’ils ont besoin d’air ? Les crises sont-elles un moyen d’attirer notre attention sur un problème (comme du harcèlement scolaire) ? Est-ce douloureux pour l’enfant d’être dans sa famille dans ces conditions- là (parents qui se disputent, qui marquent une préférence pour un frère ou une sœur, qui surinvestissent les notes scolaires, qui sont distants physiquement) ?
Raisonner en termes de droit à l’erreur
• S’autoriser des errements dans l’interprétation des causes des crises. Si le comportement ne change pas ou si un nouveau comportement difficile se met en place, l’interprétation n’était pas correcte. Il faudra alors repartir sur de nouvelles bases de décryptage.
• Reconnaître l’ambivalence de la parentalité. La frontière est mince entre responsabilité (donner le bain, se lever la nuit, cuisiner, aider aux devoirs) et culpabilité (ne pas réussir à être à la hauteur des espérances, ne pas apprécier être parent, crouler sous la charge mentale).
Pour aller plus loin : Mon enfant ne m’écoute pas et ne respecte pas les consignes
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