Quand l’écoute empathique ne fonctionne pas : “j’écoute ses émotions et il est toujours en colère” !

écoute empathique ne fonctionne pas

Crédit illustration : freepik.com

 

Quand l’empathie semble empirer les choses

Parfois, nous sommes frustrés parce qu’on a l’impression de tout faire pour être bienveillant, d’écouter les émotions des enfants mais que cette écoute ne “fonctionne” pas. Pourtant, l’éducation bienveillante ne s’inscrit pas dans une démarche d’efficacité quand cette efficacité est synonyme d’obéissance ou d’arrêt des émotions; l’écoute empathique ne vise pas à se transformer en stop colère ou en stop larmes. Il ne s’agit jamais de transformer les émotions désagréables en calme ou en joie mais simplement de rejoindre l’enfant là où il est pour qu’il se sente compris soutenu et aimé inconditionnellement (avec toutes les émotions qu’il peut éprouver).

Les émotions sont utiles et les accueillir ne doit pas être mis au service de leur négation. Ainsi, un enfant qui pleure de déception suite à une petite contrariété pleure peut-être toutes les déceptions accumulées depuis un certain temps et qu’il n’a pas pu pleurer. Cet enfant a alors besoin de temps et de libérer son énergie (taper du pied ou pleurer sur l’épaule du parent) avant de pouvoir lâcher prise.

Parfois, on a l’impression d’empirer les sentiments d’un enfant quand on pratique l’écoute empathique (nommer les émotions de l’enfant et compatir à ce qu’il vit de douloureux). Pourtant, c’est justement la preuve que l’écoute empathique aide l’enfant : ses défenses s’effondrent peu à peu et toutes les larmes contenues peuvent se déverser. L’enfant peut enfin laisser sortir tout ce qu’il a sur le coeur dans la sécurité de savoir que ses parents sont là pour lui. Ce n’est pas parce que nous mettons les bons mots sur les émotions des enfants qu’ils vont être réconfortés et se calmer au moment où nous estimons que ça y est, c’est bon, ils devraient arrêter, ça suffit au bout d’un moment, que ce n’est pas si terrible que ça. Nous sommes nombreux à être stressés par les émotions douloureuses de nos enfants et à  nous sentir impuissants si nous ne pouvons pas guérir instantanément les émotions des enfants.

Si nous manquons de patience ou que nous nous sentons sous pression à force d’être confrontés aux émotions difficiles de nos enfants, nous pouvons prendre soin de nos propres besoins sans en faire porter la responsabilité à l’enfant. Cela peut passer par le fait de dire à l’enfant que nous allons préparer le repas ou ranger le linge et qu’il peut nous tenir compagnie tant qu’il en a besoin.

Quand un enfant se fâche encore plus

Quand le fait de reconnaître les sentiments n’aide pas, voici quelques pistes à explorer :

Faire correspondre le ton de la voix à l’intensité de l’émotion

La posture et la voix doivent signifier à l’enfant que nous comprenons à quel point ils sont en colère. Face à un enfant vraiment en colère, dire “je vois que tu es en colère !” n’est pas efficace. Nous devons signifier que nous comprenons vraiment : “C‘est tellement énervant que tu as envie de tout casser. C’est enrageant !“.

Passer par la communication non verbale

Il existe d’autres façons de faire comprendre à un enfant qu’on le comprend. Un grognement ou une exclamation peuvent être plus efficaces que des mots :”Ahhhhh !”.

De même, accompagner le récit d’un enfant avec des onomatopées l’invite à libérer tout ce qu’il a sur le coeur : “Oh !”, “Hum !”, “Ah oui ?”.

Mettre les pensées, même dérangeantes, de l’enfant en mots

Si cela ne suffit pas, nous pouvons mettre les pensées de l’enfant en mots, même si ces pensées nous paraissent exagérées:

Stupides Lego !

Quelqu’un d’intelligent devrait inventer des Lego qui restent enfin collées ensemble quand on les assemble.

Raconter l’histoire de ce qui s’est passé

Raconter l’histoire revient à dire ce que nous avons observé et qui a conduit au désastre !

Tu avais travaillé fort dessus. Tu l’avais presque terminé ! Tu avais fait la base en bleu et tu avais utilisé toutes les briques rouges en guise de phares. Tu avais même installé l’extraterrestre avec un fusil laser dessus. C’était prêt à s’envoler et tout à coup, le vaisseau s’est effondré ! Sale truc !

Ne rien dire ni faire

Il arrive parfois que les enfants préfèrent être seuls en situation de difficulté.

Nous ne pouvons pas protéger les enfants de toutes les peines et nous ne devrions pas non plus le faire. – Joanna Faber et Julia King

Proposer de l’aide pour refaire surface

Parfois, l’écoute empathique ne suffit effectivement pas. Une aide peut être apportée après la connexion émotionnelle établie à travers l’écoute empathique :

Serais-tu d’accord pour un bisou magique ?

Quel pansement faut-il mettre ? Le pansement dinosaure ou le pansement cœur ?

Oh non ! C’est vraiment triste que le popcorn soit tombé par terre. Tu en avais tellement envie, tu te faisais une joie de les manger ! [Pause] Mais je connais quelqu’un qui sera content de trouver du popcorn par terre. Il y a un écureuil dans le coin qui sera vraiment content de venir grignoter les grains de maïs quand tout le monde sera parti. Je suis sûre qu’il est parti chercher toute sa famille pour faire une grande fête avec ce popcorn. Très triste pour nous et tellement bien pour eux !

 

Les outils de l’éducation bienveillante demandent de la patience… et ne “fonctionnent” pas toujours. En revanche, ils participent toujours à construire des enfants avec une bonne santé mentale.

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Source : Parler pour que les tout-petits écoutent de Joanna Faber et Julia King (éditions du Phare). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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