Le nécessaire accompagnement des adultes pour le développement émotionnel des enfants

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Crédit illustration : freepik.com

 

Avant 5 ans, les enfants sont dans l’impossibilité de prendre du recul sur leurs émotions. Ils ne peuvent pas les relativiser et voir si leur intensité est adaptées à la situation. Ils n’ont par ailleurs aucune maîtrise sur la durée de leurs émotions car ils ne parviennent pas à apaiser leurs émotions par eux-mêmes. 

Leurs émotions sont toujours très intenses, quelle qu’en soit la cause car les jeunes enfants n’ont pas les moyens de les moduler. Une colère sera ainsi très forte même si elle est simplement déclenchée par le refus d’acheter un petit jouet. Au cours d’une colère ou d’un énorme chagrin, un enfant de moins de 5/6 ans est comme sur des montagnes russes : il est ballotté dans tous les sens, sans avoir le pouvoir d’appuyer sur le bouton stop.

Dans son livre L’atelier des émotions, Mathilde Chevalier-Pruvo utilise la métaphore du nourrisson à la naissance pour éclairer le rapport qu’a le petit enfant avec ses émotions. Comme le bébé qui vient de naître ne peut survivre sans être nourri et entouré de soins, le jeune enfant est nu face à ses émotions, sans défense ni expérience face à sa vie intérieure, ses peurs, ses colères et ses chagrins.

Ainsi, les jeunes enfants sont dans le même état de dépendance vis-à-vis de l’adulte pour leur éducation émotionnelle que pour les soins physiques. Les enfants ont besoin des adultes pour mettre des mots sur ce qu’ils vivent et pour s’apaiser.

De la naissance à cinq ans puis dix ans, l’enfant va devenir de plus en plus autonome dans son rapport à ses émotions, mais pour y arriver, il aura besoin jusque-là d’être guidé et entouré par ses parents et tous les adultes qui prennent soin de lui. Il doit pouvoir s’appuyer sur leurs bras, leurs mots et leur présence bienveillante en toutes circonstances. – Mathilde Chevalier-Pruvo

 

Les émotions intenses de nos enfants, un défi ET une chance pour nous en même temps !

Un défi….

Si les émotions de nos enfant sont intenses, c’est à la fois une épreuve et une chance pour nous.

Les émotions de notre enfant, qui se répètent quotidiennement, sont à l’origine de nombreuses tensions entre parents et enfants (et souvent même entre les parents). Nous les appréhendons et finissons par nous retrouver dans un état de stress, craignant la prochaine tempête ou la prochaine crise de colère.

Notre tendance à la réaction violente s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs potentiellement explosifs :

  • la fatigue des journées de travail,
  • le manque de sommeil,
  • l’absence de temps pour soi et pour le couple conjugal,
  • des soucis financiers éventuels,
  • des sollicitations permanentes de la part des enfants,
  • les disputes et conflits dans les fratries,
  • la mémoire traumatique (Si les émotions de notre enfant nous préoccupent autant, c’est parce qu’elles résonnent en nous, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte. Elles peuvent faire remonter des souvenirs jusque là inconscients et réactiver des vécus difficiles.)
  • préoccupations en lien avec le bien-être ou l’avenir de notre enfant (Comment vont se passer les journées à l’école si mon enfant pleure dès que nous nous séparons ? N’est-ce pas un handicap pour la suite s’il réagit aussi vivement à la frustration et n’est pas capable de se maîtriser ?)

… et une chance

Toutes nos réactions disproportionnées (hurlements, exaspération, violence physique, mots humiliants…) face aux émotions de nos enfants sont des occasions de travailler sur nous en identifiant à la fois les déclencheurs de notre fureur et en adoptant des stratégies de régulation émotionnelle pour nous-mêmes.

Pour aller plus loin : Adopter une éducation bientraitante : impossible (ou presque) sans travail sur la mémoire traumatique

Mathilde Chevalier-Pruvo propose d’adopter un carnet de bienveillance: un petit cahier dans lequel les parents pourront exprimer toutes les émotions liées à leur parentalité. Il s’agit d’y consigner les ressentis sans se juger et de s’en servir pour repérer les besoins insatisfaits qui mènent à l’agressivité ou, parfois, à la violence.

Par ailleurs, les émotions intenses des enfants peuvent nous rappeler à quoi servent les émotions et quel bienfait nous pouvons tirer de vivre pleinement nos propres émotions. Par exemple, les joies immenses d’un enfant nous reconnectent à notre propre joie et nous réapprennent à les ressentir et les manifester avec notre corps.

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Source : L’atelier des émotions : 35 activités créatives pour aider mon enfant à exprimer ce qu’il ressent de Mathilde Chevalier-Pruvo (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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