Il/ elle cherche à attirer l’attention !
Quand un enfant cherche à attirer l’attention, il est mu par son besoin d’attachement
Cela me sidère d’entendre un adulte se plaindre qu’un enfant “n’a fait ceci ou cela que pour attirer l’attention.” Il me semble naturel qu’un enfant qui en manque fasse des pieds et des mains pour en obtenir ! Pourquoi ne pas lui en accorder ? – Lawrence Cohen
Les comportements des enfants, même et surtout les plus difficiles, ne cherchent pas à manipuler les parents mais ont des causes. Ils expriment des besoins, notamment d’attachement. Le rôle du parent est d’identifier ces besoins et de les nourrir. Pour expliquer l’attachement des enfants aux parents, Lawrence Cohen, psychologue américain, utilise l’image du réservoir d’amour à remplir chaque fois qu’il se vide. La figure primaire d’attachement de l’enfant est la station d’essence auprès de laquelle l’enfant a besoin de s’approvisionner. C’est auprès d’elle qu’il revient entre deux excursions dans le monde extérieur.
Le réservoir de l’enfant est vidé par la faim, la fatigue, l’isolement, la séparation, le stress, les disputes, des blessures, des écorchures… Et une personne dont le réservoir affectif est vide aura tendance à être plus sensible, à chercher de l’affection et de l’attention par des moyens plus ou moins efficaces, à être plus irritable, moins coopératif.
Quand un enfant est inquiet, anxieux ou se sent exclu, seul, il a besoin de refaire le plein parce que son réservoir affectif s’est vidé, pour une raison ou une autre.
Pour remplir son réservoir et retrouver sa sécurité émotionnelle, l’enfant risque alors de se tourner vers la personne qui donne d’habitude de l’affection et de l’attention quand il en fait la demande : statistiquement, la mère en priorité ou le père. Si le parent répond, ne serait-ce que d’un regard tendre et attentionné, l’enfant remplit son réservoir et est à nouveau prêt pour explorer le vaste monde.
Si le parent n’est pas disponible à ce moment-là, s’il ne prête pas attention au besoin de l’enfant, le stress augmente dans le cerveau de l’enfant. L’enfant est alors obligé de contenir ses émotions dont l’énergie mobilisatrice reste en tension dans le corps.
Les enfants nous font savoir tous les jours qu’ils ont besoin d’être vus… et pas toujours de manière explicite et agréable
Isabelle Filliozat explique que ce mécanisme passe par trois étapes :
- l’enfant est d’abord passif : il tente de s’occuper, il pense à autre chose, il cherche du regard ses parents mais comme ils sont occupés à autre chose, il attend.
- l’enfant commence à s’agiter et/ou à faire des demandes excessives, ses besoins d’attention et de sécurité n’étant pas satisfaits : un signe qui devrait nous alerter est que le comportement de l’enfant nous paraît inapproprié, inexplicable, sans rapport apparent avec la situation. Mais l’enfant n’agit pas ainsi pour embêter ses parents, c’est le stress dû au manque d’attention qui le conduit à agir ainsi.
- l’enfant devient agressif, violent : si le parent ne répond toujours pas, le stress augmente dans le cerveau et l’enfant sent monter en lui de plus en plus d’énergie qui ne cherche qu’à s’exprimer
Un enfant qui a l’habitude d’être ignoré, rejeté ou frappé peut ne même pas demander d’attention mais passer directement à la phase troisième phase, celle de l’agressivité.
Pour prévenir ce type de débordement, Isabelle Filliozat compare les demandes d’attention aux demandes physiologiques : dirions-nous à un enfant qui se frotte les yeux “Tu as sommeil ? Tu fais exprès de te frotter les yeux, alors tu ne dormiras pas.”
Nous avons tendance à réagir négativement quand nous remarquons que le comportement d’un enfant est une demande d’attention : combien de fois avons-nous entendu cette phrase assassine lancé par un adulte à un autre adulte : “Ne le regarde pas, il fait ça juste pour attirer l’attention”. Pourquoi refuser du contact et de l’attention et attendre que le conflit éclate ?
Voir la recherche de relation derrière la recherche d’attention
Isabelle Filliozat suggère une autre approche :
- décrire le comportement de l’enfant puis faire des propositions pour satisfaire le besoin : “Je vois que tu agites tes jambes, tu veux faire un jeu avec moi ?”
- donner de l’attention à un enfant quand il en demande (lire : Quand un enfant cherche de l’attention de manière inappropriée : enrayer cette recherche d’attention négative)
- en cas d’indisponibilité, accueillir la demande et prendre comme un rendez-vous pour lui indiquer que sa demande est prise en compte : “Tu t’ennuies, on dirait. Je termine ce que je suis en train de faire et je suis à toi. Voudras-tu faire un dessin/ un puzzle/ un jeu… ?”
- en cas d’une situation difficile anticipée à cause d’une indisponibilité (exemple : rendez-vous avec un ami, coup de fil important à passer…), autant remplir le réservoir de l’enfant en manière à ce qu’il ait une autonomie suffisante pour s’occuper seul et ne pas nous déranger : “Je joue 10 minutes complètement avec toi et après je serai avec mon ami/ je serai au téléphone. J’aurai besoin de silence. Qu’est-ce que tu vas faire pendant que je serai au téléphone ? Tu veux qu’on joue la scène ?”
Pour aller plus loin : Quand les enfants cherchent à attirer l’attention, c’est qu’ils cherchent de la relation
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Source : Il me cherche : comprendre ce qui se passe dans son cerveau entre 6 et 11 ans de Isabelle Filliozat (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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