Les enfants et les écrans : un livre pour éclairer les idées reçues à la lumière des neurosciences

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Présentation de l’éditeur

Riche d’exemples concrets, ce livre fait le point sur ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut encourager, selon l’âge de l’enfant et les situations quotidiennes. À la maison ou à l’école, les écrans (TV, ordinateurs, tablettes, etc.) peuvent devenir vos alliés si vous les utilisez correctement.

Alors, au lieu de laisser les autres vous dire que “tu le laisses regarder les dessins animés ? C’est terrrrrible !”, écoutez plutôt le professeur Nicolas Poirel… qui joue aux jeux vidéos et est pourtant docteur en psychologie du développement.

L’auteur : Nicolas Poirel est Professeur de psychologie du développement, Université de Paris, Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Éducation de l’enfant (UMR CNRS 8240, LaPsyDÉ), Paris, GIP Cyceron, Caen.

Votre enfant devant les écrans ne paniquez pas ce que disent vraiment les neurosciences

 

Les points forts

Dans son livre Votre enfant devant les écrans : ne paniquez pas – Ce que disent vraiment les neurosciences, Nicolas Poirel reprend quelques idées reçues au sujet des méfaits des écrans sur les enfants. Il cite plusieurs études et méta-analyses pour comprendre les conséquences de l’exposition aux écrans sur les enfants, en prenant soin de différencier la nature des écrans et le type de contenu auquel sont exposés les enfants.

Nicolas Poirel prend le temps d’expliquer la démarche de la méthode scientifique et notamment l’intérêt des méta-analyses et la différence entre corrélation et causalité. L’auteur cite par exemple une analyse statistique menée auprès de plus de 350 000 adolescents qui a montré qu’un sentiment de mal-être chez l’adolescent a autant de chance d’être associé aux écrans qu’au fait de manger régulièrement des pommes de terre ou de porter des lunettes de vue (Orben & Przybylski, 2019).

Prenons une situation toute simple. Si je vous dis : « Je constate qu’une voiture a des roues », est-ce que cela m’autorise à affirmer que : « Tout ce qui a des roues est une voiture » ? Non, bien évidemment. À présent, comparez cet exemple avec : « Je constate que les enfants avec des troubles attentionnels regardent beaucoup les écrans. » Cela vous semblerait certainement plus convaincant dans ce cas d’arriver à la conclusion – fallacieuse – que « regarder beaucoup les écrans provoque des troubles attentionnels », mais c’est un biais de raisonnement. C’est un processus de pensée tentant, mais erroné, comme vous avez pu le constater avec l’exemple de la voiture et des roues. – Nicolas Poirel

Nicolas Poirel explique dès les premières lignes que la rédaction du livre est fondée sur des informations issues d’articles publiés dans des revues internationales, des données scientifiques récentes (étayées par des tests statistiques), une analyse impartiale des faits, et une synthèse générale de la littérature. Il est évident que le cerveau des enfants comme des adultes est influencé par l’utilisation des nouvelles technologies numériques et par le temps passé devant les écrans (de même que par n’importe quelle activité de leur vie quotidienne). Mais une influence n’est pas forcément mauvaise et le degré d’influence varie d’une situation à l’autre. Poirel n’encourage pas pour autant à laisser les enfants ou les adolescents aussi longtemps qu’ils le souhaitent devant des écrans, mais à prendre en compte le fait que tous les types d’écrans – télévision, tablette, console de jeux – n’ont pas le même impact sur le fonctionnement neurocognitif, que ces impacts varient selon le type de programme visionné et de jeu utilisé, et que leurs effets peuvent varier selon l’âge.

L’ouvrage est organisé autour de 5 chapitres :

  1. Une démarche scientifique et objective
  2. Les effets de la télévision
  3. Les supports tactiles : tablettes et smartphones
  4. Les jeux vidéo
  5. Comment nous comporter avec nos enfants ?

De nombreux sujets d’actualité sont abordés et traités avec sérieux pour recontextualiser les études et leurs résultats (notamment leurs limites) sur le sujet :

  • est-ce que jouer à des jeux vidéos violents rendent les enfants et adolescents eux-mêmes violents ?
  • est-ce que le fait de regarder la télévision entraîne des troubles du langage oral chez les jeunes enfants ? (j’en parle ici : Les effets négatifs de l’exposition des jeunes enfants à la télévision sont-ils exagérés ?)
  • apprend-t-on mieux avec des livres qu’avec des tablettes ?
  • l’effet zapping (faire plusieurs choses en même temps comme écouter de la musique, consulter les réseaux sociaux et faire les devoirs) a-t-il des effets négatifs sur la capacité de concentration ?

Ainsi, Nicolas Poirel estime, en sourçant ses écrits, qu’un jeune enfant ne devrait pas rester devant la télévision plusieurs heures, seul et il regrette que cette précision “seul” soit rarement mentionnée. Pourtant elle fait toute la différence car ce mécanisme d’interaction, dit d’attention conjointe, entre enfant et adulte est bénéfique pour l’enfant. Adultes et enfants regardent ensemble, font attention à la même chose, et discuter de l’histoire, du contenu, des objets et personnages présents à l’écran avec son enfant pourraient lui permettre de découvrir les particularités d’objets, d’enrichir son lexique et ses connaissances.

Concernant l’effet zapping, Nicolas Poirel écrit que le fait de mener diverses activités numériques en même temps semble avoir des conséquences sur le fonctionnement cognitif, à tous les âges de la vie. Une étude d’Ophir et collaborateurs (2009) rapporte un lien entre la fréquence d’utilisation simultanée d’outils numériques et les difficultés à résister aux distractions visuelles. Plusieurs recherches (Brasel & Gips, 2011, Moisala et al., 2016, Ophir et al., 2009) suggèrent que les processus attentionnels soient modifiés à la suite d’une utilisation fréquente de plusieurs médias en même temps (par exemple, regarder un film tout en consultant les réseaux sociaux sur smartphone). Toutefois, Nicolas Poirel nous invite à la prudence car, écrit-il, ces variations attentionnelles ne sont pas liées directement aux écrans, mais à l’utilisation multi tâche (fréquente chez les adolescents).

Il convient donc de communiquer au maximum auprès des parents sur les résultats scientifiques attestant l’impact positif du dialogue, de l’attention conjointe ou de l’intérêt pour les activités numériques de leurs enfants, plutôt que de se focaliser quasiment systématiquement sur les aspects négatifs des écrans. – Nicolas Poirel

Nicolas Poirel conclut son ouvrage en rappelant que les conclusions liées à l’utilisation du numérique et des écrans vont s’affiner au fil des recherches. Il nous invite à faire preuve d’esprit critique et à ne pas trop vite incriminer les écrans en réponse à de nombreux problèmes liés à l’enfance au sein de notre société.

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Votre enfant devant les écrans : ne paniquez pas – Ce que disent vraiment les neurosciences de Nicolas Poirel (éditions De Boeck) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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