Fratrie : vouloir donner la même chose aux enfants, une tentative inefficace pour éviter les conflits

vouloir donner la même chose aux enfants, une tentative inefficace pour éviter les conflits

En tant que parents, nous pouvons être tentés de mettre en place des stratégies pour éviter les conflits et disputes entre enfants. Une de ces stratégies, particulièrement inefficace, est de toujours donner la même chose à chacun. On le remarque par exemple lors des anniversaires : certaines personnes se sentent mal d’arriver les mains vides pour les enfants dont ce n’est pas l’anniversaire. Pourtant, les enfants ont besoin de se sentir singuliers, considérés comme un individu unique. Fêter l’anniversaire d’un enfant sans se sentir obligé d’offrir un cadeau à tous les membres de la fratrie, ce n’est pas léser les autres enfants, c’est simplement les considérer comme des êtres humains différents.

Cela devient une obsession et une prison, car nous sommes parents tout au long de notre vie. Ce choix ne peut que conduire à la culpabilité : comment accepter que dans certaines circonstances, nous n’avons pas tout à fait la même chose pour nos enfants. Allons-nous nous sentir redevables toute notre vie envers celui qui a été lésé ? Ce dernier s’attend-il à une forme de réparation de notre part étant donné qu’il s’est habitué à notre système de fonctionnement ? – Catherine Dumonteil-Kremer

Dans son livre La famille s’agrandit, Catherine Dumonteil-Kremer rappelle que les enfants n’ont pas tous les mêmes besoins au même moment (ne serait-ce qu’à cause de leur âge, ils n’ont pas le même appétit).

Il est possible de chercher à faire plaisir à chaque enfant en cherchant un cadeau correspondant à lui en particulier, quelque chose de différent des autres enfants, rien qu’à lui. L’intention ici compte plus que le coût ou la taille du cadeau car on s’adresse au coeur, et non pas à la raison. Si un enfant est déçu ou pose des questions sur le fait qu’il n’a pas de cadeau ou qu’il a un cadeau plus petit, il est toujours possible d’accueillir sa déception et de reformuler ses questions pour voir ce qui les motive : “”Oh, tu as l’impression que le cadeau de ta soeur est plus grand. C’est vrai que la taille du tien est plus petite mais je l’ai choisi exprès pour toi parce que je sais que tu aimes énormément (les Pokemon/ Harry Potter/ les licornes…). C’est ma manière à moi de te montrer que je fais attention à tes goûts.”

De même, si deux ou trois enfants se battent pour avoir le même nombre de frites dans leur assiette, il est possible de les ramener à leur sensation de faim plutôt qu’à la comparaison de la quantité présente dans leur assiette. Chipoter pour trois frites, c’est manifester la peur d’être moins aimé, d’être moins bien traité, de recevoir un traitement inéquitable. Il est possible de leur rappeler que, s’ils ont faim, il peuvent demander plus de quantité sans avoir besoin de faire référence à ce que les autres dans leur assiette. L’essentiel est de faire passer le message que chaque enfant sera sûr de recevoir ce dont il a besoin dans la famille.

En parallèle, apprendre à accepter et écouter les déceptions et colères des enfants apporte beaucoup d’apaisement au sein de la famille. Les enfants sont effectivement déçus face à une frustration ou un refus parental. Il est utopique de chercher à satisfaire tous les membres d’une fratrie car, en se focalisant sur le fait d’apporter la même chose à chacun, on focalise justement l’attention des enfants dessus. Ils deviendront alors hypersensibles à ce qu’ils vivront comme des injustices parce qu’ils auront intégré que recevoir la même quantité de choses, c’est recevoir la même quantité d’amour (ce qui est faux). Se sentir prêt à accueillir la frustration des enfants sans chercher à l’éviter systématiquement semble une meilleure plus efficace pour éviter les conflits dans les fratries que de chercher à donner la même chose à tout le monde.

Pour aller plus loin : La colère et la tristesse sont des émotions normales pour se remettre d’une frustration (et il est inutile de mettre plus de limites aux enfants)

Quand nous sommes épuisés et que nous ne nous sentons pas la force d’écouter les récriminations des enfants, il est possible de le leur dire explicitement : “Je suis épuisé.e ce soir et je n’ai pas la force de vous écouter.”

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La famille s’agrandit de Catherine Dumonteil-Kremer (éditions Jouvence) est disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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