Bienveillance et humiliations verbales ou physiques sont incompatibles

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Dire à un enfant “Tu es  méchant” ou “tu n’es pas gentil” est une forme de dévalorisation et n’aide absolument pas l’enfant à mieux se comporter. Les humiliations verbales ou physiques sur les enfants sont une forme de violence et ne devraient jamais être utilisées pour inciter les enfants à bien se comporter ou travailler à l’école. Certains enfants dits “sages” ne sont pas “obéissants” mais sont simplement tellement tétanisés par les adultes qui crient ou tapent qu’ils se conforment, s’éteignent et perdent leur estime de soi.

Confrontés à des comportements que nous n’apprécions pas (morsure, vol, mensonge, injure…), nous pouvons rappeler les valeurs importantes pour nous sans accuser les enfants ou les étiqueter de “voleur”, “méchants” ou “menteur”. Les enfants n’écoutent pas les discours de morale mais se sentent soutenus et valorisés par des démonstrations de confiance : “Je te fais confiance; en grandissant, tu vas y arriver”.

Parler des émotions avec les tout jeunes enfants pour construire des bases solides pour leur sécurité émotionnelle

Comme les jeunes enfants ne peuvent pas réguler leurs émotions, ces dernières vont s’exprimer de manière ostentatoire, sans filtre : crier, taper, mordre, se rouler par terre… Les adultes qui n’ont pas de connaissances au sujet du développement moteur, cognitif et émotionnel des enfants peuvent penser que ces comportements sont des manifestations de “sauvageons” ou de tyran à redresser et éliminer. Pourtant, l’amour et l’empathie sont des approches à la fois mieux traitantes et plus efficaces.

L’enfant submergé par sa colère ou sa tristesse souffre et a besoin d’un soutien chaleureux, empathique pour traverser la tempête. Les gestes d’affection passent par le toucher, le câlin et le regard. Même avec les nouveaux-nés, l’empathie crée un pont entre le parent et l’enfant et participe à construire la sécurité émotionnelle du bébé. Le parent peut faire des hypothèses et s’adresser au bébé en disant “Là, je vois que tu es énervé”, “On dirait que tu es inquiète” ou encore “J’ai l’impression que tu as eu peur”. De même, le parent peut parler de ses propres émotions : quand il sent qu’il risque de crier ou se montrer violent avec l’enfant, l’adulte peut exprimer à haute voix que ses limites sont dépassées et qu’il a besoin de retrouver son calme. Quand les parents parlent tôt d’émotions à leurs enfants, les premiers mots des enfants peuvent porter sur leurs propres émotions (“peur, “colère, “triste”…).

Ce qui perturbe notre volonté de bienveillance

Accompagner les jeunes enfants de manière bientraitante n’est pas si simple car la fatigue du parent, l’isolement, le stress , la socio-culture et l’histoire personnelle amènent des interférences. Il est nécessaire d’avoir autant d’empathie pour soi que pour les enfants. Dans les moments d’exaspération, d’impuissance, de culpabilité, il est utile d’accueillir les émotions et sensations qui émergent en nous et de faire le point sur nos besoins et conditions de vie (ce qui nous permettrait de diminuer notre stress et notre fatigue, de rompre notre isolement, de panser nos blessures du passé). Un enfant ne s’élève pas dans la solitude parentale car l’éducation est une attention et une sollicitation permanentes. Quand on sent qu’on n’en peut plus, il est recommandé de se faire épauler par des personnes bienveillantes (pas seulement par la famille mais aussi par des voisins, des parents des copains/copines ou encore des regroupements de parents).

Pour aller plus loin : Parents : quand on n’en peut plus…

Si on change de façon d’être avec les enfants, toute la société peut changer et tendre vers moins de violence. On n’a jamais fini d’apprendre et de progresser dans nos relations : en tant que parents, nous ferons des erreurs et nous pouvons décider de faire autrement en nous excusant (“je n’aurais pas dû te dire cela et je te présente mes excuses”), en nous informant sur les besoins des enfants et en nous dotant de nouvelles manières de penser et de faire.

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Source : Lettre à un jeune parent : ce que mon métier de pédiatre et les neurosciences affectives m’ont appris de Catherine Gueguen (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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