Utiliser l’humour et le jeu pour renverser les attitudes qui nous exaspèrent chez les enfants

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Dans son livre Qui veut jouer avec moi ?, Lawrence Cohen propose de passer par le jeu et l’humour (plutôt que les critiques et punitions) pour faire face aux comportements de nos enfants qui nous exaspèrent. L’idée est de remplacer l’irritation et les jeux de pouvoir (qui risquent de mener à la violence) par du lien et du contact. Les problèmes de comportement deviennent des jeux qui sont l’occasion de créer du lien et d’enseigner des compétences sans recourir à la force.

Solliciter une réaction horripilante imprime à la situation un tour humoristique qui permet de mieux réfléchir à la manière de la gérer, tout en prenant l’enfant au dépourvu. – Lawrence Cohen

Cohen formule plusieurs exemples :

  • Face à un enfant qui ne veut pas faire sa part de tâches ménagères : “Au lieu de sortir les poubelles, ça ne t’ennuierait pas de te vautrer devant la télé ?”
  • Face à un enfant qui ne veut pas aller se coucher : “Hum, je me disputerais bien à propos de l’heure du coucher. Et toi ? Alors je commencerais par te dire : Gna gna gna, tu as école demain, il faut te coucher tôt; et toi tu répondrais quoi ?”
  • Face à des enfants qui font beaucoup de bruit, leur proposer de sortir dans un endroit non gênant ou mettre des boules Quiès et dire : “Si vous avez envie de hurler, c’est maintenant ou jamais. Vous pouvez vous en donner à cœur joie ! Top chrono !” (avec un minuteur)
  • Face à des enfants qui se disputent : “Hé, trop cool, vous vous chamaillez ! Je peux regarder ? Ça me fascine que les aînés se prennent toujours pour les rois du monde alors que les petits, eux, font leurs coups en douce. Vous avez déjà remarqué ?”
  • Face à un enfant qui bafoue les règles : inventer une règle qui ne peut qu’être transgressée (par exemple : “Interdit de cligner des yeux” ou “Interdit de mettre des chaussures de la même couleur” ou “Interdiction de mâcher à table”)
  • Face à un enfant qui ment : s’amuser à imaginer les pires mensonges qui soient, les plus exagérés, les plus éhontés ou alors dire soi-même des mensonges en assurant que c’est vrai (mais avec un sourire entendu)
  • Face à un enfant qui coupe habituellement la parole, monopolise la parole ou pose des questions déplacées : lui répondre sur le ton de l’humour quand il pose des questions appropriées et normales (ex : si l’enfant demande dans quel parc on va lors d’une sortie, lui répondre “En voilà des manières ! Je n’en reviens pas que tu aies osé me poser une question aussi déplacée ! Incroyable ! Et tu vas bientôt me demander si on y va à pieds ou en voiture en plus ? Quel sans-gêne !”)

L’objectif est de donner aux parents et aux enfants l’occasion de rire de thèmes habituellement source de tensions (plutôt qu’entamer des jeux de pouvoir dont personne ne sort vainqueur).

Attention, ce type d’approche n’est pas de la moquerie ou de l’ironie mais une recherche de lien dans une intention positive. Un clin d’oeil et un sourire peuvent accompagner ce type d’approche pour souligner cette intention et ne pas faire sentir du danger ou de la manipulation à l’enfant.

Inviter l’enfant à se conduire d’une manière qui nous agace permet de résoudre bien des difficultés comme par miracle. Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups. Parfois, le résultat est plus subtil : notre perception de l’attitude en question évolue, ou nous la supportons mieux. Autrement dit : prendre part à un jeu que nous détestons peut le modifier, lui, ou modifier ce qu’il nous inspire. L’un vaut l’autre; tant que le comportement de nos enfants cesse de nous horripiler. – Lawrence Cohen

Cette manière d’aborder les problèmes de discipline ou de comportement peut paraître artificielle, inefficace ou chronophage. Pourtant, l’humour et les jeux remplissent les réservoirs affectifs de chaque membre de la famille et une personne dont le réservoir affectif est rempli est beaucoup moins irritable. Par ailleurs, consacrer quelques minutes à un jeu permet de gagner du temps : non seulement jouer prend moins de temps que s’énerver et négocier à n’en plus finir mais, à moyen et long terme, la relation de confiance et de respect fait diminuer les oppositions et les résistances.

Il nous semble trop souvent que jouer non seulement nous prendra notre précieux temps mais videra notre réservoir dont le niveau nous paraît déjà bien bas. En réalité, un bon jeu joyeux le remplira tout autant que celui de nos enfants. Le jeu lui-même nous requinque mais c’est surtout l’intimité qui naît du jeu qui nous ressource. – Lawrence Cohen

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Source : Qui veut jouer avec moi ? Jouer pour mieux communiquer avec nos enfants de Lawrence Cohen (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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