Mémoires d’une jeune mère dérangée : un livre sur l’instinct maternel et le post partum

Laetitia Lambert est scénariste et réalisatrice, elle est par ailleurs mère de 3 enfants. Elle a écrit son livre L’instinct maternel pour raconter ses difficultés après la naissance de sa première fille et rendre compte de l’ampleur de la dépression post partum qui toucherait au minimum 10% des jeunes mères. 

Présentation de l’éditeur

« Je suis devenue folle. Je dois me rendre à l’évidence. J’ai mis un enfant au monde et BIM, d’un seul coup, je suis devenue folle. Fêlée. Zinzin. Fada. Toc toc. Agitée du bocal. »

Sans mes rencontres avec d’autres mères, je ne sais pas si je me serais autorisée à confier ici des choses que je n’avais jamais osé dire à personne. Vous savez, ce dont « on ne doit pas parler ».
Grâce à ces femmes, j’ai pu explorer les coulisses de mes idées reçues, de mes fantasmes, et déboulonner le mythe de l’instinct maternel.

Pourquoi j’ai aimé ce livre sur l’instinct maternel et le post partum

J’ai apprécié la puissance de ce témoignage, sans concession et pourtant écrit avec un certain sens de l’humour : cette écriture peut déclencher des pleurs et des rires successivement et même simultanément, au cours de la lecture. Il ne s’agit pas d’un journal intime, même si Laetitia Lambert s’appuie sur son expérience personnelle pour explorer les causes, les manifestations et les conséquences de la dépression post partum. Ce livre est à cheval entre l’essai et le roman, ce qui rend la lecture facile et fluide. 

On plonge avec elle dans les symptômes de la dépression, dans l’isolement, dans les émotions non dites, dans la culpabilité, dans la honte, dans le désespoir, dans l’absence de sens, dans les idées suicidaires. La lecture de ce livre peut aider les mères qui connaissent ou ont connu la dépression post partum, les conjoints de ces jeunes mères qui ne comprennent pas l’ampleur de ces difficultés maternelles (et, plus largement, l’entourage familial et amical de ces mères), les femmes de tout âge qui souhaitent avoir un enfant pour se préparer à cette éventualité, mais aussi au personnel soignant amené à fréquenter de jeunes mères. 

Laetitia Lambert explore le désir d’enfant, la grossesse, l’accouchement, les semaines et les mois qui suivent la naissance, le couple avant et après l’arrivée de l’enfant, les émotions qui surgissent de manière totalement inattendue, de manière frontale, de manière submergeante.

En tant que mère, la lecture de ce livre est à la fois perturbant, déculpabilisant, soulageant; nous pouvons nous sentir rejointes dans l’expérience de la maternité comme un tourbillon d’émotions, de déchirements, de pensées contradictoires, d’ambivalences et parfois de regrets.

J’ai particulièrement apprécié les pages dans lesquelles Laetitia Lambert expose ses rencontres au cours de groupes de parole animés par l’association Maman Blues autour de la dépression post partum. Les témoignages des mères sont à la fois différents et semblables : semblables dans les difficultés rencontrées (inexpliquables, qui submergent comme une vague qui emporte tout); dans la solitude face à l’épuisement, au manque de sens, à l’impression d’incompétence parentale, à l’idée que le bébé serait mieux sans sa mère qui est en dessous de tout, à la perte d’appétit et de sommeil, aux phobies d’impulsion, à l’envie d’en finir. On peut y lire le témoignage d’une mère qui a accouché prématurément et en est restée traumatisée, d’une femme qui a connu une dépression après la naissance de son deuxième enfant (mais pas au premier bébé), d’une mère submergée par le regret de sa vie d’avant et perdue par le manque de compréhension de son entourage (y compris médical). 

Le dernier chapitre de ce livre aborde précisément la définition de ce qu’est être mère (sans en donner une version universelle ni intemporelle, mais éclairée par les difficultés et les dissonances inhérentes à la parentalité). Laetitia Lambert écrit : “Être mère serait donc de fait ne jamais dire exactement ce qu’il faut dire. ne jamais faire exactement ce qu’il faut faire. Nos enfants se font une telle joie d’ailleurs de nous en faire le reproche. D’appuyer là où ça fait mal.” Elle ajoute : “Je projette sans peine – et de façon totalement arbitraire, je le concède – sur toutes les mères du monde, qu’elles doivent recéler bien des doutes, des secrets, des abîmes. Ce n’est pas forcément un problème d’ailleurs. Peut-être que j’aurais été bien avisée de le savoir au préalable pour ne pas mettre la barre trop haut. Et me casser la gueule avec moins de fracas.”

Un livre à recommander à toutes les mères, les futures mères, les soeurs, les tantes, les conjoints, les professionnels de santé, et toute personne en contact avec des jeunes mères. Pour mieux comprendre, aider et se faire aider quand la maternité se transforme en enfer.

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L’instinct maternel – Mémoires d’une jeune mère dérangée de Laetitia Lambert (éditions Mazarine) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce. 

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