Intervenir (ou pas) dans les conflits entre enfants : quelle intervention efficace pour les fratries ?

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Il peut être difficile de faire la part des choses entre intervention et non intervention en fonction des circonstances, de l’âge des enfants et de leur manière de gérer leurs disputes en général.

On peut tenter de classer les disputes entre enfants en 3 types afin d’y apporter une réponse utile et bien dosée. En s’inspirant du travail de Haïm Ginott et de Faber et Mazlish, ces 3 niveaux pourraient se découper ainsi :

  • 1. les désaccords

Les désaccords sont synonymes de chamailleries, de différends ou encore, dans le langage familier, de “chicanes”. A ce niveau, notre rôle d’adulte peut se contenter d’une écoute de loin mais attentive pour identifier un éventuel basculement vers un niveau supérieur.

A ce niveau, il est possible de laisser les enfants gérer leur désaccord. Nous pouvons transposer cette manière de faire à nos relations entre adultes. Cela serait en effet très frustrant pour nous adultes qu’un médiateur s’interpose systématiquement dans nos disputes de couple pour stopper la colère (et sans l’avoir sollicité qui plus est).

Cela ne signifie pas pour autant ne jamais intervenir : si un aîné agresse son petit frère bébé, il n’est pas question de le laisser faire. Il n’est pas non plus question de laisser un enfant devenir le bouc émissaire de ses frères et sœurs. Une intervention efficace et utile pourrait être de dire : “J’ai l’impression que C. ne s’amuse pas autant que vous; un jeu, c’est quand tout le monde s’amuse. C., tu as le droit de dire stop. Si vous avez besoin de moi, je suis là.”

 

  • 2. les disputes

Les disputes s’apparentent à des querelles, des altercations à la limite du passage à l’acte violent, de la fâcherie.

A ce niveau, l’adulte peut intervenir comme médiateur guidé par l’idée que les enfants sont capables de trouver une solution juste pour tous.

Parfois, les enfants peuvent demander l’intervention d’un adulte. Une façon de faire quand les enfants réclament l’arbitrage d’un adulte consiste à :

  • être présent (pas d’écran, pas de double tâche)
  • poser des questions à chacun
  • montrer un intérêt sincère et authentique pour tous les enfants impliqués
  • écouter les récits sans jugement ni idée préconçue (ex : prendre partie pour le plus jeune du fait qu’il soit plus jeune)
  • demander ce qui pourrait aider à résoudre le problème

La règle est de s’immiscer le moins possible dans le processus et, si les enfants sont coincés, proposer une solution sous forme de question : “Seriez-vous d’accord pour que je propose moi aussi une solution ?”. Parfois, le fait de poser des questions lors d’une dispute suffit pour débloquer le conflit.

Une ressource pour guider une médiation entre enfants :

médiation efficace conflits enfants

 

  • 3. les agressions

Avec les agressions, les enfants sont dans un conflit corps à corps. On parle ici de passage à l’acte (agressions en gestes et/ou en paroles) qui peuvent dégénérer en bagarre, en bataille ou en combat. Cela peut passer par des insultes et/ou des coups. Il est alors urgent d’intervenir (dire Stop !) et de rappeler la règle non négociable : taper et insulter sont formellement interdits.

Ne pas réagir face à une agression physique et/ou verbale, c’est la rendre légitime et “normale” aux yeux des enfants comme si ce n’était pas grave.

Dans un second temps, il est possible de raisonner en termes d’émotions, de besoins, d’attachement, d’aménagement de l’environnement ou encore de compétences pour identifier les origines de l’agression. C’est le principe de l’éducation positive : aller chercher les motivations des actions, outiller les enfants avec des ressources émotionnelles (retour au calme, résolution de conflits) ou encore aménager l’environnement pour éviter les conditions qui font émerger des situations potentiellement violentes entre enfants (ex : limiter la promiscuité, ne pas comparer les enfants pour ne pas les mettre en concurrence…).

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Pour aller plus loin au sujet des conflits dans les fratries :