Être père : une place à prendre au quotidien. Un livre de parentalité bienveillante par un père pour les pères
L’auteur de cet ouvrage, Olivier Foissac, anime des ateliers pour parents et professionnels de l’enfance. Il a été formé auprès de Catherine Dumonteil-Kremer, pionnière en parentalité positive en France, et propose dans ce livre des éléments issus de sa formation, de sa propre expérience de père, mais du recueil de témoignages sans tabou de pères qui ont assisté à ses ateliers.
Ce livre pour être père est organisé en 6 chapitres :
- De la décision à la rencontre
- Le retour à la maison
- Les émotions et les besoins
- Le duo parental
- Avant d’être pères, nous avons eu un père
- Nos enfants sont nos maîtres
Le gros avantage de ce livre est de concilier une documentation théorique riche (comme en témoigne la bibliographie) et des témoignages personnels dans lesquels des pères d’enfants de tout âge se livrent. L’auteur a pris soin de couvrir toutes les étapes de la “fabrique” d’un père : le désir d’un enfant, la grossesse, l’accouchement, le quatrième trimestre de grossesse et les années suivantes. Olivier Foissac traite notamment du paternage qui est l’une des fonctions paternelles principales lors des premiers mois de vie de l’enfant. Il y est également question d’allaitement. L’allaitement ne prive pas les pères d’interactions avec leur bébé. Un bébé n’est en effet pas un simple tube digestif et ses besoins ne se limitent pas à l’alimentation. Le développement des bébés se nourrit de contacts physiques (bercements, bains, chants, regards…). Ingrid Bayot parle de « niche sensorielle » paternelle parce que les interactions père/ bébé apportent de la diversité : voix plus grave, chaleur et odeurs autres, mouvements avec une autre intensité… et non alimentaires. Ces interactions activent la curiosité du bébé et participent à son développement.
Olivier Foissac aborde notamment les difficultés à être un père, mais aussi un compagnon. Certains pères peuvent en venir à en vouloir à leur bébé pour plusieurs raisons :
- la mère est accaparée par le bébé et le conjoint se sent invisible, délaissé;
- le père éprouve de la jalousie envers le bébé et peut estimer que la mère en fait trop avec le bébé et qu’il n’y en a plus que pour lui;
- le bébé rejette le père et celui-ci se sent inutile, impuissant;
- la vie de couple est chamboulée, tant sur le plan affectif qu’organisationnel;
- l’absence de vie sexuelle du fait de la fatigue des deux partenaires, du manque de temps, de l’absence de désir de la compagne ou encore de douleurs liées à l’accouchement peut devenir pesante;
- l’impression d’incompétence pour s’occuper du bébé ou une absence d’envie paternelle de prendre part aux soins peuvent générer de l’appréhension en présence de l’enfant et du détachement, voire une fuite du foyer.
Ces sentiments agressifs envers le tout-petit peuvent amener de la culpabilité chez les pères qui ne peuvent ou ne veulent pas toujours s’ouvrir à leur entourage. Il est important que les hommes trouvent un endroit où déposer ces émotions et ces pensées qui parasitent leur paternité et leur vie de couple. La capacité d’introspection, au besoin soutenue par un tiers (amis, thérapeute, groupe de soutien réel ou virtuel), et le dialogue dans le couple donnent une chance d’éviter la rupture. Quand les émotions et les besoins ne sont pas reconnus et/ou conscientisés, ils peuvent être à l’origine de conflits entre les partenaires, mais aussi entre père et enfant.
Il s’agit là d’un des aspects de la parentalité au masculin où l’histoire de chaque père va se révéler, mettant en lumière la capacité de chacun à accueillir ses émotions et à reconnaître ses besoins comme un écho à la manière dont ceux-ci ont été accueillis et comblés dans l’enfance. Il est difficile de faire ce qu’on n’a pas appris et lorsqu’on est pris dans ses propres tourments, on peut être aveugle à soi et à son entourage. – Olivier Foissac
Une présence bienveillante de la part du père envers l’enfant vient en général à bout des difficultés, mais cela peut prendre du temps (parfois plusieurs années avant que l’enfant se tourne pleinement vers le père et que le père prenne un réel plaisir dans sa relation à son enfant).
Dans son livre Être père, Olivier Foissac écrit également qu’il peut arriver que des pères aiment leurs enfants mais que les manifestations d’amour soit plus difficiles à offrir aux enfants pour eux que cela ne l’est pour les mères. Exprimer ou montrer de l’amour (d’une manière ou d’une autre) peut mettre les pères mal à l’aise. Cela ne signifie pas qu’ils n’éprouvent pas de sentiments, mais que la manière de les communiquer peuvent être détournées. Ces manières détournées peuvent prendre des formes diverses : une passion partagée, une présence lors des compétitions sportives, la fabrication d’objets, le fait de subvenir matériellement aux besoins de la famille même si cela signifie des absences fréquentes, des cadeaux matériels, des exigences élevées pour pousser les enfants vers le haut… Ce phénomène tient en grande partie à la socialisation des garçons (en lien avec la répression des émotions) et à ce que ces hommes ont reçu eux-mêmes de la part de leur père dans l’enfance (entretenant un cercle vicieux).
Si l’amour peut être une évidence pour le père, il y a souvent un décalage, voire un gouffre, entre l’amour qu’il ressent, sa manière de le transmettre et la perception qu’en aura l’enfant. – Olivier Foissac
Olivier Foissac estime que la conscience des pères des difficultés qu’ils rencontrent est une première étape qui leur permet d’échanger et de partager avec leur partenaire ou auprès d’autres personnes soutenantes. Mais cette conscience passe par le fait que ces difficultés ne soient pas ressenties comme des faiblesses et que les hommes puissent trouver une écoute compréhensive et non jugeante, capable d’accueillir la vulnérabilité de ces pères et disposant de connaissances ajustées au sujet de l’attachement et du développement humain.
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