La boucle AIR des excuses (compassion, lucidité et constructivité pour réparer la relation)
Dans leur livre Déjouer les pièges de la mauvaise foi et de la manipulation, Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre nous invitent à assumer notre juste part de responsabilité dans un conflit. Ils ont créé une boucle de l’excuse inspirée par les travaux de Stephen Karpman (concepteur du triangle dramatique). Cette boucle, sous forme de l’acronyme AIR, aide à réparer la relation et s’appuie sur la compassion, la lucidité et la constructivité.
Le principe est simple et demande humilité et confiance en soi : mon excuse ne doit pas faire l’ombre d’un doute. – Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre
A pour Amende honorable
Agnèse et Lefeuvre constatent que les excuses peuvent sonner faux quand elles sont précipitées, non sincères, ou mal ajustées à la situation (trop légères ou au contraire surjouées).
Quelques pièges peuvent disqualifier des excuses auprès de la personne à qui elles sont adressées :
- un regard fuyant
- une intensité trop faible au regard de la gravité de la situation ou de la répétition de l’acte reproché
- une justification (les excuses n’étant plus des excuses quand elles sont suivies par le mot “mais” qui introduit une justification)
- une accusation (“je suis désolée mais c’est toi qui as commencé”)
- une manière de se dédouaner sans implication personnelle et sans conviction (“c’est bon, on n’en parle plus, je me suis excusé”)
Les auteurs rappellent que “ça se voit” quand des excuses ne sont pas sincères !
I pour Intelligence (3 étapes)
Agnèse et Lefeuvre écrivent que les personnes auxquelles sont destinées les excuses doivent sentir que la personne désolée a compris pourquoi elle a agi ainsi et comment elle pourra l’éviter à l’avenir. Les personnes qui présentent des excuses doivent inclure dans leurs excuses des preuves de l’utilisation de leur intelligence à travers :
- l’Introspection
- Suis-je OK pour reconnaître ma part de responsabilité ?
- Sais-je pourquoi j’ai agi ainsi ?
- S’agit-il d’un problème de longue date ? Pourquoi alors ai-je ignoré les signaux d’alarme ?
- Quel est mon enjeu (ce que je crains de perdre, ce que j’ai à y gagner) ?
- Y a-t-il des raisons ou déclencheurs dans mon histoire personnelle qui peuvent expliquer mon comportement (des valeurs chères à mes yeux, des émotions cachées, des déclencheurs émotionnels, une croyance touchée à préserver…) ?
- l’Intelligence émotionnelle
- Ai-je mesuré l’impact de mon acte sur l’autre ?
- Suis-je prêt à accepter la colère, le rejet, le sentiment de trahison, la douleur de l’autre ?
- l’Investigation
- Est-ce que je donne la certitude à l’autre que j’ai cherché à comprendre les motivations de ce qui s’est passé ?
- Suis-je en capacité de décrire le processus qui a mené au désastre sans rejeter la faute sur l’autre ?
R pour Responsabilité
Assumer ses responsabilités, c’est exposer sa vulnérabilité au-delà de la honte et démontrer un plan d’action pour ne plus reproduire l’acte incriminé.
Assumer la Responsabilité de l’acte commis est certes essentiel mais comment garantir encore une fois que cela suffira à apaiser la colère ou la tristesse de la personne lésée. Pensez à indiquer votre plan d’action pour éviter que cela ne se reproduise. N’hésitez pas à inviter l’autre à vous relancer sur ce plan d’action. Si tu devais me revoir faire cela, fais-moi signe au plus vite que je me reprenne. – Agnèse et Lefeuvre
Assumer ses responsabilités peut passer par une phrase du type “Je ne veux pas prendre le risque de perdre ton amour/ amitié/ estime. A l’avenir, je souhaite… et je m’engage à… Je veillerai à…”.
Pour aller plus loin :
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Source : Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi 
de Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre (InterEditions). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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