La colère est le garde du corps d’émotions plus vulnérables

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La colère est une émotion humaine et cela n’a pas de sens de donner une valeur aux émotions. La colère n’est ni négative ni positive mais, comme toutes les émotions, elle a une fonction au service de la vie. La colère n’est pas synonyme de violence : la colère est une émotion qui émerge en cas d’humiliation, d’échec (défaite de soi), d’irrespect perçu ou encore de tristesse tandis que la violence est un comportement.

Lelia Schott, accompagnante parentale, définit la colère comme le “garde du corps” des émotions vulnérables, dans le sens où elle peut agir comme une protection contre des émotions douloureuses sous-jacentes comme la tristesse, la honte ou encore la peur.

La colère est souvent un moyen d’éviter de montrer un espace qui souffre en soi, lorsqu’on ne se sent pas suffisamment en sécurité pour exprimer les émotions vulnérables. Ce basculement de l’émotion de colère vers un comportement de violence est généralement un processus automatique et inconscient. Les adultes peuvent en prendre conscience pour accompagner les émotions des enfants avec bienveillance et le leur expliquer.

La colère peut également alimenter le courage dont on a besoin pour surmonter la peur et protéger les limites personnelles, tant corporelles que morales (limites du corps, défense de l’espace vital, défense des valeurs).

Différence entre émotion de colère et comportement violent

La différence entre émotion et comportement est importante à connaître afin d’agir de manière appropriée.

La colère comme émotion peut être accueillie avec observation et empathie. 

Quand les enfants se sentent entendus et compris, ils peuvent se détendre en toute sécurité et comprendre leur monde intérieur. Accompagner un enfant en colère, c’est être là pour lui, lui faire sentir qu’il a le droit de ressentir ce qu’il ressent, c’est poser des mots sur les émotions vécues en évitant de juger l’enfant ou de lui faire honte.

Pour aller plus loin : L’écoute empathique pour écouter vraiment les enfants (et dénouer crises et colère)

La violence est à stopper sans attendre.

Dire à l’enfant qu’il est dangereux, méchant ou pas gentil est contre productif. Si la colère mène à de l’agressivité ou de la violence, il s’agit évidemment d’arrêter le comportement blessant fermement et respectueusement. Il est possible de conduire l’enfant dans un espace plus petit ou couvert pour activer son sentiment de sécurité. Cela ne signifie pas isoler l’enfant de force mais l’accompagner dans un lieu où il pourra s’apaiser en présence d’un adulte empathique.

Lire aussi  : La différence entre l’usage protecteur et l’usage punitif de la force (quand un jeune enfant s’apprête à mordre ou frapper un camarade, quand un enfant traverse la rue sans regarder)

La corégulation émotionnelle entre parents et enfants pour modeler des comportements non violents

Il est important d’apprendre comment fonctionne la colère, à quoi elle sert et comment elle peut basculer en violence, car la colère peut empêcher de penser clairement.

La capacité de réguler une émotion à travers le soutien et le réconfort d’une autre personne est appelée corégulation. La corégulation pose les bases de l’autorégulation émotionnelle qui va se développer tout au long de l’enfance.

Les enfants ont besoin des adultes (et en particulier de leurs parents) pour les aider à :

  • développer la capacité de s’observer tout en acceptant l’émotion ressentie (savoir faire une pause pour identifier les sensations vécues dans le corps, ce que la petite voix dit, les images qui viennent en tête, la nature et l’intensité de la ou des émotions ressenties, les émotions sous-jacentes);
  • reconnaître quand l’émotion risque de déborder et disposer d’une boîte à outils pour s’apaiser;
  • comprendre ce qui a fait émerger l’émotion dans la situation (raisonner en termes de besoins) et construire un récit recadré de l’enchaînement perceptions/ sensations/ pensées/ émotions/ comportement;
  • faire des choix conscients sur leur comportement et sur la façon dont ils expriment leurs émotions aux autres.

Les adultes jouent un rôle important dans le modélisation des comportements non violents, à la fois dans la manière dont ils vivent leurs émotions au quotidien mais aussi dans leur capacité à être un espace sûr, chaleureux, empathique pour les enfants tristes, apeurés, honteux ou encore en colère. Proposer cet accompagnement émotionnel suppose de bien connaître la nature des émotions et de comprendre que l’empathie est ce dont les enfants en souffrance ont besoin, bien avant les conseils ou les mots rassurants.

Souvent, un enfant qui se plaint, raconte ses problèmes ou confie ses émotions à ses parents ne demande ni solution ni conseil mais a simplement besoin de compréhension et d’empathie, c’est-à-dire d’une oreille “amie” ou d’une épaule sur laquelle pleurer. Le rôle des parents n’est donc pas de résoudre les problèmes des enfants mais de d’abord leur offrir un soutien, un soulagement, de l’empathie.

Dans un deuxième temps, quand le parent s’est connecté émotionnellement à l’enfant et lui a permis de vivre toutes les émotions qu’il avait besoin de vivre, il est possible de demander à l’enfant s’il est d’accord pour écouter des conseils. L’enfant peut répondre par l’affirmative comme par la négative et son choix est à respecter. Certaines fois, se confier et se sentir entendu, compris, rejoint, soutenu et aimé suffit à aller mieux.

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Pour aller plus loin, la lecture de mon livre vous donnera des pistes pour raisonner autrement face aux comportements des enfants qui nous mettent en difficulté (avant de chercher à plaquer des astuces et conseils au risque de constater que “la parentalité bienveillante, ça ne marche pas”).

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