Les enfants font grandir leurs parents (parfois dans la douleur)

Les enfants font grandir leurs parents

Dans son livre Jouer, grandir, s’épanouir, Deborah Macnamara nous rappelle à quel point être parent peut nous bousculer et nous amener à des mots ou gestes dont nous ne sommes pas fiers.

Élever un enfant représente une occasion unique pour la maturation émotionnelle, mais celle-ci ne se produira pas sans quelques douleurs de croissance. Les enfants ont le pouvoir de susciter en nous des émotions dont nous nous ignorions capables. Comme le ferait un miroir, ils sont la réflexion de notre immaturité, nous révèlent nos points faibles et nous forcent à faire connaissance avec nous-même encore et encore. […] Il n’y a pas de force comparable à celle d’un jeune enfant pour ce qui est de tester nos limites. – Deborah Macnamara

Avant d’être parent, il est difficile de se rendre compte à quel point prendre soin d’un jeune enfant fera appel au besoin de maîtrise de soi, à la patience, à la considération, au courage, au pardon et au sacrifice. Deborah Macnamara estime que ces six vertus sont celles d’un tempérament mature. Quand nous ne sommes pas capable d’en faire preuve face à nos enfants, nous nous rendons à quel point nous manquons de force émotionnelle, de maturité et ce constat peut être très perturbant. Il ne semble pas exagéré de parler de coéducation émotionnelle dans le sens où nous grandissons en même temps que nos enfants. Deborah Macnamara souligne ce paradoxe de la vie en remarquant que, pendant que nous élevons nos jeunes enfants, ils donnent naissance au même processus en nous.

La parentalité représente un énorme défi pour la majorité d’entre nous parce que nous nous rendons compte que nous sommes loin d’avoir fini notre croissance psychique à mesure que nos enfants appuient sur d’anciennes blessures ou font ressortir nos parts d’ombre. On peut très bien avoir des valeurs fortes et des projections claires de la manière dont on voudrait prendre soin des enfants mais cela ne suffit pas toujours à les traduire dans la réalité quotidienne. Nous nous étions promis de ne plus crier et nous nous trouvons à crier dès 8h du matin pour espérer être à l’heure à l’école. Nous sommes résolument contre les violences éducatives ordinaires et nous nous retrouvons à dire à notre enfant qu’au moins, son frère obéit lui.

Pourtant, nous pouvons trouver dans l’amour que nous portons à nos enfants le pouvoir d’évoluer d’apprendre et de croître.

Cela demande le courage de regarder la distance entre la façon dont nous agissons avec l’enfant et celle que nous visons, ainsi que le courage d’accepter la culpabilité qui viendra et de la laisser nous diriger sur la bonne voie. L’ironie, c’est que plus on devient émotionnellement mature, plus on se rend compte de toutes les fois où l’on ne réussit pas bien les choses. – Deborah Macnamara

Par ailleurs, il y aura des moments où la chose la plus importante à faire est de réparer la relation avec l’enfant contre lequel on a explosé. Réparer la relation, c’est lui présenter des excuses sincères, sans lui demander qu’il nous pardonne et en le laissant être fâché contre nous aussi longtemps qu’il en a besoin pour réparer sa propre intégrité abimée par nos cris, nos humiliations ou autres actes qui n’auraient pas respecté sa dignité.

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Inspiration : Jouer, grandir, s’épanouir de Deborah Macnamara (éditions AU CARRÉ). Disponible en format numérique.