Les humains ne peuvent pas se passer d’empathie (donnée et reçue) : ce qui entrave l’empathie

entrave l'empathie

Les humains ne peuvent pas se passer d’empathie (donnée et reçue). Dans son livre Cultiver l’intelligence relationnelle, Daniel Goleman estime qu’il est important d’inclure une dimension éthique dans la définition de l’intelligence relationnelle. L’intelligence relationnelle ne doit pas se résumer à la capacité de comprendre et manœuvrer les autres. Elle doit prendre en compte les conduites affectueuses et empathiques qui enrichissent une relation et donc comprendre ce qui entrave ce type de relations.

La transe urbaine

Dans les rues des grandes villes, les gens sont moins enclins à remarquer, à saluer ou à aider les autres à cause de ce qu’on a nommé la “transe urbaine”.

Les sociologues supposent que nous avons tendance à nous absorber en nous-mêmes dans les rues les plus encombrées afin de nous protéger d’une surcharge de stimuli. Mais cette stratégie a comme conséquence de nous couper non seulement des distractions extérieures mais aussi du malheur des autres.

Un manque d’attention

Parmi les nombreux facteurs qui entrent en jeu dans l’altruisme, il semble que l’un des plus essentiels soit de prendre le temps de l’attention. L’empathie est plus forte quand nous nous centrons entièrement sur l’autre, créant une boucle émotionnelle. Il suffit de porter attention à autrui pour créer une connexion émotionnelle.

En l’absence d’attention, l’empathie n’a aucune chance de naître. A partir du moment où une personne porte assez d’attention à une autre personne pour éprouver de l’empathie envers cette dernière, la probabilité de lui offrir de l’aide augmente. A l’inverse, plus nous somme perturbés (stressés, inquiets, en colère, perdus dans les pensées…), moins nous sommes capables d’empathie et d’altruisme (parce que notre attention est dégradée).

Le simple fait qu’un passant s’arrête et s’intéresse à une personne sans abri peut sortir les autres passants de leur transe urbaine.

Le repli sur soi, sous toutes ses formes, tue l’empathie, et plus encore la compassion. Lorsque nous sommes centrés sur nous-mêmes, notre monde se contracte car nos problèmes prennent toute la place. Mais quand nous portons notre attention vers les autres, notre monde s’élargit. Nos problèmes, relégués à la périphérie de notre esprit, paraissent moindres et notre capacité de connexion ou d’action altruiste augmente. – Daniel Goleman

Des racines de l’attachement à l’âge adulte dans l’enfance

Dans la théorie de l’attachement, ce développement est en relation directe avec la qualité des interactions précoces entre la figure d’attachement primaire (le plus souvent la mère) et l’enfant. D’autres figures d’attachement secondaires (enseignants, famille, personnel de crèche…) peuvent également y contribuer dans une moindre mesure.

Trois mécanismes expliquent cette influence qui perdure au fil des années :

1.Les schémas d’attachement et de communication précoces

Les schémas d’attachement et de communication précoces organisent les perceptions, les pensées, les émotions et les comportements ultérieurs de l’enfant puis de l’adulte, en particulier en cas de stress.

Une stratégie saine consiste, dans ces circonstances, à exprimer ses émotions et à rechercher le soutien et l’aide d’autrui.

2.Les représentations élaborées par rapport aux relations intimes

Les représentations élaborées par-rapport aux relations intimes viennent affecter la capacité à se lier à autrui. Ces représentations sont construites à partir des expériences réelles vécues avec les parents et elles conduisent à s’attendre à être accepté et aimé (ou non) et à pouvoir compter (ou non) sur autrui.

Elles sont à la base autant de la confiance en soi que de la confiance en autrui.

3.Le respect des besoins d’exploration de la personne dans son enfance (sans entrave ni peur inutile)

Le respect par les parents des besoins d’attachement doit aller de pair avec le respect pour le besoin d’exploration de l’enfant. C’est la capacité à explorer sans entrave et sans peur inutile de la part des adultes qui permet d’entrer en contact avec de nouvelles personnes, de se faire des amis, et d’entretenir plus tard des relations (amoureuses notamment) équilibrées.

Cette capacité d’exploration tant physique que psychique permet aussi d’affronter de nouvelles situations, de s’adapter et d’entrer en relation avec autrui. C’est également la capacité d’exploration qui va permettre d’entrer en lien et de confronter des représentations, des idées, des croyances afin d’éventuellement abandonner d’anciens modes de perception et de réaction qui ne sont plus nécessairement appropriés.

La capacité à aborder les relations affectives autant du point de vue autocentré que de celui d’autrui est une compétence acquise par la pratique au sein de la famille.

Accepter l’enfant, le soutenir, être à son écoute et lui fournir des expériences stimulantes adaptées sont les caractéristiques du comportement que chacun des parents, meilleurs garanties d’une représentation harmonieuse  de soi et d’autrui à l’âge adulte.

L’adulte se doit de respecter les besoins d’exploration de l’enfant, lui apprendre à coopérer, tout en lui permettant de trouver seul des solutions à sa portée. Il est là pour guider, soutenir et faire progresser l’enfant dans ses apprentissages, et non pour le soumettre à des situations qui le dépassent ou pour lui imposer des solutions toutes faites.

Une fois encore, il s’agit pour le parent de se centrer sur l’enfant, de jouer avec lui, et non d’en faire son jouet.

Les paroles accompagnant les activité ludiques, les encouragements, les félicitations, les conseils, semblent aussi avoir un impact ultérieur sur la capacité à concevoir clairement la qualité de ses relations à autrui. – Yvane Wiart

De l’empathie à l’altruisme : cultiver l’intelligence relationnelle

Être témoin d’un acte d’altruisme

Être témoin d’un acte de compassion peut suffire à enclencher des comportements empathiques et altruistes… encore faut-il y prêter attention !

Les personnes ayant assisté à un acte spontané de courage, de tolérance ou de compassion font état d’un sentiment chaleureux que les psychologues nomment exaltation

Ainsi, l’exaltation est contagieuse. Quand un individu est témoin d’un acte de bonté, il est souvent poussé à en accomplir un ultérieurement à son tour.

Entendre des histoires mettant en scène des héros altruistes

Le fait d’entendre raconter un acte d’assistance à un malheureux peut procurer un sentiment d’exaltation.

Cette influence sociale explique pourquoi les légendes mythiques du monde entier sont remplies de personnages qui en sauvent d’autres en accomplissant des actes courageux.

Entendre ce genre d’histoires aurait le même impact émotionnel que de les voir de ses propres yeux.

 

Dépasser les obstacles à l’empathie dans nos sociétés modernes

Dans nos sociétés modernes, nous sommes souvent dans un rapport lointain avec les autres, encore plus avec les malheureux. Soit nous ne les voyons pas (cf la transe urbaine), soit nous ne sommes pas capables d’empathie émotionnelle parce que notre empathie est plus cognitive. Nous nous sentons désolés pour les personnes en souffrance mais sans ressentir nous-mêmes l’aiguillon de leur souffrance. Daniel Goleman remarque que les distances sociales (déménagements multiples, déplacements quotidiens, famille éclatée, vie urbaine) et virtuelles (communication électronique, bulle virtuelle) ont créé une anomalie dans la vie des êtres humains en rapport avec notre nature (même si cette anomalie est pour nous la norme). En effet, pendant les interactions directes, une boucle s’établit par laquelle nous recevons un flux ininterrompu de feedback (provenant essentiellement des expressions de l’autre, du ton de sa voix qui nous dit en permanence si nous somme sur la bonne voie ou pas en termes de relation).

La séparation tue l’empathie et l’altruisme disparaît. – Daniel Goleman

Goleman explique que les relations sociales font partie des facteurs de risque sur la santé même si elles ne représentent qu’une partie du problème (d’autres facteurs de risque, de la prédisposition génétique au tabagisme, jouent également un rôle sur notre bien-être émotionnel et notre santé physique).

La qualité et la présence des relations que nous entretenons avec les autres nous influencent, pour le meilleur ou le pire.

Les modifications physiologiques associées aux bons et aux mauvais moments ponctuels d’une relation n’ont pas d’impact délétère à long terme. Les problèmes apparaissent quand une relation toxique ou l’isolement s’installent pendant des années.

L’influence d’une relation donnée sur notre santé dépendra de la somme totale de ses effets bénéfiques ou toxiques au cours des mois et des années. Et plus nous sommes fragilisés – par un début de maladie, les suites d’une crise cardiaque, ou par l’âge -, plus l’impact de nos relations sur notre santé sera puissant. – Daniel Goleman

Ainsi, des relations pauvres en empathie ou l’absence de relations interpersonnelles ont des effets négatifs sur le plan de la santé mentale et physique.

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Sources :

Cultiver l’intelligence relationnelle de Daniel Goleman (éditions Pocket). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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L’attachement, un instinct oublié de Yvane Wiart (éditions Albin Michel). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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