Les parents bienveillants ne sont pas des parents sacrificiels.

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Les parents bienveillants ne sont pas des parents sacrificiels. Nous avons nos besoins, nos limites et nos valeurs car nous sommes des humains. Nous pouvons et devons parler de nos limites personnelles aux personnes avec lesquelles nous vivons. Si nous n’exprimons pas notre impatience, notre inquiétude ou notre découragement, alors nous finirons par exploser (violence verbale et/ou physique) ou imploser (épuisement, dépression).  Nous pouvons exprimer nos émotions aux enfants de manière authentique, sans surjouer nos sentiments (pour faire peur aux enfants ou les culpabiliser) ni les minimiser. Par exemple, une phrase du type “Je ressens beaucoup d’agacement quand tu m’interromps au téléphone”. Quand nos besoins ne peuvent pas être remplis du fait du comportement d’une autre personne (quel que soit son âge), nous avons le devoir de le lui dire et de l’informer de ce que nous allons entreprendre pour respecter nos besoins.

L’affirmation personnelle et authentique permet de communiquer nos besoins aux enfants sans passer par le contrôle des enfants ou l’oubli de soi en tant que parents. Faire preuve d’affirmation personnelle nécessite de se concentrer sur nos propres besoins et sur nos limites personnelles, sur nos actions et nos mots plutôt que sur ce que les autres parents vont penser ou que d’avoir peur des réactions des enfants (refus, crise, pleurs). L’affirmation personnelle passe par le respect des droits de l’enfant et est incompatible avec les punitions, les cris, la violence physique (tape, tirage d’oreilles..) et verbale (menace, chantage, moquerie…). Pour s’affirmer en tant que parent, il est nécessaire d’être ancré dans le moment présent sans anticiper le pire ou penser à ce qui s’est passé la dernière fois dans la même situation.

Quand nos paroles ne sont pas vraiment authentiques (quand elles traduisent une leçon de morale, une habitude, une prêche, un explication rationnelle dénuée de chaleur…), alors ces paroles sont vaines. Ce n’est pas faire preuve d’affirmation personnelle que de poser des fausses questions aux enfants (“est-ce que tu veux bien monter dans la voiture ?”), de penser à la place des enfants (“mais si, tu as envie d’aller chez mamie”) ou encore d’essayer de les contrôler (“tous les enfants aiment les glaces, pourquoi tu ne les aimes pas ?”).

De plus, les enfants ont besoin de connaître les émotions de leurs parents, y compris l’impatience, l’exaspération, l’irritation, le franc agacement : c’est par l’exposition que les jeunes humains apprennent à adapter leurs propres comportements en prenant en compte les émotions des autres et à s’ajuster dans les relations interpersonnelles.

Se sacrifier pour ses enfants n’est pas de l’amour.

Jesper Juul, thérapeute familial danois, qualifie les parents qui nient leurs limites personnelles et leurs besoins et qui veulent évacuer les conflits de leur vie en se sacrifiant et en devançant les besoins des enfants des “individus qui jouent aux parents”.

Un compagnon ou une compagne agissant de la sorte nous rendrait sans doute dingues en l’espace de deux semaines, mais quand les enfants n’ont rien connu d’autre au cours des premières années de leur vie, ils considèrent évidemment qu’il s’agit d’une forme d’amour naturelle, la seule possible. Ce n’est qu’à l’âge de quatre ans environ qu’ils se demanderont pourquoi ils ont tellement froid à l’intérieur alors que leurs parents leur donnent tant d'”amour”. – Jesper Juul

Les parents qui se sacrifient pour leurs enfants sont dangereux parce qu’aucun enfant ne pourra jamais rembourser un parent qui lui sacrifie sa vie.

Jesper Juul nous invite à dire non en ayant la conscience tranquille : tant que nous dirons non avec mauvaise conscience, nous sommes manipulables et risquons d’être manipulés (par les adultes comme par les enfants). De plus, si nous n’écoutons pas nos propres besoins, nous finirons par ne plus accorder d’attention à leurs enfants qu’à contre-coeur.

Tout donner aux enfants en allant jusqu’au sacrifice n’a rien à voir avec l’amour.

Différence entre protection et punition

Marshall Rosenberg, concepteur du processus de la Communication NonViolente, prend l’exemple d’un enfant qui voudrait jouer avec une prise électrique. Son parent aura beau lui répéter à longueur de journée de ne pas s’approcher car c’est dangereux, les besoins impérieux de découverte, d’exploration et de compréhension de l’enfant le ramèneront vers cette prise et son danger. Ce qui est en notre pouvoir en tant que parents, c’est de modifier notre manière d’aborder la situation ainsi que l’environnement de l’enfant : poser un cache sur la prise, emmener gentiment l’enfant dans une autre pièce. Il est inutile de taper la main de l’enfant ou de le punir (via un isolement forcé par exemple). L’idée ici est de satisfaire notre besoin de protéger l’enfant, sans porter atteinte à sa dignité.

La différence entre la protection et la punition réside dans l’intention : quand on contrôle les circonstances, on se comporterait de la même manière avec un adulte qui ne parle pas la même langue ou qui n’y connait rien en électricité.

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Sources :

Dénouer les conflits par la Communication NonViolente de Marshall Rosenberg (éditions Jouvence). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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5 piliers pour une vie de famille épanouie : par l’expert danois de l’éducation de Jesper Juul (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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