Entretenir et répondre à la “soif de parler” dès 2/3 ans

La richesse du vocabulaire est un atout à cultiver chez nos enfants. Vers l’âge de 2/3 ans, les enfants entrent dans une phase caractérisée par la “soif de parler“. C’est à peu près à cet âge qu’ils se rendent compte que tout objet, tout animal, toute personne, toute fonction portent des noms et qu’ils peuvent les apprendre. Connaître le nom des choses qui les entourent est un moment de découverte puissant pour les enfants de cet âge-là.

Les mots permettent aux humains d’intérioriser leur univers. C’est par les mots que nous pouvons manipuler mentalement les objets sans avoir à les toucher ni même à les voir. Les mots permettent une prise sur le monde que les autres espèces vivantes ne possèdent pas.

Les paroles : des moyens puissants pour être compris

Alain Bentolila, linguiste, estime que :

“La langue est faite pour parler à des gens qui ne me ressemblent pas, qui ne pensent pas comme moi, qui ne croient pas au même dieu et qui n’ont pas les mêmes convictions.”

“La langue sert à franchir une distance significative afin de transmettre des informations à des personnes qui ignorent qui je suis et ce que je pense.”

Il estime que la richesse de la langue et du vocabulaire sont des moyens puissants pour être compris au mieux par des interlocuteurs avec qui on a peu de choses en commun. Il insiste alors sur l’importance que revêt l’apprentissage du vocabulaire pour les enfants :

“Les enfants doivent être formés à ajuster leur discours ou leur texte selon le degré de connivence qui caractérise leur rapport à l’autre. Et pour pouvoir s’ajuster, il faut avoir recours à un plein “sac” de moyens linguistiques.

Quand parler est un défi, il faut puiser dans les mots rares, justes, adaptés.

Quand on dit des évidences ou des banalités, on se contente de mots plus flous.”

Selon le linguiste, “Je t’aime et je n’ai pas compris ce que tu veux me dire” est un service à rendre aux enfants. L’enfant est alors invité à reformuler avec ses mots, des mots au plus proche de ses intentions et les parents peuvent être force de proposition pour l’aider à préciser sa pensée. Pour certains enfants, notamment certains enfants sur le spectre du trouble autistique, l’apprentissage du vocabulaire peut se faire à travers la communication alternative augmentée. De même, certains jeunes sourds ne passent pas par les mots prononcés à l’oral, mais par la langue des signes française en France (LSF).

La deuxième naissance : la mise au monde linguistique.

Alain Bentolila parle de deuxième naissance : la mise au monde linguistique.

Chaque fois qu’à la maison ou à l’école, on renonce à l’explication pour l’imprécision, chaque fois que l’on privilégie la connivence contre la distance, chaque fois que l’on préfère le préjugé à la découverte, on affaiblit le pouvoir d’ouverture, d’explication paisible et de critique lucide de la langue.

Dans l’idéal, évitons de désigner les objets par des « ça », des « trucs » ou des « machins ». Nous pouvons plutôt appeler les objets et les gens par leurs noms.

le verbe c'est l'autre citation bentolila

Pour aller plus loin,

11 jeux et activités pour enrichir le vocabulaire des enfants

Comprendre le développement de la pensée des enfants 

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Sources : Entretien avec Alain Bentolila – L’école des parents Janvier/Février 2011

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