3 livres pour une éducation affective et sexuelle : des clés pour pour accompagner les enfants et adolescents dans la découverte des relations amoureuses

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Les trois livres que j’ai sélectionnés sont de véritables livres-ressources qui permettent d’ouvrir le dialogue avec les enfants au sujet de la vie affective en général et de la sexualité en particulier.

Le premier livre est un livre qui aborde l’éducation affective et sexuelle de manière globale et donne des clés aux parents pour trouver les mots face aux questions des enfants.

Le deuxième livre se focalise sur la pornographie et les répercussions de la culture pornographique sur la psyché des enfants et des adolescents. Les auteurs y donnent également des pistes pour accompagner les enfants et adolescents dans la découverte conjointe des écrans et des relations affectives et sexuelles.

Le troisième livre aborde le thème de l’éducation anti-sexiste et l’autrice aborde la question de la sexualité du point de vue des garçons (enfants et adolescents) et notamment du consentement.

1. Osez en parler : pour une éducation sexuelle et affective au service de la vie

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Maëlle Challan Belval est conseillère conjugale, spécialiste de l’éducation sexuelle et affective et a écrit le fabuleux livre Osez en parler ! – Savoir parler d’amour et de sexualité avec ses enfants (InterEditions). Elle y affirme haut et fort que l’enjeu de l’éducation affective et sexuelle n’est pas le sexe mais la vie.

Dans cet ouvrage, elle propose une approche de l’éducation sexuelle et affective fondée sur trois piliers :

1.Information (permettre aux enfants et adolescents de développer des connaissances et des savoirs)

Maëlle Challan Belval estime qu’informer, c’est d’abord se réjouir de la curiosité des enfants dans les domaines du corps, des émotions, des relations, de la reproduction humaine et de la transmission de la vie.

L’information passe par un vocabulaire précis et Maëlle Challan Belval précise que nommer, c’est faire exister, c’est rendre les enfants “bilingues”, c’est rassurer (oui, c’est normal de se poser des questions) et c’est protéger dans un échange chaleureux et authentique à hauteur d’enfant.

Ce premier pilier peut déjà nous bousculer en tant qu’adultes car nous avons souvent l‘idée reçue selon laquelle nommer les parties intimes, c’est inciter les enfants au sexe et leur donner des idées.

Il s’agit de programme où l’on valorise le libre choix et l’affirmation. L’éducation sexuelle ne professe pas le sexe : elle proclame la vie ! – Francine Duquet

Par ailleurs, la majorité des adultes éprouvent un gêne sur le sujet de l’éducation affective et sexuelle (liées à des tabous familiaux, culturels, religieux ou encore à une histoire difficile). Pourtant, il n’y a pas de fatalité : les adultes peuvent apprendre à en parler en travaillant leur histoire, en s’exerçant à prononcer les mots tabous et en passant de la peur à la confiance. L’idée est de sensibiliser au consentement, et à ce qui est normal ou pas en nommant les parties du corps afin que l’enfant sache quelle partie les adultes n’ont pas le droit de toucher.

2. Réflexion (encourager les enfants et adolescents à penser et développer leur sens critique)

Maëlle Challan Belval qualifie les questions existentielles des enfants et des adolescents sur la vie de couple, sur l’estime de soi, sur l’égalité, sur l’amour de “questions de géants” et de “questions-bombes” en même temps. Ces questions sont exigeantes par nature et ne peuvent se satisfaire des réponses techniques.

Les “questions-bombes” sont celles qui nous mettent mal à l’aise, nous surprennent, voire nous mettent sur la défensive. Pourtant, nous pouvons les transformer en “questions cadeaux” en les utilisant comme des tremplins pour oser un échange vulnérable, authentique de coeur à coeur.

Pour Maëlle Challan Belval, les questions des enfants et des adolescents sont toujours à prendre au sérieux et à traiter en respectant la dignité de l’enfant dans une démarche de “parent chercheur“. Des réponses sont abordées en lien avec les questions posées, mais ne donnent pas de détails crus et ne décrivent pas les actes sexuels.

3. Prévention (rendre les enfants et adolescents capables de demander et proposer de l’aide dans une optique solidaire et responsable)

Maëlle Challan Belval définit la prévention comme le fait d’aider les enfants et adolescents à se protéger, repérer des situations abusives, exercer leur responsabilité et demander de l’aide

Ce volet de la prévention est large et s’appuie lui-même sur trois socles complémentaires :

  • une estime de soi forte et saine
  • une intelligence émotionnelle élevée
  • la connaissance des lois (le corps et la vie des enfants et des adolescents est protégé par la loi et, les agresseurs utilisant des stratagèmes pour neutraliser les victimes comme les menaces, les flatteries, la connivence d’un “secret” ou encore une position d’autorité, il est indispensable que les jeunes connaissent les repères de la loi – au même titre que leurs limites personnelles).

Par ailleurs, nous pouvons devenir des adultes qui donnent envie aux jeunes de grandir.

Sans y prêter attention, nous portons parfois un regard triste ou désabusé sur le monde dans lequel nos enfants grandissent. Ce regard blesse nos enfants et les fait douter. Ils ont besoin que nous aimions avec eux le présent, que nous y voyions pour eux des opportunités, des signes de vie et de joie. – Maëlle Challan Belval

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Osez en parler ! – Savoir parler d’amour et de sexualité avec ses enfants de Maëlle Challan Belval (InterEditions) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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2. Parlez du porno à vos enfants avant qu’Internet ne le fasse

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Prendre conscience de l’impact des écrans sur l’éducation sexuelle et affective des enfants et adolescents

Dans leur livre Parlez du porno à vos enfants avant qu’Internet ne le fasse, Anne de Labouret et Christophe Butstraen rappellent avec vigueur les risques que les enfants tombent sur des images inappropriées en surfant sur internet. Ce livre ne se veut en aucun cas un manifeste moraliste anti-écran mais une boîte à outils pour accompagner les enfants et adolescents dans la découverte conjointe des écrans et des relations affectives et sexuelles.

Des nouvelles “normes” dévastatrices qui échappent souvent aux adultes

Anne de Labouret et Christophe Butstraen écrivent que la pornographie est devenue le premier éducateur des jeunes à la sexualité et que les parents sont très peu conscients de cette influence (à la fois dans sa dimension de diffusion comme la nouvelle norme à grande échelle et de violence des contenus disponibles à portée de clic).

Des actes profondément dégradants, violents (et parfois illégaux comme l’inceste ou le viol) sont largement répandues dans l’industrie du porno.

Les parents sont incroyablement peu au fait de ce que font et voient leurs enfants sur Internet. Si vous prévoyez de patienter jusqu’à ce que votre enfant ait 14 ou 15 ans pour lui parler de pornographie, il sera très (trop) tard. Les images qu’il aura visionnées auront déjà pris une belle place dans son imaginaire. Tous les enfants (ou presque) pensent que leur enfant n’est pas concerné et lorsqu’ils découvrent que leur enfant visionne des séquences ou des films X, tous regrettent de ne pas leur avoir parlé plus tôt. – Anne de Labouret et Christophe Butstraen

Les auteurs regrettent que non seulement la pornographie ait fait l’impasse sur la tendresse, les baisers, les caresses, les préliminaires, la contraception, les MST mais ait aussi banalisé des actes violents comme normaux dans la sexualité (à commencer par le fait de ne pas respecter le consentement). De plus, les corps exposés dans les films pornographiques présentent une vision déformée des corps (les femmes n’y ont jamais de poils, les hommes n’ont jamais de panne d’érection).

Anne de Labouret et Christophe Butstraen proposent des pistes pour parler sexualité et pornographie aux enfants et adolescents :

Des solutions techniques et informatiques mais pas que !

Au-delà des solutions techniques proposées par les auteurs (paramètres de connexion internet, paramètres de l’ordinateur, bloqueurs de pubs, moteurs de recherches sécurisés et dédiés aux enfants…), Anne de Labouret et Christophe Butstraen estiment que “si vous renoncez à parler de sexualité à votre enfant ou si vous évitez de répondre à ses questions, vous choisissez de le laisser se diriger vers les réponses qu’il trouvera seul (et facilement) sur le Net. Et vous le laissez se débrouiller, toujours seul, avec des images qui ne lui sont pas destinés.”

Des attitudes parentales aidantes

Les auteurs listent quelques attitudes parentales aidantes :

  • prévenir les enfants dès leurs premiers pas sur internet de ce qu’ils risquent d’y voir (Sur internet, il y a beaucoup de choses intéressantes mais aussi des images qui peuvent te choquer et qui ne sont pas destinées aux enfants. Tu vas peut-être voir des images de violence. Ou parfois des gens déshabillés qui font des choses ensemble que tu trouveras bizarres. Si cela arrive, tu n’y es pour rien et viens m’en parler”.)
  • en douceur, essayer de comprendre comment il est arrivé sur ce contenu, combien de fois cela s’est produit et ce qu’il a vu
  • en ce qui concerne les images déjà vues, expliquer que
    • il s’agit de films joués par des acteurs payés et réalisés avec des trucages
    • les parents et les adultes se font des câlins quand ils s’aiment mais les films trouvés sur internet n’ont rien à voir avec la réalité
    • ces images ne lui sont pas destinées et devraient être réservées à un public adulte
    • ces images nous mettent mal à l’aise et nous choquent nous aussi parce qu’elles ne reflètent pas ce qui se passe quand on s’aime parce que l’amour, c’est avant tout du respect
  • remercier l’enfant d’être venu parler de ce qu’il a vu

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Parlez du porno à vos enfants avant qu’Internet ne le fasse de Anne de Labouret et Christophe Butstraen (éditions Thierry Souccar) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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3. Tu seras un homme féministe mon fils : jouets, stéréotypes, consentement, sexualité… pour une éducation antisexiste

tu seras féministe mon fils manuel éducation antisexisteAurélia Blanc a organisé son livre autour de 5 parties :

  1. Échographie d’une grossesse
  2. Fille ou garçon ? Tous obsédés ?
  3. Vers une masculinité apaisée
  4. Dans le cœur (et le sexe) des hommes
  5. Des (futurs) hommes féministes

Ainsi, Aurélia Blanc regrette que certains adultes découragent les garçons d’avoir des intérêts dits féminins. Cela est dommageable pour deux raisons principales :

            • cela contribue à dévaloriser les “trucs de fille”, faisant le lit du mépris pour ce qui étiqueté comme féminin;
            • cela empêche les garçons de cultiver tout leur potentiel (parce que certaines activités sont découragées, voire interdites, sous prétexte que c’est pour les filles).

Aurélia Blanc propose quelques pistes pour revaloriser les jeux et jouets dits “féminins” auprès des garçons :

  • Arrêter de dire “c’est pour les filles”
  • Encourager les garçons à investir des univers dits féminins
  • Ne pas laisser les autres décider de ce que les enfants sont censés être.
  • Armer les enfants (et nous-mêmes) face aux remarques désobligeantes

L’autrice insiste beaucoup sur l’importance de reconnecter les garçons avec leurs émotions parce que de trop nombreux garçons sont soumis à des injonctions (plus ou moins formelles) les conduisant à réprimer leurs émotions dès leur plus tendre enfance. Elle nous invite donc à autoriser les garçons à pleurer. Les garçons sont plus nombreux que les filles à entendre des petites phrases du type “Arrête de pleurer”, “Mais non ce n’est rien”, ou pire, “T’es pas une fillette quand même” ou encore “Tu pleures comme une fille”.

Pourtant, autoriser les garçons à pleurer, c’est leur permettre d’être pleinement vivants, en lien avec toute la palette des émotions humaines et d’obtenir la sécurité de base dont ils ont besoin pour grandir. Réconforter un garçon qui pleure et faire preuve d’empathie envers lui lui donnera de la force sur le plan émotionnel. Les garçons qui résistent le mieux aux injonctions virilistes sont ceux qui ont un “socle affectif et psychique très fort”.

Aurélia Blanc aborde la question de la sexualité et notamment du consentement. J’y ai retrouvé des éléments développés dans d’autres ouvrages au sujet de l’éducation affective et sexuelle :

  • l’importance de répondre aux questions (pour ne pas laisser de tabous ou laisser YouTube voire YouPorn faire l’éducation sexuelle des jeunes),
  • utiliser des mots simples mais corrects (vulve, pénis par exemple),
  • dire la vérité sans passer par des histoires de choux ou de cigogne (en fonction de l’âge et des questions des enfants),
  • rester calme,
  • se saisir des gestes du quotidien pour nommer les différentes parties du corps,
  • parler aux garçons des menstruations féminines,
  • aborder la contraception (féminine et masculine).

Ainsi, cet ouvrage invite à ouvrir les perspectives des garçons en les libérant des stéréotypes mettant en avant la compétition, la domination, la répression émotionnelle ou encore la dévalorisation du féminin (ex : avoir des amies filles équivaudrait à être une “tapette” ou bien à vouloir les séduire, comme si les filles ne pouvaient pas être envisagées comme des êtres à part entière digne d’amitié inconditionnelle). Par exemple, Aurélia Blanc invite les parents à être plus inclusifs quand ils discutent avec leurs garçons (as-tu une amoureuse ou un amoureux ?). Les nombreuses références à des études sociologiques en font un ouvrage solide, à la fois théorique et pratique pour une éducation antisexiste.

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Tu seras un homme -féministe – mon fils ! de Aurélia Blanc (éditions Marabout) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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