5 livres pour enfants pour apprivoiser et accueillir la tristesse (les larmes sont des amies)

Ces livres sur la tristesse sont des pures merveilles entre intelligence émotionnelle et bienveillance. La tristesse n’est ni niée ni évitée dans aucun de ces albums jeunesse. Tout le monde a le droit d’être triste, et pleurer, ce n’est pas être faible. De plus, en tant que parents, nous comprenons mieux à quel point cela aide les enfants, filles comme garçons, d’être autorisés à pleurer et d’avoir le droit de manifester leur chagrin en cas de détresse émotionnelle. Ces livres pourront aider les enfants à accepter leurs émotions… et celles des autres.

A partir de 4 ans.

1.Je suis triste : accueillir la tristesse sans la nier ou la minimiser

J’ai aimé :

Ce livre met en scène un trio d’amis inattendu : un flamant rose, une petite fille et une patate. Le flamant rose se sent triste et en fait part à ses amis. Au lieu de lui répondre qu’il ne devrait pas être triste ou que ce n’est pas grave, la petite fille lui dit que cela arrive à tout le monde et qu’il a le droit d’être triste.

Les deux amis essayent malgré tout de remonter le moral du flamant rose mais ils se retrouvent bien embêtés : chacun propose ce qui lui remonte le moral mais cela ne correspond pas aux autres ! Malgré tout, Flamant Rose est encore triste. La petite fille répond alors que, parfois, ça fait du bien de se laisser le temps d’être triste et que c’est correct d’être triste.

Le livre se termine sur un échange entre la petite fille et le flamant rose :

Est-ce que tu es encore triste ?
Je suis encore un peu triste mais je me sens déjà mieux. Et je pense que c’est bien comme ça.

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Je suis triste de Michael Ian Black et Debbie Ridpath Ohi (éditions Les 400 Coups) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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2.Bienvenue Tristesse : apprivoiser la tristesse comme un animal

J’ai aimé :

Cet album est absolument sublime, tout en douceur et en poésie. J’ai beaucoup aimé ce livre parce qu’il invite réellement l’enfant à accueillir son émotion comme une amie de passage.

A aucun moment, il n’est mentionné de chasser la tristesse mais seulement de la laisser être. Cet album est une pépite de bienveillance, aussi bien dans le fond (le texte) que dans la forme (les illustrations). Le tout est épuré : aucun mot en trop, rien à ajouter ni à enlever, on frôle la perfection.

Un enfant est mis en scène et donne l’occasion de montrer comment apprivoiser la tristesse : peut-être lui donner un nom, lui demander ce dont elle a besoin, rester assis en silence ensemble, écouter de la musique ensemble, aller faire une promenade ensemble… “Peut-être que tout ce qu’elle veut c’est savoir qu’elle est la bienvenue”.

Les dernières pages exposent comment la tristesse peut partir, comme elle est venue… et que c’est OK comme ça.

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Bienvenue tristesse de Eva Eland (Les éditions des Eléphants). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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3.Les larmes : accueillir les pleurs comme des amis précieux

J’ai aimé :

Cet album met en scène des êtres vivants qui pleurent pour des raisons différentes : des petites peines, des grands chagrins, des larmes chaudes, des larmes silencieuses, des pleurs qu’on cache, des pleurs qu’on veut montrer…On y voit des enfants qui pleurent, tant des garçons que des filles, mais aussi des adultes et même des animaux.

La lumière est mise sur le droit de pleurer, sur les différentes manifestations que peut revêtir la tristesse et les bienfaits des larmes non censurées. Pleurer, ça fait du bien et les larmes sont précieuses car elles permettent de s’attirer des bras réconfortants, car elles font pousser le jardin intérieur et parce qu’on est prêt à retourner dans la vie une fois qu’on a versé toutes les larmes dont on avait besoin.

Cet album trouve toute sa place dans une démarche d’éducation émotionnelle et de parentalité bientraitante car les larmes sont précisément ce qui permet aux enfants de rétablir leur équilibre intérieur. Le texte et les illustrations montrent que chaque enfant a sa propre sensibilité: certains versent une larme ou deux quand d’autres ont besoin de plus de temps et d’expression démonstrative pour se remettre de leur frustration, d’une séparation ou d’une moquerie.

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Les larmes de Sibylle Delacroix (éditions Bayard) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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4.Mazette est trop sensible : réfléchir sur la valeur des émotions

J’ai aimé :

Cet album s’adresse aux jeunes enfants à partir de 3 ans. Son originalité réside dans le fait qu’il se lit à du début à la fin puis de la fin au début et ces deux lectures proposent une histoire différente :

du début à la fin : on y suit une petite fille qui est dite “trop” sensible, qui pleure facilement, qui manifeste ses émotions sans censure et qui est jugée, moquée pour cela;
de la fin au début : on suit la même fillette mais, cette fois-ci, elle estime que la meilleure solution pour se sentir bien est d’exprimer ses émotions et elle s‘autorise à pleurer : elle est sensible et c’est OK !

Les phrases sont ainsi construites que les mêmes mots servent d’un côté à décrire les pensées qui amènent à vouloir réprimer les émotions et, d’un autre côté, à déconstruire le discours sur la dévaluation des émotions.

Les enfants sont alors amenés à réfléchir sur la valeur des émotions :

est-ce que pleurer, c’est être faible ?
est-ce qu’il faut toujours se montrer fort de peur d’être moqué ?
pourquoi certaines personnes estiment que pleurer facilement n’est pas normal ?
qu’est-ce qui se passerait si on montrait toujours nos émotions comme on les vit (pas dans la peur d’être moqué) ?

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Mazette est trop sensible / Mazette est très sensible de Agnès Ledig (éditions Père Castor) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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5.Les grands garçons pleurent aussi : remettre en question la censure des pleurs

J’ai aimé :

Ce livre s’ouvre sur l’histoire d’un petit garçon dont c’est le premier jour dans une nouvelle école. Il a peur et son père ne sait pas quoi faire pour le rassurer. Il lui dit alors maladroitement : “Les grands garçons ne pleurent pas”. Le petit garçon décide de alors de ne pas pleurer mais on le voit dos courbé et désorienté.

Le long du chemin pour l’école, il croise plusieurs hommes adultes… qui pleurent. Le garçon est de plus en plus confus, lui qui croyait que les grands garçons ne pleuraient pas.

Le soir, en rentrant de l’école, le petit garçon retrouve son père les larmes aux yeux. Il lui demande alors pourquoi il pleure et ce dernier répond à son fils qu’il avait peur pour son premier jour à l’école. Finalement, les grands garçons pleurent bel et bien ! Et c’est très bien ainsi.

Ce livre permet d’aborder la question de l’acceptation des émotions et de remettre en question la censure des pleurs (chez les garçons mais pas que !). La subtilité réside dans le fait que l’histoire part d’une allégation du père crue par le fils puis que cette allégation est petit à petit remise en question à travers l’observation de la réalité.