Les conséquences psychotraumatiques de la violence : comprendre la mémoire traumatique
Quelles sont les conséquences psychotraumatiques de la violence ? Qu’est-ce que la mémoire traumatique ? Comment se met-elle en place ? Pourquoi est-ce un problème ? Comment résilier ?
Un enfant qui est exposé à des cris, des coups, mais aussi à des phrases culpabilisantes ou humiliantes va finir, du fait de sa mémoire traumatique, par réentendre les mots dégradants continuellement :”tu es nul”, “tu es un bon à rien”, “tu ne feras rien de ta vie”…
L’enfant restera colonisé par ces « phrases assassines » qui feront partie de lui à l’âge adulte et qu’il finira par penser. – Muriel Salmona (psychiatre)
Mémoire traumatique et lien avec la violence
C’est une mémoire émotionnelle non intégrée qui, au lien rappelant les violences et leurs contextes, les fera revivre à l’identique à l’enfant, avec les mêmes émotions (stress, peur, honte…) et les mêmes perceptions (douleur, colère du parent violent…), tandis que l’adulte violent revivra la scène violente de sa propre enfance, confronté à ses enfants maintenant (les coups et paroles subis, associés à une sensation d’être vulnérable et attaqué).
La mémoire traumatique dans la durée
Tous les contextes liés aux situations de violences sont susceptibles de déclencher la mémoire traumatique et de créer un état de stress et de tension intolérable chez l’enfant comme chez l’adulte. Pour y échapper, chacun développe ou impose autour de lui des stratégies d’évitement. Ces stratégies d’évitement et de contrôle ne sont pas toujours possibles ou suffisamment efficaces.
Anesthésier la mémoire traumatique
La personne traumatisée va alors anesthésier la mémoire traumatique. Cette anesthésie peut passer par de l’alcool, de la drogue, des conduites dites “dissociantes” amenant le circuit émotionnel à disjoncter à nouveau en provoquant un stress extrême, à travers des mises en danger, ou des violences exercées contre soi ou contre autrui. La personne (enfant, adolescent, adulte) cherche compulsivement, sans comprendre pourquoi il le fait, un état de stress le plus élevé possible.
Ne pas développer de mémoire traumatique
Parmi les personnes résilientes, un certain nombre n’a pas développé de mémoire traumatique, soit parce qu’elles ont pu moduler ou éteindre leur réponse émotionnelle et échapper à un survoltage, soit parce qu’un soutien de qualité (entourage) et une prise en charge spécialisée (professionnelle) ont été mis en place immédiatement.
Résilier ?
- Les “fausses” personnes résilientes : C’est au prix d’efforts énormes, de stratégies d’évitement et de contrôle épuisantes qu’elles donnent le change.
- Les “vraies” personnes résilientes : les personnes qui, ayant développé une mémoire traumatique, arrivent, au prix d’un travail psychique personnel acharné, à découvrir comment moduler et éteindre leur réponse émotionnelle à chaque fois qu’elle est déclenchée.
- Les conditions : informations sur le passé (avec des agresseurs qui reconnaissant la vérité); soutien de qualité et aide dans la recherche de vérité; soins psychothérapiques spécifiques pour « déminer » la mémoire traumatique en la transformant en mémoire autobiographique.
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Source : Châtiments corporels et violences éducatives : Pourquoi il faut les interdire en 20 questions réponses de Muriel Salmona (éditions Dunod).
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