Mon enfant est débordé par ses colères : comment réagir ?

Je vous propose un extrait de mon dernier livre paru aux éditions Hatier dont le titre est : 100 solutions pour rendre votre quotidien plus serein.

mon enfant fait coleres

Crédit illustration : Adejie

 

La colère a une fonction réparatrice et peut être considérée comme utile, sans pour autant éluder les comportements inadaptés (taper, insulter…). Un enfant se met en colère pour passer de la frustration à l’acceptation. Cela dure quelques minutes, plus longtemps si les adultes punissent l’enfant.

Raisonner en termes d’émotions

• Apprendre à reconnaître la perte de calme (chaleur aux joues, mâchoire serrée, souffle court) et conscientiser les sensations corporelles : « Où est-ce que ça chauffe ? Mets ta main dessus. » On peut décrire à l’enfant ce qu’on voit : « Je vois tes yeux se froncer. On dirait que la colère montre le bout de son nez. »

• Décrire et compatir : « Sam a fait ça et ça t’a énervé. C’est vrai que c’est enrageant ! Je crois que j’aurais aussi été énervée àà ta place. »

• Laisser l’enfant s’exprimer avec ses mots, puis les refléter : « Tu me trouves méchant parce que j’ai dit non. Alors tu es très fâché. »

• Décharger l’énergie : inventer une danse de la colère, dessiner la colère jusqu’à trouer la feuille, rugir comme un tigre, prendre l’air, malaxer de la pâte à modeler…

Lire aussi : 30 outils de retour au calme pour les enfants (colère, stress, hypersensibilité, anxiété)

Raisonner en termes de travail sur soi (adultes)

• Se doter de ressources pour accueillir les pertes de contrôle : crier dans un coussin, boire un verre d’eau fraîche, passer les mains sous l’eau tiède, se caresser les lèvres…

• Se demander ce qui est touché en soi alors que les colères enfantines sont parfaitement normales : une méconnaissance du développement et de la psychologie de l’enfant ? La peur d’être laxiste ? La peur que l’enfant soit inapte socialement ? La reproduction de ce qui a été subi enfant (la colère de l’enfant provoquant une envie de crier ou de taper irrépressible ou presque) ?

Pour aller plus loin : Pourquoi la violence s’auto alimente de générations en générations (les effets de la mémoire traumatique et des violences éducatives dites “ordinaires”)

Raisonner en termes de compétences

• Créer un baromètre de la colère : le vert signifie « ça va », le orange, « ça chauffe », et le rouge, « j’explose » ! L’enfant peut ainsi prévenir quand il passe du vert à l’orange, voire au rouge. Avec les plus grands, il est possible de nommer et évaluer l’émotion avec une note entre 1 (faible) et 10 (intense). Au-delà de 6, une technique de retour au calme peut être déclenchée.

• Diversifier les techniques de retour au calme : regarder un sablier s’écouler, humer une odeur agréable, faire rouler une balle de tennis sous le pied, demander un câlin, penser à un souvenir agréable, dire stop et s’éloigner…

• Proposer des alternatives aux enfants : « Si tu es déçu, tu peux me dire : Papa, je suis trop déçu. Je voulais tellement rester dormir chez mamie. »

• Anticiper les problèmes avec des scénarios : « Que ferais-tu si ton frère mangeait ta part de gâteau ? » ou avec des films et des livres. L’enfant peut formuler des hypothèses sur les émotions des personnages et sur ce qui les pousse à agir.

•  Trouver des solutions aux problèmes. Par exemple : « Quand je stresse, je peux faire une liste de choses à vérifier, mettre un minuteur pour ne pas être en retard, penser aux difficultés déjà surmontées et aux stratégies mises en place .»

• Clarifier nos attentes :
– Aux petits : « Tu peux demander un câlin quand tu es fâché. », « Regarde comment caresser le chat. » ;
– Aux moyens : « Plutôt que de crier, dis : Je ne voulais pas que tu touches mes affaires. Demande-moi avant. » ;
– Aux grands : « Je sais que tu connais la règle donc je me demande ce qui s’est passé. Il y a d’autres façons d’exprimer ta colère : lesquelles peux-tu imaginer ? »

• Transformer un geste agressif en jeu (jeu de bagarre, course poursuite…). Mieux vaut atténuer et réguler la colère que l’étouffer.

• Contenir un enfant est le dernier recours, en cas d’agressivité extrême ou d’impossibilité à s’isoler ou à trouver un espace où laisser libre cours au mouvement.

• Mentionner les exercices qui apaisent si besoin : « Tu te rappelles quand on a fait la respiration ? Est-ce que ça t’aiderait ? »

Raisonner en termes d’environnement

• Faire attention aux surcharges sensorielles (bruits, foule, tentations sucrées, chaleur, promiscuité, manque de mouvement…).

• Instaurer des rituels calmes : allumer des bougies le soir, mettre une musique d’ambiance au moment des devoirs, chuchoter dès que la routine du coucher est enclenchée, se masser mutuellement…

• Mettre des outils de retour au calme en libre accès : casque pour les oreilles, couverture pour se cacher…

• Anticiper les situations à risque, comme par exemple la fête foraine :
– raconter à l’enfant à quoi ressemblera la sortie (bonbons, manèges, musique) ;
– poser des questions sur sa réaction face à un refus ;
– établir des règles ensemble (nombre de tours de manège, somme maximale à dépenser) ;
– emmener des objets apaisants.

 

Dans cet ouvrage pratico-pratique, j’ai choisi 100 situations fréquentes du quotidien qui peuvent être sources de tension entre parents et enfants (entre 2 et 8 ans). J’ai regroupé ces situations en six chapitres :

• La vie quotidienne (repas, coucher, habillage…) ;
• Les refus, oppositions et l’agressivité des enfants (tape, mensonge, “caprice”, vol et tricherie…) ;
• La jalousie et la rivalité dans les fratries (aîné agressif, enfants veulent la même chose, arrivée d’un bébé, comparaison intrafratrie…);
L’école (apprentissages, devoirs, concentration, relation avec les camarades, stress…) ;
• Les crises et émotions qui posent des problèmes (colère, anxiété, timidité, sensibilité élevée…) ;
• Le coin des parents (épuisement, culpabilité, désaccords conjugaux, difficulté à appliquer les principes de la parentalité positive…).

Je creuse chaque défi quotidien à travers le prisme des causes et des motivations des comportements qui génèrent de la friction, au-delà de ce qui est donné à voir et à entendre. Ces 100 idées partagent la volonté de désengager les parents des luttes de pouvoir dans lesquels ils s’enferment parfois par mécompréhension du développement de l’enfant, de la psychologie et par manque de ressources alternatives. Chaque double page expose la situation et des pistes à explorer. Ces pistes s’appuient sur le concept de co-éducation émotionnelle que j’ai développé dans mon premier essai : raisonner en termes de besoins et d’émotions, de stades de développement de l’enfant, d’organisation (de la maison, de l’emploi du temps), de compétences manquantes chez les enfants, ou encore de travail sur soi et de droit à l’erreur. J’y partage également quelques astuces que j’ai testées quand ma fille était petite et qui nous ont rendu la vie plus facile. Ce livre vise l’instauration d’une dynamique relationnelle qui concilie les besoins des enfants et des parents car elle prend au sérieux tous les membres de la famille.

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100 solutions pour rendre votre quotidien plus serein de Caroline Jambon, illustrations de Adejie (éditions Hatier) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet. 

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